dimanche 6 mai 2012

Concerts, le Temps et la Durée…



Nous sommes donc allés écouter Richard Galliano et le Big Band 31 à Limoux samedi soir…le concert était programmé en troisième  temps et nous avons dû attendre longtemps pour ce qui était le but de notre voyage.

Attente
Déjà  à 7 heures et demie, une petite attente dans la file déjà formée, puis trois quarts d’heure jusqu’au premier concert : annonce du concert… puis  Sale Steak Sextet… puis annonce du deuxième concert…Stéphane Guillaume  concert…puis entracte avec un soupçon de bulles de Limoux….puis le Big Band 31 !!!!23h !!! puis deux morceaux...puis  deux chansons de l’Invitée surprise …puis 23h 10 Richard !!!
Presque 4 heures d’attente, d’autant plus longues que dans le projet initial  s’étaient inscrites les petites, dont je craignais qu’elles ne s’impatientent et s’endorment comme c’est maintes fois arrivé dans le passé…



Le temps
Et je me disais que dans les concerts, (comme tous les projets d’ailleurs) intervenait une forte dimension temporelle, qui oriente  une perception du temps et de la durée…
« Temps et durée, comparez les deux notions… » Ô!  le souvenir des sujets de philo d’antan !
Les concerts,  sont d’abord des sortes de rendez-vous : repérage sur internet ou dans le courrier des amis , attente à l’ouverture des locations, repérage des lieux où se rendre, évaluation de la durée du trajet, repérage des dates,  des hôtels, tarifs , disponibilités, situation,  et... réservations….démarches! de réservation des places : coups de fil, courrier internet ….
Réécoute en boucle de ce qu’on va écouter, pour le plaisir de l’anticipation, à moins qu'on choisisse délibérément  les surprises du direct…

Le temps qui dure :
J’exagérerais de dire que ce temps d’attente DURE…même si c’est parfois le cas pour certaines de nos idoles dont la musique joue dans notre vie le rôle de sortes de pôles  d’émotions esthétiques  (allez ! encore un souvenir scolaire , un rôle de « Phare » ?)
Ainsi Richard Galliano, Marcel Azzola, Daniel Mille, Renaud Garcia Fons, Raul Barboza, David Venitucci, Paolo Fresu…
 D’ autres encore jalonnent notre calendrier,   dont le devenir musical nous intéresse parce que, d’entrée nous  avons pressenti une connivence profonde avec ce que nous aimons, ou un  talent qui pourrait s’épanouir et combler notre attente : Bruno Maurice, Philippe de Ezcurra, Jean-Luc Amestoy, Les Pulcinella, Tuur Florizoone, Manu Comté et les Soledad , le New Meeeting Quartet et Xavier Triviaux, Lionel Suarez, Vincent Peirani , Chango Spasiuk… Cette attente dure d’autant plus, que parfois leurs concerts se font rares, du moins près de chez nous…ou que leur chemin musical chemine plus ou moins facilement, plus ou mois régulièrement et parfois semble de perdre…
Mais bien sûr, il y a la vie qui distrait largement de l’attente!!! Il y a les autres projets , les autres affections, les autres musiques qui accrochent l’oreille ou le coeur, les univers culturels de Facebook et le flux de leurs échantillons alléchants…

Et puis il y a tous ces temps d’attente d’avant le concert :  faire la queue …s’efforcer d’être bien placés… s’asseoir… attendre encore … !

A Limoux ce « temps d’avant »  a offert nombre de délices ou d’enseignements :  les Rencontres..Nous aimons errer sur  les lieux où le concert se prépare : il y règne une atmosphère particulière,  mélange de tension et d’animation fiévreuse ou simplement active . Des phrases musicales s’y mêlent aux bruits des matériels que l’on installe , des voix qui s’organisent à mi-voix…
 A Limoux,  ce fut la rencontre avec R. Galliano, d’autant plus mirifique pour nous qu’on put lui présenter les Petites et qu’il nous présenta son petit fils Julien…puis la rencontre inattendue et amicale de Ferdinand Doumerc… son groupe endiablé et un  merveilleux premier morceau !
Puis, comme en contraste,  le jazz plein de légèreté du Stéphane Guillaume Quartet , demi -plaisir , demi-attention,  car notre esprit irrésistiblement demeurait dans l’ attente du concert suivant, celui avec lequel rendez-vous était pris… Je percevais  le poids du regard de Charlotte, qui comme nous sentait la présence   toute proche à l’entrée à notre droite  de Galliano, qui, ponctuel, dès l’heure prévue,  attendait lui aussi…Car d’ailleurs,  lui aussi, et les musiciens, attendent,  et attendent …avant de jouer …Et de quoi est faite pour eux cette attente ?...

Le temps qui file …

C’est le temps des « concerts  magiques ». Petit à petit, à mesure que se bâtit le concert pour nos yeux, nos oreilles et notre sensibilité,  pour nous le temps s’enfuit comme une eau qui coule entre les doigts. La richesse et la  variété même l’accélèrent : on attend la surprise mélodique du thème , et si la mélodie se disloque ou se noie dans les thèmes de chorus, on la cherche avec impatience, on savoure de la retrouver,  et tout à coup on craint que cela finisse…et puis  on sait que cela va finir. ..
Contribuent à ce temps emballé, le pouvoir d’entraînement des musiciens, la force de la mélodie qui crée attente et anticipation, et précipite le déroulement du récit. Y contribue aussi la composition des œuvres et du concert :  la variation dans les rythmes , les modalités , les mélodies,   multipliant  en quelque sorte les évènements sonores, accentue encore l’impression d’accélération du temps …

Le temps qui s'étire 
En revanche il y a des concerts, et plus généralement des musiques ,où le temps nous dure . Est-ce l’absence d’une mélodie qui ait puissance de récit, le manque  d’une sorte de tension dramatique , incitant  à désirer  la suite ?Est-ce le sentiment d’un simple jeu cérébral de virtuosités variables ? S’installe alors une sorte de mono-tonie au sens propre, l’impression d’une répétition à l’identique de « séquences » , qui finit par dénier le temps,  un retour en boucle sempiternel, l’attente dilatée  de quelque chose qui ne vient pas. Bref, on s’ennuie, on se dit : ça pourrait durer  encore et encore…
C’est le Rivage des Syrtes…
C’est bien connu, pour éviter l’angoisse de la fuite du temps ,  sachez créer l’Ennui !!!!…

Je crois que bien rares sont pour nous ces concerts-là. Tant nous n’allons que là où nous pousse notre papillonne passion. Quelques CD parfois, fruits insipides de notre curiosité musicale boulimique, ou quelques  expériences de concerts « Pour le Studium » (traduisez : Pour ne pas mourir idiots !)

Ce ne fut évidemment pas le cas ce samedi … !!!
On dirait presque hélas, vu l’espèce de vide vaguement cafardeux que laisse un « concert magique » qui finit...Un spleen passager que seul atténue l’espoir de se retrouver, qui ouvre nouveau projet et nouvelle attente…

Attentes
Je me rappelle une remarque de mon père, dans les années de se vie où il dut vivre seul…Quand nous nous quittions il venait souriant et triste,   nous accompagner  jusqu’au portail,  et disait : « On a bien passé ! » et après un temps, timidement :
« Quand nous  revoyons-nous ? »
Et comme un jour je lui disais : « Je ne sais pas trop, bientôt,  on verra ! » il me dit …avec un sourire plein de tendresse et de confusion à la fois :
« Dis le moi bien à l’avance, si tu peux, car ainsi j’ai plus de plaisir j’ai aussi tout le plaisir de l’attente … » Ce que j’essayai de faire dès lors…
 J’ai remarqué avec une grande émotion que nos petites posent la même question quand nous nous séparons, je constate aussi que cela aide bien à cette séparation !!!

Limoux c’est fini, mais il y bientôt Bruno avec Jacques Di Donato à Bordeaux, Daniel Mille , Vincent Peirani, Lionel Suarez, à Trentels… et…. Richard,  à Sanguinet le 21 juillet !!!…ouf !!!  Ainsi s’ouvrent des horizons d’attente qui nous distraient efficacement des ornières du chemin quotidien …

Je citerai librement, que Guillaume me le pardonne, Le Pont Mirabeau :
Le temps s’en va comme cette eau courante
Le temps s’en va
Comme la vie est Lente
Et comme l’espérance est violente...





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