A ma mère….
Hier soir notre ami, et
accordéoniste, Florian Demonsant nous a invité
à une petite soirée « musette » dans un bistrot toulousain
fort sympathique , bien dénommé La
Loupiote , car comme vous pouvez en juger , il y règne une
atmosphère plutôt « obscure » que « claire » . Accompagné
d’un batteur de notre région, il nous a
donné un récital de musette, succession traditionnelle de marches, valses,
tangos, madison, chacha, java, paso doble, charleston, petit rock, avec petite
boucle de cercle circasien…sur lesquels des danseurs, plutôt jeunes mais pas
uniquement, ont fini par danser avec
spontanéité et un enthousiasme bon enfant …Le son Maugein, un vrai
talent de Florian dans le choix des registres et des rythmes, plus qu’un
soupçon d’humour, un batteur bien
accordé, ce fut un grand plaisir que d’entendre ce moment
« musette », partagé avec un public plein de gaîté et de convivialité…
Je n’ai pas osé me mêler aux danseurs même si les pas bien
connus me fourmillaient dans les jambes ….. Et bien davantage que dans les
quelques bals « trads » auxquels nous assistons parfois par hasard en
suivant un accordéon aimé, et bien mieux
que dans les cours de « danse béarnaises » auxquels je me suis inscrite
(…et désinscrite !) l’année dernière, je me réjouissais de retrouver là l’
atmosphère de mes bals de jeunesse .
Et le souvenir vif, délicieux
autant que nostalgique, m’en revint…
Quand j’étais adolescente,
j’allais souvent chez mon amie dans son village. C’est là que je pris goût à la
danse , c’est là que j’appris à danser ….
Danser c’était alors en petites « boums »
au Grenier, un local dont nous disposions, et surtout aux bals public de
Mugron…, ce joli bourg de Chalosse…
Puis vint l’âge de fêtes de Dax, l’âge
des merveilleux bals publics de quartier…Huit jours de fête ! A chaque
soir son quartier , à chaque soir un
bal…
J’avoue que je ne sais plus
exactement quels orchestres en
assuraient la musique, mais je sais parfaitement ce que nous dansions et combien
mon amie Eliane dansait à ravir, et combien nous motiva l’apprentissage de ces
danses :
Il y eut les pasos, les valses, les
tangos, puis vint le Chacha »en ligne » , en « carré » et
enfin le Rock…et le Slow !
L’avènement du Chacha et celui du
Rock fit reculer à l’arrière plan le Tango, la Valse (que j’aimais fort !) et surtout le Paso
(que nous adorions), qui prirent un petit air rétro, voire un petit parfum troisième
âge, que nous situions à l’époque aux
environs de 35 ans… !
Ce que je rappelle tout aussi
bien c’est la lutte menée « pour aller au bal ».
Mon père, qui ne dansait pas,
mais qui nous témoignait une indulgence à la mesure de la confiance qu’il
plaçait en nous, cédait facilement à notre désir. Mais ma mère toujours était inquiète de nous voir partir seules dans ce monde de
fête, négociait le nombre de permissions « à aller danser », les heures pour rentrer….
Et nous d’insister : aller à
la fête à jour passé ..? Non !
Rentrer à 11 heures, quand la
fête bat son plein ? Non !
Et de soudoyer des accompagnateurs complaisants, ma sœur aînée,hélas peu amateur de bals, ma grand mère encore assez jeune à l’époque, et en fait complaisante à tous ces élans festifs…
Et… ma mère elle-même !
Parce qu'elle préférait finalement
nous accompagner, s’asseoir dans tous les bistrots en buvant des cafés, que nous laisser aller seules parmi
tous les périls, et que nous, nous préférions finalement y aller ainsi accompagnées
que de ne pas y aller du tout…
Et ceci sous l’œil tendre et malicieux
de mon père qui lui disait :
« Qu’est-ce que tu penses empêcher ma Chérie ??? »
Et bien, ce soir je pense à toi,
Ma Mérotte, esseulée pendant que nous dansions, souriante, en dépit de la longueur du temps, à
ta table de bistrot, où parfois des danseurs vinrent t’inviter (quelle audace
hein ?), surveillant avec inquiétude
la guinche de ces filles, qui parfois passaient non loin d’elle, parfois
disparaissaient à sa vue…
Je me demande avec
émotion quelles pensées occupaient sa jolie tête pensive :
l’inquiétude que nous nous fassions « ravir » ? Le souvenir de
ses propres bals, car elle avait adoré danser, jusqu’à ce que mon père, ni
danseur ni musicien, l’enlève définitivement au monde de la guinche ? Ou
peut-être simplement le plaisir de la musique, des mélodies, du rythme des
danses connues, aimées, qui peut-être lui
mettaient fourmis dans les jambes? ...ou
celui de la foule animée et chaleureuse des danseurs…?
….Un petit air de musette ?
1 commentaire:
Un bel hommage à ta maman, Françoise... Et nous rêvons avec toi au bon vieux temps...
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