dimanche 20 novembre 2011

Il faut que les fenêtres soient ouvertes ou fermées…

Variation sur un proverbe…








Dis moi comment tu ouvres tes fenêtres, et je te dirai…qui tu es !


Par exemple il y a la fille aînée des voisins d’en face. Ils ne sont pas là, elle est seule à la maison. Elle a ouvert les petits volets d’une fenêtre du haut, sa chambre ?Ouverts, poussés , pas fixés, battront au vent s’il y en a…au rez- de- chaussée une seule fenêtre ouverte…mal ouverte d'ailleurs...

Quand c’est sa mère qui est là… : pas de volets ouverts en haut ou une seule fenêtre …moitié ouverte…?
Volets du séjour, grand ouverts. Pas ceux de la pièce du coin droit…le bureau de monsieur sans doute ?

Quand c’est son père, tout est ouvert, nickel, volets bien ouverts , fixés.!!!

La maison voisine, c'est celle de Robert. C'est un peu notre ami, assez souvent  il nous invite à aller l'écouter jouer de l'accordéon...Parfois les doigts de sa main droite refusent  le doigté , alors il secoue la tête d'un air désolé, et puis en change !!! Nous admirons sa jeunesse de 90 automnes et un peu plus.  Il ouvre bien régulièrement les fenêtres de sa très grande maison, où il vit maintenant tout seul. Le matin , nous sommes contents quand ces fenêtres s'ouvrent et guettons inquiets quand elles ne s'ouvrent pas. Parfois le soir, elles restent longtemps ouvertes, sans que s'allume la lumière de son salon. Mais on a tort de s'inquiéter, il est comme moi , il aime voir la nuit tomber...



Il y a encore la maison de ma sœur, notre maison d’enfance, que ma mère avait voulu pleine de lumière et donc de fenêtres, au sud sur la façade principale, à l’ouest pour le soleil du soir, à l’est pour celui du matin .
A la mort de mes parents, ma sœur a décidé de venir y vivre. Souvent elle m’étonnait. Je l’admirais, car alors qu’elle vivait seule, les soirs d’été, elle laissait tous les volets et fenêtres ouverts. Elle aimait voir le soir tomber et s’allumer les unes après les autres, les fenêtres des voisins dans la nuit. Leur présence l’accompagnait.
-Peur ? Non pourquoi ? De quoi aurais-je peur ?

Mais il y eut l’arrivée du Chat ! Et les fenêtres se fermèrent. S’il allait s’échapper, ce filou, ce « nâtre » ! Les fenêtres... Pas les volets, toutefois..

Puis le Chat s’habitua à la maison, ou ma sœur à sa présence, et elle lui laissa champ libre et fenêtres ouvertes, et l’on put à nouveau goûter le soleil du jour et le déclin de la lumière du soir.

Mais survinrent les rumeurs, de vols, d’agression, de jour, de nuit, propriétaires présents ou propriétaires absents… et se fermèrent fenêtres et volets, de jour, de nuit. Les fenêtres quand nous étions à la maison, les volets dès que nous sortions !

Il y a le cas de mon beau père ! Leur grande maison aux nombreuses portes-fenêtres à volets de bois. Tant qu’ils y vécurent avec ma belle mère la question de fenêtres occupa tous leurs débuts de soirées, lui les fermant dès sept heures l’été, et quatre heures l’hiver, « pour que ce soit fait » et elle récriminant, se plaignant de cet enferment prématuré et « pas normal » ! Le matin en revanche, dès six heures, été comme hiver, il ouvrait, « pour que ce soit fait » avec un soin systématique, toutes les pièces une à une, rabattant à grand bruit les volets contre la façade….Les voisins protestaient mais en vain … « Faut quand même bien qu’on les ouvre !!! »

Plus tard, obligé à la solitude, sa femme étant en maison de retraite, il put en toute liberté, « pour que ce soit fait » tout clore dès 4 heures l’après midi quelle que soit la saison…et tout déclore avant l’aube…



Et il y a nous…
Ce que j’aime depuis toujours, et avec obstination, c’est profiter de la lumière du jour jusqu'au dernier moment… en revanche, je vous l’avoue, peu me chaut d’assister à la naissance de l’aube et à l’arrivée de l’aurore « aux doigts de rose… »


Nous ne fermons donc que la nuit tombée…
Et encore que j’aime l’été voir la nuit, sentir les odeurs qui s’exhalent mieux une fois la nuit tombée, la glycine, le prunier, le chèvrefeuille, et le jasmin…
Michel demande avec un soupçon d’ironie : « Fait-il assez nuit, ou y a-t-il encore une lueur ? » » Dois-je te laisser ouverte la fenêtre de ton bureau, ou puis-je la fermer ? » Mais il se plie avec gentillesse et patience à cette exigence vitale (!!!) de lumière et d’été…


En contrepartie, c’est moi qui le matin ouvre les fenêtres dans un ordre bien établi qui me permet de m’éveiller et de constater fenêtre par fenêtre, la vie du jardin et celle du quartier...Et lui permet de descendre dans une maison ouverte au jour…

Mais voilà que, est ce la venue de l’hiver, ou un certain ramollissement de l’âge, voilà que ce serait presque moi ces jours-ci, qui, dépitée de voir la nuit tomber si tôt, si vite, si sombre, entreprends parfois de fermer les volets, de les refermer sur l’épaisseur du soir …

Pourtant autrefois j’aimais bien, plus jeune, arriver le matin dans la nuit et entrer dans le lycée tout bruissant des bruits des voix, de la chaleur des lumières ; j’aimais les soirs d’hiver, voir la ville s’éclairer, surtout aux approches de Noël, et, venant du crépuscule des rues, entrer dans les lumières dorées et chaudes des magasins …
Espérons, avec Noël peut-être ?

Comme quoi, je vous le dis,  la question des fenêtres, est une grande question métaphysique…



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