vendredi 11 mai 2012

Provinciale de Mai…

J’avoue ne pas être la dernière à subir la fascination de Paris…
Fascinée je le suis, par  la ville elle-même, la splendeur architecturale, l’ampleur des rues et l’infini des perspectives, la Seine et ses ponts …
J’aime le bruit du métro et son odeur  de suie chaude et de renfermé, les brasseries où l’on dîne et les bistrots où l’on cause…
Mais ce sont surtout les trésors qu’elle renferme qui me fascinent, Beaubourg, Orsay, l’Orangerie, le   Louvre le  musée de Cluny,  la fondation Cartier –Bresson, le Palais de Chaillot, tous lieux où la beauté des écrins architecturaux n’a d’ égale  que celle des œuvres qu’ils abritent.
Et aussi bien sûr,  ses lieux prestigieux de musique ; la Salle Gaveau , Pleyel, ou ceux que font vibrer le jazz et l’accordéon, le Petit Journal, le New Morning , le Sunset…
 Mais je rêve peut-être encore plus des petits bars qu’on me dit innombrables qui  musiquent le soir et la nuit  …
J’aime  ma province : Les villes que j’habite (Pau, Dax) ne sont pas particulièrement belles…les pierres du passé y sont pauvres, même si parfois le XXe  et le XIXe siècle y ont bâti des villas ou des hôtels que j’aime à voir. Mais leurs entours sont superbes : Pau a un balcon sur les Pyrénées (« La plus belle vue de terre, comme Naples est la plus belle vue de mer »)

 et Dax conduit à mon balcon sur la mer en traversant  de beaux paysages,   simples champs des collines , géométrie épurée des vignobles ,  humbles fougères en sous bois des grands pins ,  petits jardins sableux et pauvres des landes…Mes villes sont  des portes vers la splendeur des lointains pyrénéens et de l’infini de l’océan , trésors esthétiques sans prix …tout près Toulouse regorge des belles traces  de ses  passés multiples  et  Bordeaux de splendeurs architecturales…
Je reconnais qu’on voit dans ma province de belles œuvres picturales pour peu qu’on hante toutes les richesses disponibles « pas trop loin », que des musiciens remarquables et que nous aimons descendent parfois dans notre sud (ou parfois y sont nés)  et y descendraient davantage si l’opportunité leur en était donnée, qu’il s’y produit des événements culturels remarquables. Il y a des festivals, il y a des salles dont je ne louerais jamais assez le mérite … je pense à Marciac, je pense à Perpignan, à Oloron, à Junas…je pense à l’entreprise remarquable des musées d’Art Naïf du Gers ou du musée Lautrec d’Albi… mais j’ai parfois l’impression que ces richesses demeurent non reconnues, entachées de provincialisme en somme… 
Et depuis toujours, mais particulièrement ces cinq dernières années….j’ai l’impression qu’il y a deux…ou trois, France ! Paris et le désert français, ou Paris, les villes, et la province…
A Paris "on Monte"… "Il n’est bon bec que de Paris"… Paris est le passage obligé de toute consécration  artistique, de tout accès à la beauté de l’art et de la musique.
Pourquoi particulièrement ces cinq années ? Peut-être en raison de la personnalité de Nicolas Sarkozy et plus encore de celles de son équipe…J’en excepterais Juppé, dont les attaches bordelaises sont manifestement sensibles, qu’on rencontre à Bordeaux et croise  à Hossegor…et même Mam à Saint Jean-de- Luz…
Alors que Jacques Chirac et François Mitterrand connotaient un petit parfum provincial, bourgeois certes, marqué de collège jésuite,  mais terrien…Nicolas Sarkozy, malgré ses incessants voyages « de terrain », me semble appartenir à une autre planète.
Quant aux émissions télé, y fleurissent des « Salons » parisiens où l’on plaisante, discute, soupe même parfois,  entre « copains » : Le Grand journal et pire le Petit Journal du Grand Journal, fleurent bon l’air de Paris, enfin d’un certain Paris... Les Guignols y  raillent inlassablement le provincialisme de François Bayrou qui, ironie du sort, est pourtant homme de grande culture, et qui  a consacré  tant d’efforts à se départir de son accent du Béarn. Sur la 5, même C’est à Vous donne dans le même style d’un salon  qui n’est vraiment pas à Nous.. et voilà que le jeune magazine culturel Entrée Libre (intéressant parfois au demeurant),  quand il claironne : « Où étiez –vous à … ? » ne peut attendre en fait qu’une réponse : à Paname, et encore beaux quartiers, sauf une fois, merveille !   au festival Banlieues Bleues et ce soir autre merveille au Musée de Colmar !!!. Rares  sont les musées présentés qui s’aventurent hors les murs…Heureusement nous restent le cinéma et la littérature qui ne crèchent pas toujours au Quartier Latin !!!
D’ailleurs le cinéma va permettre bientôt au Tout Paris le grand exode vers la Côte d’ Azur, où Canal+ établira ses pénates, ses troupes, son humour, son Guignol…en prélude à la grande villégiature parisienne qui descendra vers le Sud pour l’été…
N’échappant pas moi-même à la fascination de Paris  je me trouve souvent  profondément irritée de cette impression que nous n’habitons pas la même France, les politiques, et nous, les gens du Showbiz, et nous, les gens de la Culture et nous…

 Alors jugez de mon plaisir dimanche 6 mai de voir François Hollande, élu, et accueillant la nouvelle dans sa bonne ville de Tulle, place de la cathédrale , et qui plus est, fêté à l’accordéon !!!...




...Un instrument des plus mal aimés quoique des plus français,  des plus riches en possibilités multiples,  des plus capables d’intégrations sociales diverses, ou d’adaptations  culturelles tous azimuts….

Un petit plaisir délicieux dans une plus grande joie !







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