lundi 30 mai 2011

Le féminisme de ma mère…

Ma mère était née en 1909 Elle aurait plus de cent ans aujourd’hui…Ce constat, en m’inclinant à la résignation, adoucit un peu l’inguérissable blessure de sa perte.

Car depuis bon nombre d’années, elle n’aurait pas pu vivre selon son goût …Elle était folle de voyages et aimait aussi nombre d’activités « mulièbres » mais pas seulement : cuisiner, coudre, tricoter, mais aussi son métier d’enseignante , et lire, faire de l’anglais, soigner ses chats et sa chienne, ses tourterelles, mais aussi les enfants en difficultés scolaires, les adultes en manque d’alphabétisation …Son physique robuste et épanoui, dans lequel nous voulions voir l’assurance de sa pérennité, masquait en fait une santé fragile, et ses dernières années l’obligèrent à réduire cette ardeur à vivre , ce qu’elle nous fit la grâce de supporter sans s’en plaindre . Une certaine propension à la contemplation, du jardin, des animaux, de nos activités, l’y aida sans doute et peut-être un véritable altruisme…mais la fin du « voyager » lui fut sans doute bien dur…

Ce goût du voyage que peut-être elle tint de sa mère , petite cousette de sandales basque, qui profita autant qu’elle le put de l’avantage d’être devenue femme de « cheminot » pour s’en aller par monts et par vaux courir la France partout où il y avait une gare…

C’est peut-être d’elle aussi qu’elle hérita ce féminisme « ordinaire » sans bas bleus ni manifs, qui teintait sa vision du monde : « être autonome », « avoir un métier » « faire des études » ce fut le credo de l’éducation qu’elle nous donna. Sa prolo de mère avait tenu , contre l’avis de son père qui aurait trouvé bien adapté à son talent en couture, et à leur condition modeste, qu’elle se « mette » couturière, sa mère donc, avait tenu à l’envoyer dans le Lycée de Jeunes Filles de Bordeaux, où elle côtoya plus de « jeunes filles rangées » de la bourgeoisie, que de filles cheminots et de cousettes. Puis de là, puisqu’elle obtint fort bien son baccalauréat, à la faculté des Lettres pour faire une Licence d’histoire …qu’elle n’acheva pas, ayant rencontré mon père, l’amour, la maternité, le nécessité de gagner sa vie…

Elle garda de cette expérience un intérêt militant pour la condition féminine, qu’ elle admire ces femmes de son temps, les Coco Chanel ou les Colette, ou que ce souci soit toujours présent dans son métier, qu’elle fasse lire à ses élèves les œuvres de Colette ou plus tard de Simone de Beauvoir, ou fasse des cours « d’hygiène » à ses classes de fins d’études, qu’elle apprenne à lire et à écrire à ses femmes de ménage, ou aux femmes des viticulteurs, mères de ses élèves …ou qu’elle bataillât âprement avec nous pour nous convaincre de ne pas nous marier et avoir des enfants trop tôt , que nous fassions nos études,  que nous accomplissions ce potentiel intellectuel qu’elle croyait voir en nous, qu’elle estimait , à tort je crois, plus intelligentes qu’elle , à l’instar de notre père qui incarna toujours pour elle l’Intelligence .



Car c’était là la limite de son féminisme et de son indépendance. Elle aimait mon père d’un amour passionné, exclusif et jaloux, et vouait à ses qualités intellectuelles une admiration sans réserve. Elle nous aimait fort, ma sœur et moi, mais lui était la « grande affaire de sa vie », et sans lui tous les voyages , toutes les activités du monde n’auraient rien valu à ses yeux…Elle préservait jalousement sa vie, son travail, sa tranquillité, sa santé, et ses petites phrases ont bercé notre enfance : « Ne dérangez pas Payou, il travaille », ou « Ne tracassez pas votre père avec ça » Elle tirait soigneusement sur son travail sacré la porte de son bureau, tandis qu’elle s’installait pour corriger ses copies ou annoter ses préparations sur un coin de table de la salle à manger déjà mise pour le repas, dont elle surveillait la cuisson, s’interrompant parfois brusquement, courant aux fourneaux, criant au poulet qui avait pris un coup de feu ou aux haricots attachés au fond du faitout de fonte…
« La cuisine, toujours je le dis, je le dis, il faut s’y tenir !!! »

Je crois pourtant qu’elle fut une remarquable et audacieuse pédagogue, qui sut réfléchir tout en tournant ses sauces, et trouver des manières de s’adapter avec une intelligente simplicité aux différents publics qu’elle eut en charge… Et des publics elle en eut beaucoup de divers, et de pas toujours simples à gérer, par les avatars de la vie, de la guerre, de leurs nominations successives…




Cette année, ta cactée est encore bien belle...



lundi 23 mai 2011

Tous mes élèves.

J’ai eu des élèves de 6ème …Ceux-là, j’ai peine à les reconnaître dans les adultes qu’ils sont devenus. Certains ont disparu et quand je l’ai appris, j’ai encore une fois éprouvé ce douloureux sentiment de l’absurdité, de l’anomalie parfois scandaleuse des choses de la vie .
Certains me font encore parfois la grâce de me reconnaître et de se manifester, et c’est déjà grand plaisir, voire de rappeler des souvenirs heureux et positifs vécus ensemble…et c’est un plus grand plaisir encore…

Et puis il y eu pas mal de lycéens. Ceux-là, je les reconnais : pas toujours leur nom, mais la plupart du temps leur prénom, leur visage et leurs yeux me sont familiers, et je me souviens même de leur manière de parler, de se manifester en classe, ou parfois d’écrire et de travailler.
Eux aussi me font la grâce de rappeler le travail que nous avons fait ensemble. Et me parlent de leur devenir…

Et puis il y a eu tous ces élèves maîtres ou professeur d’école, jeunes adultes avec qui j’ai partagé heures de travail, enthousiasmes, projets et réussites, mais aussi parfois difficultés de mise en pratique, déceptions ou échecs…tous sont devenus des collègues, certains sont devenus des copains, quelques-uns des amis.
Ils me font parfois la grâce de m’appeler avec un petit sourire « leur mère en pédagogie » ou comme Annie Christine « ma maman du français »…

Et il y a eu des stagiaires enfin, parfois de mon âge, parfois même plus âgés. Avec eux, des échanges animés parfois âpres, souvent passionnés, sur la langue, la littérature, la pédagogie, des partages de savoir et de convictions renouvelés sans cesse…

Des cours avec eux tous, et des stages de formation continuée je garde le souvenir d’un mélange de stress, de travail intense, et de plaisir …et peut-être par-dessus tout le sentiment de quelque chose de vivant et de joyeux…
A l’instar de ces appréciations de bilan qui m’allèrent au cœur entre toutes :
« Résultat de la formation ? On ne sait pas ce qu’il adviendra si on réussira le concours ou si on aura de meilleurs résultats dans notre enseignement, mais en tout cas on aura bien travaillé et on se sera bien amusés, on aura été heureux ensemble…. »

Et dire que ces stages de formation continuée ont été quasiment rayés de la formation pour raison ….???

L’autre jour j’ai croisé une très jolie jeune femme qui fut de mes élèves. Nous avons parlé, du passé, du présent, de l’avenir de l’école, du lien qui demeurait entre nous en particulier par ces fiches « jetées sur la toile » à leur intention qu’ils utilisent et dont ils discutent dit-elle …
et de cette rencontre je suis sortie toute ravigotée !!!



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jeudi 19 mai 2011

Accordéon, le chant du Mal-aimé

Hier nous avons rencontré deux collègues et amis…
« Pluie, beau temps et autres choses diverses :
-Que faites-vous ce soir ?
-Nous allons écouter le concert d’un copain…Philippe
- A Odos, il joue en solo Bach, Ravel, D’Astier…
- En solo de quoi ?
- A l’accordéon ? (un temps, un sourire, une incrédulité) du Bach à l’accordéon ?
Et nous d’expliquer qu’il existe beaucoup d’accordéons de concert et d’accordéonistes qui jouent du «classique » …
-Remarquez Yvette Horner, (rires) ….patati patata …elle était extraordinaire … »

P . est un collègue avec qui j’ai partagé jadis beaucoup de convictions pédagogiques, bien des affinités culturelles, et plus, des convictions éducatives et philosophiques …
Nous essayons de décrire, d’expliquer …mais je sens bien que c’est peine perdue.
Sa compagne C. , femme discrète et adorable, finit par placer un petit aveu confus :
-Moi, j’aime assez …

Je sors alors mon atout Cœur :
- Quand on écoute Galliano, on prend bien conscience de la diversité et de la beauté du son…
Alors, Elle :
-Mais oui , Galliano !!!! Galliano quand même, c’est très bien…

Sésame ouvre-toi !!!

Merci Richard, comme tu as dû en baver…

P. ne dit rien. Peut-être,( comment est-ce possible ?)Peut-être ne connaît-il pas Richard Galliano ? J’espère qu’il ne confond pas avec l’autre, le John !
J’abandonne la partie, je ne veux pas gâcher le souvenir de tant de temps de connivences …et nous voilà repartis sur des terrains plus communs, joyeux et un poil nostalgiques…

Mais bien sûr Madame Cyclopède a du grain à moudre…
Je m’interroge encore une fois sur cet ostracisme qui frappe l’ instrument « mal-aimé » :

Est-ce le son de l’accordéon ?
Cette qualité de sonorité capable de toucher physiquement, de susciter parfois l’émotion à fleur de nerfs, à fleur de peau, à fleur de coeur .
« Ça lui entre dans la peau…. »

Ou bien la capacité qu’il offre de produire de la virtuosité, un déluge d’ornements, de vibrer jusqu’à la stridence… ? Effectivement parfois insupportable ?
Mais bien d’autres instruments, le violon, tzigane par exemple, la trompette, la flûte, et la clarinette, même l’intello piano, peuvent produire ces délires sonores qui, selon qui en joue, peuvent agacer les nerfs ou au contraire chanter les transports de l’esprit et des sens…

Est-ce alors parce qu’il est « gens du voyage », bagage à bretelles d’un nomade de la musique, vagabond un peu magicien, un peu inquiétant…parce qu’il est de tout pays en gardant au cœur le souvenir de ses racines.

Ou alors parce qu’il est un adepte de la transgression, des églises luthériennes aux bordels de Buenos Aires…des campagnes argentines aux faubourgs porteños…trimballant tour à tour nostalgie et révolte, folie et désespoir de l’amour , douceur et mélancolie de la tendresse…

Ou alors au contraire, est-il trop marqué, trop enraciné « France profonde » , bruyères corréziennes, balloche rurale, ou bien prolo de chez prolo, java de Paname, et bal musette…rital de chez Renaud dansant aux guinguettes… ???

Ou bien chanson française bon teint, lisse, chromé, étincelant, dents blanches, sourire Pascal Sevrant…

Bien sûr il est tout cela mais il est aussi un instrument aux registres multiples, un orgue portatif, un instrument qui respire comme le vent sur la mer…

En plus il est de bonne compagnie , un bon camarade qui aime s’accorder joliment avec les cordes, le violoncelle, les violons et la contrebasse, s’enlacer aux guitares, et aux mandolines, dialoguer avec le saxo, la trompette, et le piano , jouer les contrastes avec le trombone, un compagnon qui adore batterie et percus, et excelle à introduire de la continuité dans le jeu des xylophones et de l’organ Hammond ….

Il peut se souvenir de la baloche, des bruyères, de la fisarmica italienne , du tango d’argentine, du foro brésilien, des plaines russes, mais il peut être tout à fait autre…

Certains alors tentent de lui confier Couperin, Bach , Chopin, Satie, Tchaïkovski, Shubert…

D’autres tentent de rompre les racines, de jouer Berio, Cavanna, Frank Bedrossian …

D’autres enfin tentent tout !
Pour qu’il soit tout à fait le même et tout à fait un autre…ils ont tenté de faire du New , du Novo, avec du Déjà là , parce qu’en fait, c’est toujours la Musique et que de la Musique avec cet instrument là, on peut en faire si on l’aime comme un vrai Musicien, de la belle, de la bonne, de la qui rend heureux et apaise les labeurs…

Je crois qu’ils ont réussi !

dimanche 15 mai 2011

Un concert: Philippe de Ezcurra à Odos

Donc vendredi 6 mai, concert solo de Philippe à Odos

Michel a déjà tout dit fort bien et je vous invite à aller le lire, du concert de Philippe, que ce soit de ce que nous apprécions de ses qualités d’interprétation, de son rapport à la musique, de l’amicale relation qui nous unit.

« Qu'il s'agisse de transcriptions, d'arrangements ou d'interprétation, on est toujours frappé par la finesse et la rigueur de son travail. Je dis bien travail, car sa carrière se développe, telle que nous la percevons, comme l'œuvre d'un artisan d'art. J'apprécie particulièrement la lecture qu'il donne des œuvres qu'il s'approprie pour notre plus grand plaisir »….

...Tout dit de l’accueil remarquablement courtois et agréable de l’Association Di Arrezo en la petite église d’Odos , voûte en berceau, peinte de bleu "céruléen" avec étoiles dorées , murs clairs peints en beige sur lesquels se détachent quelques belles boiseries sombres et des anges dorés, nappe d’hôtel brodée de fleurs et d’épis de blé…

Depuis, puisque le concert présentait le disque et son programme, je n’ai cessé de l’écouter en boucle à ma manière d’écoute habituelle…

J’ajouterai donc seulement à ce qu’a dit Michel une petite mention de ce que j’ai pour ma part particulièrement aimé :
Le registre choisi pour Bach, tout en finesse, et complexité dans les plans sonores, sans effets d’orgue, la Toccata, Corrente, cette Sarabande qui quoi que connote couramment son nom, est majestueuse et lente, la Gigue délicieuse et enlevée
De Kusjakov, j’ai aimé qu’il corresponde à une certaine image, peut-être stéréotypée, que je me fais de la musique russe, contrastée, avec des emportements frénétiques dont le Presto est un remarquable exemple : quelle virtuosité, Philippe, quelle précision, quelle belle sonorité …
J’ai adoré A. Astier : connotation personnelle encore : un petit parfum musique française de l’entre-deux guerres, mélodie en forme de valse lente( ?), pleine de vivacité, parfois des envolées allègres, toujours une teinte de mélancolie en mineur…
Quant à Ravel l’accordéon donne un son nouveau à ce menuet,  un peu solennel un peu ralenti…

Plus généralement, ce concert délicieux m’a donné l’occasion de réfléchir une fois encore à ce qui pour moi en tout cas compose le plaisir d’un concert :
-bien sûr, la qualité de la musique d’abord, qui est l’essence même de ce moment
Mais dans le concert, la musique ne peut s’abstraire du contexte complexe dans lequel elle s’insère et qui sert ou nuance sa qualité.
-Il y a le cadre où le concert a lieu : l’autre soir, l’intimité chaude de cette église naïve semblait inviter à l’écoute.

-L’amitié ou l’admiration que nous éprouvons pour l’interprète n’est pas étrangère non plus à la qualité du plaisir ressenti.
Nous nous trouvons par ce rapport personnel comme impliqué dans la réussite de la réalisation, ému personnellement de cette réussite.
Ce rapport établit une sorte de communication, le sentiment qu’il joue un peu pour nous et que réciproquement peut-être il ressent notre écoute.
On se moque souvent mais peu nous chaut de notre désir de nous placer au plus près de la scène. Certes le son y est peut-être moins bon qu’au quatrième rang (? )Mais l’impression de présence et de communication directe par le langage de la musique est plus intense, et c’est ce que nous recherchons aussi… pour ne rien dire des regards parfois surpris et échangés qui sont petits bonheurs précieux de l’échange musical…

-Il y a les autres auditeurs, les gens qui nous entourent et partagent –ou non !!- le plaisir de l’écoute : leurs attentes ou leurs réactions positives ou chaleureuses comptent beaucoup dans le plaisir du concert…
Partager multiplie sans partage !

Pour partager le plaisir d’écouter Philippe, allez sur :



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samedi 14 mai 2011

La Strada de Richard Galliano …

Il fallait bien sans doute que l’ Homme à la Fisarmonica Magique croise un jour la Strada de Nino Rota, et fasse chanter sa musique…
Un quintet de rêve, Dave Douglas, trompette, John Surman, sax et clarinette, Boris Kozlov, double bass, Clarence Penn,drums et percussions et RICHARD GALLIANO, accordéon, accordina …et…trombone !!!!

Et c’est chose faite !!! et sans doute bien faite !
Plus qu’ à chercher nous aussi un lieu où avoir la chance de les écouter, et à prendre" l’autostrada", ou un plus modeste chemin, pour aller au rendez-vous …
En attendant, un disque, en Octobre sans doute,
et, tout de suite un aperçu apéritif sur le site gingapromotion.com :
http://gingaproduction.com/nino_rota/player/nino_rota.html

L’occasion d’ailleurs, de découvrir  ce site fort intéressant sur les tournées de R.G.
J’ y ai trouvé pour ma part quelques « trésors » :
Un libertango éblouissant en vidéo…
Une photo superbe de Jean –Marc Phillips Varjabedian..
Quelque extraits audios, pour moi inédits, de Bartok et G. Fauré
Une valse à Margaux attendrissante et belle avec Sébastien Surel en un duo remarquable de complicité …
Le trio de Mare Nostrum vu des coulisses…
Des textes de présentation pleins d’intérêt, et bien d’autres choses encore que je vous laisse à découvrir…



samedi 7 mai 2011

D’un jardin l’autre , grammaire encore …

 
En lisant mon texte, Michel, mon philosophe bistrotier :
-Oui . oui… intéressant, c’est intello…(de sa part , je prends ça pour un éloge)
Mais pour les acacias alors ? Pour Hossegor, ce n’est pas les mêmes structures
On dit plutôt :
-« Ça y est ! L’acacia est fleuri !
-Tiens les giroflées ont bonne allure…les hortensias manquent d’eau…
- L’herbe n’est pas très verte …
- Cette plante que tu aimes, dont tu dis qu’elle ressemble à de l’oranger (et qui prospère naturellement), et que tu t’es obstinée garder !!! Tu as raison elle embaume … »

Et de nous interroger…pour être différentes, les structures sont-elles néanmoins révélatrices ?

A Hossegor le jardin est bien différent. La terre y est sableuse et acide, pauvre et perméable …du fait de nos principes -et de notre « standing » -, nous « refusons! » l’arrosage automatique coûteux en eau et en euros dont sont dotés certains jardins alentour, de même que nous tâchons de privilégier la végétation sinon «naturelle », du moins proche de celle qui pousse en forêt, et sur les abords de la dune…

Notre jardin a dû aussi se relever de la « ruine » du chantier désastreux des transformations d’’agrandissement que nous avons faites, à grands soucis, pour en faire notre maison de famille et de vacances…

 
La tempête Klaus, heureusement, l’a pratiquement épargné. Deux arbousiers abattus, puis quelques séquelles, en particulier la prolifération des insectes dévoreurs de pin, qui s’ensuivirent, ont entamé un peu le grand pin devant la maison…nous nous estimons bien privilégiés.
Mais la crainte ressentie lorsque nous étions loin et interdits d’accès fut grande …

De ces divers avatars nous demeurons marqués. Aussi, il faut l’avouer, nous y arrivons toujours avec un sentiment d’impatience et d’anxiété mêlées

Pour toutes ces raisons et parce que (hélas ? heureusement ???) nous n’y habitons pas en permanence, nos structures relèvent en fait plutôt de ce que nous qualifierons après délibération de « présents de découverte assortis de leurs imparfaits de concordance » avec "introducteurs" de l’ordre de : « Ca y est !, Tiens ! Té !!! »

Exemples : « L’herbe, ça va… l’arbousier il est là ! Les chênes lièges mettent leur joli feuillage, ils étaient si roux ! Ils n’étaient donc pas malades ! Les giroflées étaient prises finalement…l Les lauriers roses ne sont pas si mal !
Pour l’heure, le futur est plutôt négatif : « On n’aura jamais une vraie pelouse ! La toiture terrasse ne sera jamais étanche ! On ne trouvera rien pour ce bord de mur ! »



Mais j’espère bien employer souvent à l’avenir ma structure favorite :

« Les lauriers roses ont fini par pousser en haie », « On a fini par trouver un joli bouquet pour ce pied de mur », « Le petit pin des filles finit par ressembler à un vrai pin !!! »…












Au fond, depuis longtemps, les poètes l’ont découvert bien avant nous....

Le végétal est pour nous symbolique, il suit la couleur, non !!! la grammaire de nos pensées..


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vendredi 6 mai 2011

La grammaire de mon jardin…


Un de mes plaisirs de jardin est d' aller le long des « massifs »si l’on peut appeler ainsi les fouillis de fleurs bordant les allées, et la pelouse, si l’on peut appeler ainsi l’herbe rustique qui nous sert de gazon, pour surveiller l’évolution des plantes . C'est aussi mon premier travail, avant d'ouvrir la maison ou de sortir nos bagages,  lorsque nous revenons après un temps d'absence.
 Je constatais ainsi l’autre jour que cette occupation est scandée de structures rituelles ou bien décline le paradigme de la conjugaison

La structure la plus fréquente dans ma bouche décline la conjugaison du verbe finir : nous avons fini ….elle/il/ ils/ elles/ on/ a/ont fini par …
Exemple :La glycine est belle, elle finit par ressembler à une vraie glycine….La glycine a fini par grimper presque jusqu’au sommet du bouleau, ou bien J’ai fini par avoir des pivoines …Malgré le peu de soleil à cet endroit, finira-t-on par avoir des iris ? L’olivier finira-t-il par prendre un peu d’envergure ?


Mon autre phénomène grammatical est l’emploi des différents futurs
Cette fois, nous aurons peut-être du houx pour Noël
Y aura-t-il des prunes cette année ?
L’orage va flétrir l' azalée blanche…













Le chèvrefeuille va envahir le jasmin…
Il va falloir planter les oignons de jacinthes…
Que vais-je mettre dans ce coin pour l’été ? Le printemps y est si beau… mais l’été, avec l’ombre du prunier, il n’y aura rien de joli contre le mur…
D’autres, plus poètes et fameux que moi, conjuguèrent plutôt dans leur jardin le passé composé …voire le plus que parfait :
« La rose qui ce matin avait déclose, n’a point perdu cette vesprée les plis de sa robe pourprée »


Je me dis que ce n’est pas un hasard…La grammaire donne le sens aux phrases et les phrases révèlent notre représentation personnelle du temps …cette structure finir par exprime pour moi le sens du jardinage. Pour moi, loin des plantes préfabriquées que l’on ne fait que replanter telles quelles, c’est l’attente qui préside à la poussée des plantes, et la patience qui fait les jardins…
Bien sûr je cède comme tout un chacun aux sirènes de la jardinerie….elles aident à sortir de l’hiver, à tromper la sécheresse de l’été par l’importation des plantes toute venues, qui sont comme de beaux bouquets magiques et d’un coup transfigurent un coin de jardin.
Mais ce n’est qu’artifice agréable, la vraie satisfaction du jardinage, ce sont ces plantes qui « ont fini » par venir, se plaire, s’implanter, et s’épanouir, la réponse à l’attente du jardinier, la récompense de sa patience…
Quant au futur …( à vrai dire je ne fais que décliner l’éternel stéréotype des poètes) il signifie bien que les plantes sont inscrites dans le devenir de l’histoire et dans le temps . Qu’il promette ou qu’il menace, il y faut le temps

Et pour être honnête je ne suis pas mécontente de prendre conscience de mon futur récurrent, comme d’un signe d’optimisme, étonnant pour l’ angoissée que je suis. Je le préfère (toute révérence gardée) aux passés composés de Ronsard et à la splendeur poétique de ses roses fanées…

« Et les fruits passeront la promesse des fleurs … »
Peut-être …car futur simple ou futur immédiat le futur sera aléatoire ou ne sera pas !…






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dimanche 1 mai 2011

Galliano à Pau, quatrième…et fin!!!

Réponses , absolument subjectives aux questions d'hier…

Oui,  nous étions –placés- au Paradis…ou presque, à l’avant dernier rang du balcon…

Mais il fait reconnaître que l’on y voyait bien, que le son m’a paru excellent, et l’environnement "aimable".

Des gens d’âge et de look divers, et dernière nous toute une rangée de lycéens , dont nous avons appris plus tard qu’il s’agissait d’une classe de première du lycée de Nay. Et les souvenirs heureux du passé me sont venus à l’esprit : jeune prof de première et terminale, à Nay justement, ainsi j’amenai mes élèves au théâtre et au concert…

Et ce soir encore, ils m’ont rendu heureuse, persuadée que je suis qu’aujourd’hui comme autrefois, leur petit baromètre du plaisir d’écouter est en phase avec le mien et en tout cas riche d’enseignement:

E Chabrier :Habanera pour orchestre écoute attentive, applaudissements convaincus
A. Piazzolla : Concerto pour bandonéon et orchestre, écoute sérieuse, applaudissements serrés
A . Piazzolla : Oblivion , émotion perceptible , applaudissements crépitants
A. Marquez : Danzon n°2, écoute vibrante, applaudissements enthousiastes avec bruits
R. Galliano : Poème symphonique sur le nom de Claude Nougaro, écoute de plus en plus tendue , puis applaudissements fournis ….
R. Galliano solo : Habanerando, écoute avec commentaires d’admiration, forts applaudissements avec cris de satisfaction.
R . Galliano : medley époustouflant de valses Galliano, écoute avec commentaires réitérés « Génial, génial ce mec , génial », applaudissements vibrants avec manifestations d’enthousiasme…
R; Galliano solo, la javanaise,accompagenements fredonnés et délire sur les applaudissements

Je note qu’ils ne s’embarrassent pas de différencier instruments « nobles », ceux de l’orchestre ou le bandonéon, et l’accordéon, et embrassent dans le même enthousiasme les interprétations fougueuses et virtuoses de l’orchestre et de l’accordéoniste, et semblent partager l’émotion profonde de Piazzolla et de Habanerando…
C’est encourageant , surtout quand on entend dans l’escalier en partant le commentaire en forme de stéréotype parfait d’un monsieur bien mis pas vieux mais pas jeune : « Oui il joue très bien, mais l’accordéon je n’aime pas, le bandonéon, oui, encore…. »

Autres réponses aux questions posées hier :
- Accordéon ou bandonéon ?

Les deux, et dans cette salle, (ou cette fois ?) le bandonéon de RG m’a paru extrêmement beau, ne le cédant en rien à l’accordéon, je ne distinguerai plus moi non plus le plaisir de l’un du plaisir de l’autre …
Je donnerai juste une mention spéciale de plaisir à L’Oblivion de ce soir au bandonéon, à l’Habanerando à l’accordéon.


Simplement leur choix m’a paru servir les contrastes très forts entre les pièces festives de l’orchestre seul (Danzon et les danses de Ginastera) et la coloration plus nostalgique et recueillie du programme Galliano : le concerto de Piazzolla , à l’habituelle résonnance tragique que je lui trouve, mais aussi la douce et douloureuse tonalité d’Oblivion. Les créations de Galliano elles-mêmes s’inscrivaient, me semble-t-il, dans un registre plus mélancolique que d’habitude : l’hommage à Claude Nougaro, le merveilleux et mélodique Habanerando, que seule vint égayer la virtuosité entraînante des valses …
Entre les deux tonalités, je placerai avec une autre mention spéciale  Danzon, (demandant comme nos lycéens une référence pour la réécouter)…un remarquable rythme dansant certes, qui nous entraîne, mais en même temps, une mélodie très belle qui n’est pas dépourvue d’une certaine mélancolie…

Et peut-être une dernière impression, encore plus subjective que les autres !!! :
Que chacun des deux héros de la soirée, Fayçal Karoui et Richard Galliano, cherchaient à prouver quelque chose.
Peut-être finalement la même chose, que la musique peut sortir des étiquettes et des préjugés qui la figent, qu’ils concernent les genres ou les instruments… ?




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