Pour Noël , Charlotte que j’avais il y a assez longtemps- souvenir bien lointain- emmené voir Casse Noisette, avait demandé en cadeau d’aller voir « un opéra »…
Notre choix s’est porté sur Rossini et le Barbier…
Vendredi soir, nous sommes donc grimpées, Charlotte, Nadja et moi, par l’escalier qui va s’étrécissant jusqu’à l’Amphithéâtre du Capitole pour assister à la représentation, en italien , sous titrée, des aventures du joyeux barbier, de la naïve et tendre Rosina, de son vieux barbon de tuteur, de Basile, entrepreneur en calomnies et du hautain et fougueux Comte Almaviva.
Et haut perchées, bien placées au centre sur l’étroite banquette, nous avons goûté au plaisir délicieux de revivre des soirées d’autrefois, au temps où Nadja était toute jeune étudiante, et moi une encore jeune femme, et de la revivre cette fois avec notre Charlotte.
La musique de Rossini est vraiment d’une allégresse, et d’une merveilleuse folie ! Entendre l’ouverture monter en son naturel dans les hauteurs du théâtre, peluche et dorures, puis voir s’ouvrir les lourds rideaux , les décors glisser sur la scène sur leurs rails, s’ouvrir, se fermer, comme dans un livre d’enfant dit « animé »,
et les petits personnages de commedia del arte (ou d’Opéra Buffo, je n’en sais pas assez pour le dire !) s’animer sur un rythme endiablé , colorés, dans leurs costumes traditionnels , quand la lumière projetée ne les transforment pas en ombres chinoises…La chaleur qui monte de plus en plus jusqu’aux plafonds à fresques…et nous « déloque » des vestes, vestons, et châles !
Quel plaisir léger et joyeux ! Pétillant, comme la coupe de champagne qu’on s’offre au foyer pendant l’entracte où l’on croise un « fan » qui nous fait partager son enthousiasme.
Jolis jeux de scène, déguisements, tromperies, ruses, précautions inutiles, ironie de la vie, un soupçon d’absurdité des choses.
Belle machinerie de décors, belle langue, belles voix, Figaro, la comtesse, Bertha, airs fameux attendus et qui de quelques jours ne nous quitteront pas, Piano pianissimo…Figaro ci Figaro là.. la belle chanson d’amour du comte, son duo avec Figaro pour ourdir la machinerie, et bien sûr la Calomnie !!!
Je ne suis pas connaisseur en voix, et je me contente d’en goûter la clarté, la vibration, l’allégresse, mais j’aime toujours à l’opéra entendre fuser les applaudissements aux morceaux de bravoure ou de virtuosité…au fond rien de plus codé que les applaudissements, finalement pas si spontanés qu’on pourrait le penser : applaudir au bon moment relève du signe d’appartenance à une « mélomanie » spécifique…
Bien sûr je ne retrouve pas comme dans la pièce de Beaumarchais, dans ce Figaro d’opéra, l’insolente dérision où la révolte à venir pointe un peu le nez, ni la fêlure sensible de l’angoisse d’aimer chez Rosine, prompte à douter et à désespérer, que le Mariage de Figaro mettra brillamment en scène, ni non plus la jalousie exacerbée de Bartolo et sa douleur d’amour…tout est emporté par l’Alegria de la musique… dans la machinerie des décors, les déplacements dansés des personnages, la fantaisie de la mise scène …
C’est bien ainsi que j’imagine la commedia del arte…la gravité ne vient qu’après, lorsqu’on sort d’en rire…
Charlotte ravie , sa mère et sa Mamou ravies aussi, et ravies qu’elle soit ravie !!!!
J’ai retrouvé un enregistrement du Barbier que Nadja, justement m’avait offert. Je ne sais pas quel est son renom au royaume des fous de Bel Canto, mais je m’en fais un petit régal d’entracte entre sessions d’accordéon….
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