mardi 15 février 2011

Cultures-cuisine

J’avoue être exaspérée actuellement par l’omniprésence culino- gustative sur toutes les chaînes de télévision…

Il fait dire que « faire à manger » tient dans la vie une place que je trouverais excessive si je ne le faisais avec un certain goût, le goût de manger moi-même des choses faites à ma guise, et le goût de faire plaisir aux autres, d’entendre « Ca sent bon , qu’est-ce qu’on mange ??? dès la porte franchie…

Mais quand même, quand « faire à manger » est précédé de la prévision, de l’approvisionnement, et suivi du nettoyage de la cuisine, oh! la plaque de cuisson, oh !! le carrelage, oh !!! l’évier…c’est beaucoup, si ce n’est pas trop !!!

Alors, justement programmés à l’heure du avant ou du après, « Un diner presque parfait » , « Master chief » ou « Top chef »( c’est déjà mieux !) « Fourchette et sac à dos » (au moins on voit du pays et une bien jolie fille devant son sac à dos)…ou…ou… M’AGACENT je l’avoue, par leur côté glose (=cause toujours !!!) pendant que moi je FAIS
Il n’est pas jusqu’à ARTE , « C’est dans l’air » , ou « C’est à vous », qui ne nous mettent le couvert ….
 Je n’aime pas la sophistication des plats proposés (un dîner presque parfait), le souci non de marier des saveurs qui aillent ensemble, mais plutôt de surprendre par des assemblages étonnants, qui d’ailleurs étonnent les autres convives qui ne se privent pas de le dire…Même si finalement ils attribuent, je ne comprends pas pourquoi, une bonne note aux plats concernés…
Et voilà bien encore un sujet d’agacement. Moi qui ai rêvé d’une école sans note et sans « compét » , où faire les choses sinon par plaisir, du moins par intérêt, ou souci d’apprentissage…la cuisine en challenge , en compétition, en comparaison permanente me semble contraire au principe de convivialité qui s’associe pour moi aux repas partagés…Il est vrai que pour la convivialité, allons allons , on a… l’Animation !!! Qui pèse d’un bon poids sur la note attribuée,… et le Décor de table… !.
Pour être honnête, la cuisine de "C’est à Vous" est plus simple, semble réalisable, et se déguste dans une vraie convivialité dont on peut simplement regretter que les convives aient du mal à la goûter avec la bouche pleine de mots, sous l’œil goguenard de la caméra…
Et ce que j’y apprécie réellement c’est que le chargé ou la chargée de cuisine y soient vus en train de cuisiner, se tenant à ses cuissons, remuant ses plats, surveillant…
Et cela me rappelle ma Mérotte …Je la revois, ayant mis en train quelque cuisson, s’échappant pour annoter un cours, ou corriger une copie sur le coin de la table de la salle à manger, ou pour aller grignoter une pomme au jardin… revenant pour découvrir le désastre de sa poêle prise , jetant avec colère le tout à la poubelle sans chercher à rien récupérer…et s’écriant : « La cuisine, il faut s’y tenir, on ne peut rien faire d’autre! il faut s’y tenir… !»
Comme même chose m’arrive fréquemment, je souris de dire à peu près les mêmes mots, je pense à ma mère, et je me dis qu’il y a une sorte de « culture » de la cuisine, acquise dans l’enfance puis construite au long des années…

Il y a les plats appris bien sûr, la piperade de Grand mère, la crêpe aux pommes de ma mère, le foie gras.. (d’oie, surtout !!! ma fille,) la sancquette de poulet cuite à la poêle noire ; les plats rituels, le gigot de mouton (pas d’agneau !) avec ses haricots à la Saint Sylvestre, et les crêpes de la Chandeleur, la daube et le confit des Fêtes de Dax…
Il y a aussi des manières de concevoir les repas .

« On prend toujours les repas à table » !!
Ma grand mère même âgée dressait toujours un couvert soigné : « Pas de casserole sur la table, le fromage dans son papier !!!!Non ! »
« Il faut quelque chose de chaud pour toucher l’estomac »…
« Ta sœur n’aime pas cela, je ferai un peu de… pour elle …Il faut tenir compte du goût de chacun »
Et des légumes bien sûr, des légumes !
Ce n’est pas que mes parents n’aimaient pas la viande. Ma grand mère ne l’aimait que blanche, de porc ou de poulet, ou en sauce. En réaction, pour ma mère et mes parents, après des années de petit budget, puis les privations de la guerre , la viande, rouge en particulier, ou les confits, et le poisson, représentaient le luxe «sur lequel on ne lésine pas » .
Mais les légumes, c’était leur passion, ceux du pays de mon père charentais, mongettes, et cardons , ceux du pays maternel, tomates découvertes à Béziers, piments doux ou pas du pays basque, salades cultivées au jardin dont certaines me fascinaient, la chicorée amère (dite améliorée, mais pas tellement) qu’il fallait tailler en fines lamelles et bien assaisonner pour pallier son amertume, et la « reine des glaces », une laitue craquante, hivernale et fraîche comme gel, les blettes de pays, les asperges qui poussaient dans les allées du jardin, et bien d’autres légumes aujourd’hui banals…

Une façon aussi de cuisiner..Ma mère avait un énorme livre rouge, qui laissait s’échapper quand on voulait l’ouvrir nombre de petits papiers écrits de sa main où elle avait noté d’autres recettes. Ou plus souvent des améliorations de la recette imprimée.
Car elle ne faisait jamais la moindre recette sans l’adapter, « je m’arrange » disait-elle. Elle goûtait pour évaluer et rectifier sauces et assaisonnements, comme mon grand père reniflait la soupe pour savoir si elle était convenablement salée. D’elle j’ai hérité cette manière « d’adapter », et avec le temps je vois que ma Nadja qui en riait souvent, en prend à son tour le pli…

Et bien sûr nous avons hérité d’eux le goût des repas pris en famille, à table, du bordeaux, des légumes frais, de saison, bien sûr !!!
Nous avons pris quelques licences , un repas sauté de temps en temps pour aller au concert ou à la plage, un bon sandwich ou un grignotage à sa guise devant la télé…mais dès qu’on est ensemble, avec amis ou enfants, passer à table, humer en prélude l’odeur de la cuisine qui s’apprête, font partie du rituel..…


Tous à table !




Peut-être est-on un peu laxiste pour les desserts. D’abord je suis petite pâtissière (il faut peser, on ne peut pas faire au feeling et réajuster en goûtant…), je ne raffole pas des sucreries, bref, c’est le point faible. Encore que les autres y suppléent en achetant ou préparant selon leur inspiration douceurs diverses…



C'est la fête à Dax
 














Telle est donc notre manière de traiter du cuit et du cru et si l’on peut dire de cultiver notre cuisine…
Peut-on caractériser les cultures à l’aune des « manières de cuisiner » ?
En ce cas, avec notre culture des légumes à éplucher et des repas simples mais qui prennent du temps , où l’on trouve bien les goûts des produits , souvent juteux, mais un peu dépourvus de sauces élaborées, égarés que nous sommes entre les raffinements des « Diners presque parfaits « et l’exotisme « rapid’ » de Messieurs MacDo et Pizzaiolos….je nous sens un peu Hurons ….au pays des Gastronomes…


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