Nous sommes donc allés écouter Richard Galliano et le Big
Band 31 à Limoux samedi soir…le concert était programmé en troisième temps et nous avons dû attendre longtemps
pour ce qui était le but de notre voyage.
Attente
Déjà à 7 heures et
demie, une petite attente dans la file déjà formée, puis trois quarts d’heure
jusqu’au premier concert : annonce du concert… puis Sale Steak Sextet… puis annonce du deuxième
concert…Stéphane Guillaume concert…puis
entracte avec un soupçon de bulles de Limoux….puis le Big Band 31 !!!!23h !!!
puis deux morceaux...puis deux chansons
de l’Invitée surprise …puis 23h 10 Richard !!!
Presque 4 heures d’attente, d’autant plus longues que dans
le projet initial s’étaient inscrites
les petites, dont je craignais qu’elles ne s’impatientent et s’endorment comme
c’est maintes fois arrivé dans le passé…
Le temps
Et je me disais que dans les concerts, (comme tous les
projets d’ailleurs) intervenait une forte dimension temporelle, qui
oriente une perception du temps et de la
durée…
« Temps et durée, comparez les deux notions… » Ô! le souvenir des sujets de philo d’antan !
Les concerts, sont
d’abord des sortes de rendez-vous : repérage sur internet ou dans le
courrier des amis , attente à l’ouverture des locations, repérage des lieux où
se rendre, évaluation de la durée du trajet, repérage des dates, des hôtels, tarifs , disponibilités,
situation, et... réservations….démarches! de réservation
des places : coups de fil, courrier internet ….
Réécoute en boucle de ce qu’on va écouter, pour le plaisir de l’anticipation, à moins qu'on choisisse délibérément les surprises du direct…
Réécoute en boucle de ce qu’on va écouter, pour le plaisir de l’anticipation, à moins qu'on choisisse délibérément les surprises du direct…
Le temps qui dure :
J’exagérerais de dire que ce temps d’attente DURE…même si
c’est parfois le cas pour certaines de nos idoles dont la musique joue dans
notre vie le rôle de sortes de pôles d’émotions
esthétiques (allez ! encore un
souvenir scolaire , un rôle de « Phare » ?)
Ainsi Richard Galliano, Marcel Azzola, Daniel Mille, Renaud
Garcia Fons, Raul Barboza, David Venitucci, Paolo Fresu…
D’ autres encore
jalonnent notre calendrier, dont le
devenir musical nous intéresse parce que, d’entrée nous avons pressenti une connivence profonde avec
ce que nous aimons, ou un talent qui
pourrait s’épanouir et combler notre attente : Bruno Maurice, Philippe de Ezcurra,
Jean-Luc Amestoy, Les Pulcinella, Tuur Florizoone, Manu Comté et les Soledad ,
le New Meeeting Quartet et Xavier Triviaux, Lionel Suarez, Vincent Peirani ,
Chango Spasiuk… Cette attente dure d’autant plus, que parfois leurs concerts se
font rares, du moins près de chez nous…ou que leur chemin musical chemine plus
ou moins facilement, plus ou mois régulièrement et parfois semble de perdre…
Mais bien sûr, il y a la vie qui distrait largement de
l’attente!!! Il y a les autres projets , les autres affections, les autres
musiques qui accrochent l’oreille ou le coeur, les univers culturels de
Facebook et le flux de leurs échantillons alléchants…
Et puis il y a tous ces temps d’attente d’avant le
concert : faire la queue
…s’efforcer d’être bien placés… s’asseoir… attendre encore … !
A Limoux ce « temps d’avant » a offert nombre de délices ou
d’enseignements : les Rencontres..Nous
aimons errer sur les lieux où le concert
se prépare : il y règne une atmosphère particulière, mélange de tension et d’animation fiévreuse
ou simplement active . Des phrases musicales s’y mêlent aux bruits des matériels
que l’on installe , des voix qui s’organisent à mi-voix…
A Limoux, ce fut la rencontre avec R. Galliano, d’autant
plus mirifique pour nous qu’on put lui présenter les Petites et qu’il nous
présenta son petit fils Julien…puis la rencontre inattendue et amicale de Ferdinand
Doumerc… son groupe endiablé et un
merveilleux premier morceau !
Puis, comme en contraste,
le jazz plein de légèreté du Stéphane Guillaume Quartet , demi -plaisir
, demi-attention, car notre esprit irrésistiblement
demeurait dans l’ attente du concert suivant, celui avec lequel rendez-vous était
pris… Je percevais le poids du regard de
Charlotte, qui comme nous sentait la présence toute proche à l’entrée à notre
droite de Galliano, qui, ponctuel, dès l’heure prévue, attendait lui aussi…Car d’ailleurs, lui aussi, et les musiciens, attendent, et attendent …avant de jouer …Et de quoi est
faite pour eux cette attente ?...
Le temps qui file …
C’est le temps des « concerts magiques ». Petit à petit, à mesure que
se bâtit le concert pour nos yeux, nos oreilles et notre sensibilité, pour nous le temps s’enfuit comme une eau qui coule
entre les doigts. La richesse et la variété
même l’accélèrent : on attend la surprise mélodique du thème , et si la
mélodie se disloque ou se noie dans les thèmes de chorus, on la cherche avec
impatience, on savoure de la retrouver,
et tout à coup on craint que cela finisse…et puis on sait que cela va finir. ..
Contribuent à ce temps emballé, le pouvoir d’entraînement
des musiciens, la force de la mélodie qui crée attente et anticipation, et
précipite le déroulement du récit. Y contribue aussi la composition des œuvres
et du concert : la variation dans
les rythmes , les modalités , les mélodies,
multipliant en quelque sorte les évènements sonores, accentue encore l’impression d’accélération du temps …
Le temps qui s'étire
En revanche il y a des concerts, et plus généralement des
musiques ,où le temps nous dure . Est-ce l’absence d’une mélodie qui ait puissance
de récit, le manque d’une sorte de
tension dramatique , incitant à
désirer la suite ?Est-ce le
sentiment d’un simple jeu cérébral de virtuosités variables ? S’installe alors
une sorte de mono-tonie au sens propre, l’impression d’une répétition à
l’identique de « séquences » , qui finit par dénier le temps, un retour en boucle sempiternel, l’attente
dilatée de quelque chose qui ne vient
pas. Bref, on s’ennuie, on se dit : ça pourrait durer encore et encore…
C’est le Rivage des Syrtes…
C’est bien connu, pour éviter l’angoisse de la fuite du
temps , sachez créer l’Ennui !!!!…
Je crois que bien rares sont pour nous ces concerts-là. Tant
nous n’allons que là où nous pousse notre papillonne passion. Quelques CD parfois,
fruits insipides de notre curiosité musicale boulimique, ou quelques expériences de concerts « Pour le
Studium » (traduisez : Pour ne pas mourir idiots !)
Ce ne fut évidemment pas le cas ce samedi … !!!
On dirait presque hélas, vu l’espèce de vide vaguement
cafardeux que laisse un « concert magique » qui finit...Un spleen passager que seul atténue l’espoir de se retrouver,
qui ouvre nouveau projet et nouvelle attente…
Attentes
Je me rappelle une remarque de mon père, dans les années de
se vie où il dut vivre seul…Quand nous nous quittions il venait souriant et
triste, nous accompagner jusqu’au portail, et disait : « On a bien
passé ! » et après un temps, timidement :
« Quand nous revoyons-nous ? »
Et comme un jour je lui disais : « Je ne sais
pas trop, bientôt, on verra ! »
il me dit …avec un sourire plein de tendresse et de confusion à la fois :
« Dis le moi bien à l’avance, si tu peux, car ainsi
j’ai plus de plaisir j’ai aussi tout le plaisir de l’attente … » Ce que
j’essayai de faire dès lors…
J’ai remarqué avec
une grande émotion que nos petites posent la même question quand nous nous séparons,
je constate aussi que cela aide bien à cette séparation !!!
Limoux c’est fini, mais il y bientôt Bruno avec Jacques Di
Donato à Bordeaux, Daniel Mille , Vincent Peirani, Lionel Suarez, à Trentels… et….
Richard, à Sanguinet le 21 juillet !!!…ouf !!! Ainsi s’ouvrent des horizons d’attente qui nous
distraient efficacement des ornières du chemin quotidien …
Je citerai librement,
que Guillaume me le pardonne, Le Pont Mirabeau :
Le temps s’en va comme
cette eau courante
Le temps s’en va
Comme la vie est Lente
Et comme l’espérance
est violente...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire