dimanche 3 juin 2018

THOMAS LELEU, un Concert de Poche, à Montardon

C'était à Montardon , mardi soir 29 Mai: Les Concerts de Poche et le Lycée Agricole de Montardon  organisaient une soirée avec Thomas LELEU et la pianiste Magali ALBERTINI,  et cette fois ce n’était pas seulement « Tuba’s French touch » mais aussi « L’Ame russe du tuba », avec la promesse de Tchaïkovski, Rachmaninov…


 Ma découverte du tuba, les  « Passeurs » de Musique
Comme je n’ai pas de culture musicale structurée telle qu’essaie d’en organiser l’Ecole pour la littérature, j’ai foi, pour accéder à la musique que j’aime, dans les « passeurs » de musique…
 (D’ailleurs, à vrai dire, pour tout chemin culturel !)
J’aime cette notion qui inclut l’idée de « passer, transmettre », et aussi l’idée de passage d’une musique à l’autre (chanson, jazz, classique, chants du Monde…)  Avec peut-être en filigrane, une idée de transgression de la rigidité des  codes… Celle aussi de rencontres et de réseaux.
Et nos  musiciens d’élection sont souvent pour nous des « Passeurs ».
Dans le cas du tuba, même si j’ai toujours aimé sa sonorité en contexte de fête, en particulier dans un groupe modeste au nom poétique, que nous aimions particulièrement, Les « Troublamours » , le Passeur pour le tuba , ce fut  , comme souvent, Richard Galliano !

En 2014, Il compose ses Fables of Tuba et obtient une récompense aux Victoires de la Musique, comme Thomas Leleu avait obtenu  celle de « Révélation comme soliste instrumental de l’année ». J’y discernai un projet à la Galliano, promouvoir cet instrument de « clique » vers d’autres horizons musicaux. 
J’ai donc suivi ces Victoires de la musique 2014 jusqu’à leur fin tardive, qui n’offrit pour Richard qu’une citation louangeuse, mais  sans aucune illustration musicale.
Bref on est fan ou on ne l’est pas, on est curieux ou on ne l’est pas, je me suis précipitée sur l’achat du CD pour écouter l’œuvre et son interprétation par Thomas !
Et bien sûr j’en ai aimé la découverte !
Depuis youtube… oui ! Et un grand  désir d’une écoute en live, mais peste soit de notre belle région ! Tous les concerts programmés étaient  loin !
ET c’est par hasard qu’en allant écouter Emile Parisien et Vincent Peirani près de Pau, dans une salle assez récente (L’espace Chambon)   j’ai découvert l’affiche des concerts de poche dans le Hall…
Pas question de manquer le venue de TH.Leleu à Pau , j’ai déplacé un rendez - vous médical pour ma sœur , et nous sommes rentrés en toute hâte de Dax où nous avait appelés ce RV et… Michel et moi, étions à Montardon  à l’heure dite !

Un concert insolite :
 « Concert de poche », comme on le sait, entreprise méritoire pour faire écouter aux jeunes des régions,  et au public local, de « grands » interprètes de « grandes » œuvres.
Un concert  musicalement fort  beau, par la qualité des interprètes, Thomas Leleu donc , et Magali Albertini au piano,  et des choix de programme à la fois « classiques », « contemporains » et je pense « populaires »  . Chopin , Rachmaninov , Chostakovitch, et des auteurs de moi inconnus, mais  tous  délibérément « mélodieux » Des œuvres choisies avec pertinence  pour servir le jeu raffiné au piano de Magali Albertini, et –merveille !- en direct , le son du tuba remarquablement nuancé de Thomas Leleu…

Mais un concert insolite désormais, pour nous !
Comme un retour au passé (j’ai tant accompagné de groupes au théâtre et aux concerts) et  de ce fait  chargé d’émotion et de tension à la fois.
Dans une salle surchauffée, au milieu de tant de jeunes lycéens, spectateurs à l’attention réelle mais désordonnée,  à l’enthousiasme ignorant des codes de concert, explosif mais sincère, chaleureux non sans  discernement…


 Des découvertes et des rencontres
Des œuvres que je découvre absolument, une étude de concert d’Alexandre Geodicke et  un Chant du Ménestrel( Alexander Glazunoov) qui m’a particulièrement touchée .
Des rencontres  d’œuvres que j’aime déjà : le Nocturne 2 de Chopin , des extraits du Lac des cygnes que  j’aime que voulez –vous, toujours et encore !Scène, La danse napolitaine, la danse espagnole..

Mais plus encore Rachmaninov !
Je ne sais comment, adolescente, j’ai découvert et aimé pour toujours  le  concerto n°2; et voilà –rencontre !- qu’ Alexandre Tharaud l’enregistre en 2016 et nous parle de manière émouvante  dans le livret de son CD de ce 2ème concerto « chef d’œuvre absolu », de sa place dans la vie de Rachmaninov, et, peut-être dans la sienne propre, ainsi que  de son choix de la Mélodie et de la  Vocalise, et d’une voix la chantant…
 Comme cela convient bien au gout déclaré de Thomas Leleu pour le lyrisme et la mélodie… et c’est son tuba qui chante cette vocalise !!!

Décidément donc  j’aime le tuba…dépourvue de lexique technique,  je ne peux que le dire avec mes mots de tous les jours ! je l’aime  toujours, par ses graves profonds et parfois comme une touche  humour festif,  et le tuba  de Thomas en particulier,   pour la richesse extraordinaire de ses nuances : son  agilité légère et superbe dans l’aigu, sa profondeur émouvante et sa rondeur mélodique dans les graves …

Merci aux concerts de poche de nous avoir permis de l’entendre.
Grand merci pour cette entreprise militante de mettre l’itinérance au service de la Musique…
Merci au lycée agricole d’avoir organisé cette rencontre !

Merci à Thomas Leleu et Magali Albertini de se prêter à cette itinérance par amour de la musique !

Merci à Thomas Leleu pour Sa musique !!!

Et aussi pour notre  rencontre à l’issue du concert et pour la chaleur des quelques mots échangés …


Nous sommes toujours sensibles à ces courts moments d’échanges accordés par les musiciens après les concerts,   malgré leur fatigue et leur tension. Pour nous, ces moments « signent » en  quelque sorte le partage  précieux et unique de leur musique que nous venons de vivre…

dimanche 27 mai 2018

Mérotte et la mer



Ma mère n’aimait pas les bains de mer…ni se mettre en maillot, ni la plage , ni le sable qui colle aux pieds , ni s’asseoir par terre qui est si malcommode …


Sans doute aimait-elle la Mer pour son spectacle, pour les connotations poétiques qui lui sont attachées et  qui chantaient en Elle par toutes les « poésies » qu’elle avait apprises au cours de sa propre scolarité, et celles qu’elle sut choisir pour ses élèves  à qui elle tâchait de faire aimer la musique de notre langue. Elle gardait en mémoire nombre de ces poèmes et aimait à les réciter, parfois à les chanter, de sa voix qu’elle avait belle et juste…

Pourtant elle consentait à nous accompagner au bord de la mer, à Hossegor certains après-midis d’été : mon père sortait son auto, car lui aimait la mer,et lui aimait conduire…
De ces après-midis de plage je garde un souvenir à la fois tendre  et amusé, car il est vrai que c’était un moment désiré, agréable et délicieux, mais aussi chargé de frustrations : trop tard, on partait trop tard, il fallait attendre que la digestion fût terminée pour se mettre à l’eau ; et l’on rentrait trop tôt pour  dîner à l’heure ! seule compensation : quand ils eurent un peu plus d’aisance financière, on s’arrêtait avant de partir d’Hossegor manger des huitres chez Lamouliate, délice qui a forgé mon goût irrémédiable pour cette chair résistante, froide,  humide, et salée .
Ce goût- là nous le partagions ma mère et moi, mon père et ma sœur ne faisaient que nous accompagner du bout des lèvres !
Sans doute ce mélange de bonheur et de frustration a-t-il produit mon attachement profond à la mer. Sa simple présence vient parfois à  me manquer les mois d’hiver. Et  je la  recherche, maintenant que nous allons presque tout l’été au bord de la mer, à maintes reprises de la journée : Tous, je les fais sourire :«Je vais voir la mer » « Je n’ai pas encore vu la mer ! » « Il faut que j’aille voir la mer » « Je vais voir le coucher du soleil »
(Rite païen dont je constate que je  le partage avec bien des gens assez différents qui se rassemble sur la jetée  le soir …)
Amour que j’ai transmis à ma fille, je crois,  et elle à ses filles. Et souvent je dis donc aussi : « Qui vient voir la mer avec moi… ? »Et j’ai le plaisir d’être accompagnée pour ce rituel incontournable ».
 C’est ainsi qu’un jour,  Camille m’a dit : 
« Pourquoi as-tu/ a-t-on besoin d’aller voir la mer ? »
-Parce que le poète a dit : «  La mer, la vaste mer, console nos labeurs »
(et d’expliquer le sens de labeurs ici, et d’en rire, et de presser la petite main dans la mienne..
Petite main est devenue grande…Mais demeure notre passion magique !

Et pourtant si ma Mérotte n’aimait pas la mer , c’est en grande partie à elle que je dois, que nous devons, cette modeste maison qu’ils firent construire à Hossegor,  à sa patience, à son insistance, à son talent à choisir avec discernement les emplacements propices ..
Elle consentit à le faire , elle y contribua activement, certes, pour ne pas « gaspiller » le modeste pécule que rapporta à mon père et à son frère la vente de la maison paternelle, pour en tirer un petit revenu pour leurs voyages à deux , parce qu’elle avait l’intuition que mon père aussi aimait la mer, mais je le crois profondément, en même temps pour nous offrir  un accès à ce plaisir qu’elle ne put jamais vraiment partager,  mais dont elle devinait la profondeur… 

Et jouir avec amour et par procuration de notre passion…

Merci ma Mérotte …
Tu sais notre petite maison est devenue un peu plus grande aussi…le nombre des aficionados ayant  augmenté !
Merci…

dimanche 20 mai 2018

Frédéric Viale , Pars en thèse Jazz !


 Frédéric   « Keep on swinging » !



De ce projet de Jazz, tout témoigne :
Le titre en forme de « manifeste » et l’ambigüité d’un double sens qui s’y attache, une « parenthèse » (enchantée) , et une échappée  résolue vers le jazz, « posé » comme une  aventure  vers cet objectif…et peut-être une « réflexion » ? une thèse ? 

 Les premiers morceaux donnent la note :
-Dès le 1 une « Réécriture » de « Vendredi 13 » :
 Morceau déjà créé dans « La Belle Chose » : La belle chose, j’ai vraiment aimé cette œuvre, et l’aime encore, et entre autre ce « vendredi 13 », avec la guitare de Nelson Veras et la basse de Natallino Neto….et déjà le saxo d’ Emanuele Cisi …et déjà la facture d’ un standard de jazz , mais avec un rythme à 3 temps (je cite Frédéric !) alors que le rythme, ici, se fait rapide, « fast-swing » et que le saxo d’Emanuele s’envole … et que contrebasse et batterie  nous offrent un superbe  duo rythmé avant que le beau thème ne reprenne le premier plan.

-Swing interdit  est  un vrai manifeste du Swing dont « quelques  bals musettes affichaient  à une certaine époque l’interdiction »…
Dès l’ouverture s’affiche le rythme-roi triomphant et ce thème enlevé connote dans ma rêverie,  une certaine tonalité un peu nostalgique, un peu en mineur, de la danse trépidante qui s’associe pour moi à la découverte du jazz 
-Frédéric convie  aussi à cette « parenthèse », Paul Chambers   « un des plus grands contrebassistes de jazz ». Thème frénétique et dansant, quoique mélodique, et toujours du swing… du swing …et  bien sûr, le saxo de Emanuele Cisi.
Et solo de batterie comme  conclusion… ! 
-Appelé, aussi  à prendre part à la fête, Kenny Baron (Song for Abdullah)  et cités aussi des noms qui me  sont inconnus, mais  je savoure  la musique née de leurs thèmes (Freddie Redd, Mulgrew Miller).


D’ailleurs  pour «  Pars en thèse Jazz »Frédéric Viale réunit un ensemble remarquable d’instruments jazzy : saxo ténor donc, d’Emanuele Cisi, contrebasse d’Aldo Zunino , batterie d’Adam Pache mais aussi un trombone, d’Humberto Amesquita, instrument dont j’aime particulièrement  la sombre et profonde sonorité …
Ensemble remarquable dont les  sonorités s’entrelacent avec une subtile composition équilibrée…
Mais l’accordéon dans tout ceci ?
Il est, me semble –t-il , l’Omniprésence du son continu, du bel accordéon de Frédéric, support discret et puissant de l’ensemble des instruments qui se succèdent , monologuant parfois ou dialoguant souvent de l’un à l’autre, avant de convier le rythme de la batterie ou de s’y associer…

Mais, Swing or no Swing, je dois avouer que je ne peux oublier jamais ce que j’aime toujours  , la Mélodie souveraine , qu’elle soit créée  par Frédéric Viale , ou empruntée à des jazzmen-cultes que quelquefois je ne connais pas, mais qui inspirent Frédéric et son groupe «  en jazz », pour l’ interpréter  en un tissage  original d’un instrument l’autre …

Tous les titres  sont mélodieux dans leurs différences, mais j’ai mes préférences !

Bien sur, Vendredi 13  pour son thème allègre, le plaisir de sa variation depuis  La Belle chose…

Mais ,en premier peut-être,  je mettrai AZUL  , un rythme alangui ,la coloration profonde et grave du trombone et de l’accordéon sur lesquels vient se détacher la légèreté et l’agileté du saxo  pour une ballade rêverie sur la couleur du ciel tu pays de Frédéric , azur intense , intense et vibrant …

Puis remarquable contraste OLE, bien nommé, c’est l’allégresse, le rythme vif, la coloration chaude…Pour moi, c’est la fête ! impression de cuivres, de bandas, ça guinche, avec parfois une touche de saudade …Génial !

Deep in a dream :A nouveau,  une ballade , une rêverie, profonde , un peu de nostalgie, beaucoup de douceur dans le retour du thème au saxo. Très belle…

Contraste à nouveau: Paul Chambers ; je reprends les mots de Frédéric pour mes connotations : « puissance, swing et élégance » : on se croirait dans un club newyorkais classieux !

Et Sous les ponts de Paris, une petite French Note : le thème archi-familier qui joue à cache-cache, et c’est bien délicieux…

Encore une belle mélodie pour une ballade de Kenny Barron … Song for Abdullah ! 


Je note pour finir  le raffinement  de la composition : grave  , lent , vs allègre et vif…. ! 

Belle parenthèse dont on rêve de l’entendre en live !!!!





dimanche 22 avril 2018

David FOENKINOS , Vers la beauté


Un titre attirant , « Vers la beauté » et l’image de Jeanne Hébuterne…

Ce qu’il y faut de signification, ce qu’il y faut de mystère.
Ce qu’il y faut aussi pour nous attirer.
 Dans une période   où le monde alentour s’agite et s’assombrit des malheurs du monde (1) et des angoisses sociales,  dans un âge de la vie, le mien, le nôtre, où s’il y a de grands bonheurs privés les nuages de l’incertitude se pressent,  la beauté , actuellement pour moi celle de certaine musique  que nous aimons et que nous poursuivons sans relâche, nous sauve de la tristesse absolue…(  Glycines et lilas aussi mais peut-être seulement parce que une Colette ou autre poète nous en a désigné l’image..) 

J’ai donc acheté « Vers la beauté » ...

Une première partie surprenante et  prenante : j’ai adoré ce prof de « Beaux Arts » qui laisse tout pour se faire « gardien de musée »
(Personnages étranges que ces gardiens qui m’ont toujours intriguée voire fascinée, auxquels je dis bonjour avec naïveté et obstination, poiur leur manifester qu’ils ne sont pas pour moi des meubles se fondant dans le décor .
Nous  en avons parfois croisé de surprenants qui nous ont fait la présentation des lieux comme hôtes hospitaliers ou même une fois expliqué comme la perspective  d’une œuvre différait suivant les endroits où l’on se plaçait pour la regarder et de nous faire essayer différents points de vue…
Bref ce premier épisode  de l’ histoire , cet Antoine qui parlait le soir seul à seul à Jeanne Hébuterne m’a séduite d’entrée ...

 Au fil des pages, rencontres   de nombre d’autres facteurs de séduction :
-Le musée d’Orsay… « Une  ancienne gare…Entre les Manet et les Monet, on peut se laisser aller à imaginer les trains arrivant au milieu des tableaux »
-Des connivences fortes, par exemple, des  jugements que nous aurions pu aussi Michel et moi partager, « les propos calamiteux » des visiteurs du Musées  : « Certains ne disaient pas « j’ai visité le Musée d’Orsay »mais « j’ai fait Orsay », un verbe qui trahit une sorte de nécessité sociale ;pratiquement une liste de courses. Ces touristes n’hésitaient pas à employer la même expression pour les pays «  j’ai fait le Japon l’an dernier »
Comme si un pays, une œuvre d’art une fois « faits » n’étaient plus à revoir, épuisés, à juste portés au compte d’un CV de la culture…de l’ordre de « Faut avoir vu… »  
-Des manières d’écrire  qui m’apparaissent comme une  fantaisie formelle , petit jeu esthétique , comme une manière de signature : par exemple  l’usage comme en documentation d’un » pseudo apparat critique »,  notes de bas de page, censées éclairer un fait , de préciser une impression, gratuitement , presque poétiquement par exemple  sur « Antoine buvait  une bière avec un parfait inconnu…même le goût de la bière lui paraissait étrange »note : on aurait dit comme une autre boisson qui se faisait passer pour de la bière ; une sorte d’imposture liquide… »  (p23)
-Une « déconstruction » cubiste  de la chronologie : un récit chronologiquement construit avec une apparente rigueur,    comme une œuvre musicale, en « parties » bien marquées,( mais sans titre),  qui ont chacune leur coloration : mais cette chronologie brouille les pistes et il  faut la reconstituer « avant « ? « après » ? la conduite du récit me semble suivre un tracé esthétique, avec ce qu’il faut d’insolite ou de désordonné dans la chronologie pour qu’on ne sache pas à quel moment se situer , qui nous égare comme la conscience du temps, qui nous oblige  à refaire plusieurs fois le chemin pour décrypter le passage du temps, et en même temps excite à sa découverte .
-Des personnages  multiples au gré des rencontres d’Antoine, le fil sur qui se focalise l’intérêt.  Sans que pour autant celui-ci soit le seul point de vue auquel on accède.
Cette multiplicité participe  à ce foisonnement non linéaire de la Vie, qui n’est pas linéaire. Il y a d’ailleurs beaucoup de femmes dans l’histoire de cet Antoine, personnages affectivement émouvants, dans un « système de rôles » différents :
Esquisses efficaces, Mathilde la DRH du musée d’Orsay, mais pas que… Louise ,l’infidèle, Eléonore l’affectueuse sœur, Isabelle la mère, Sabine la maîtresse d’Antoine et la femme du violeur, elles sont pour Antoine le  labyrinthe des amours , des désirs,  des séductions.
Enfin lumineuse, et  fragile, et dévastée par le viol, Camille,  (souvenir de la Camille de « On ne badine pas avec l’Amour ?)
Les hommes sont plus transparents, des rôles sociaux, hormis le malsain et répugnant violeur.

-La personnalité pour nous attachante d’ Antoine : c’est un enseignant selon mon cœur ; son goût passionné pour ce qu’il enseigne, l’intérêt qu’il  porte à ses élèves,  sa sensibilité à leurs intérêts, leur comportement, la fascination qu’il exerce sur eux  et le souci qu’il en a…
Et c’est l’Art qu’il « enseigne » !

 MAIS…
 Malgré la séduction immédiate de la situation de départ, malgré  toutes les connivences ressenties en déroulant le texte, je n’échappe pas ensuite à une  sorte de déception.
 Je l’avoue , moi qui écrivais récemment que je déplorais    «La  Mort des histoires » aujourd’hui (au sens Hégélien), au profit de la toute puissance de la Réalité , tout à coup je me dis « Vers la beauté » n‘est finalement qu’ une histoire (de plus) ,une  histoire récurrente d’ amour trahi : bien raconté avec une certaine sobriété, conduit avec une vraie tension dramatique, dynamique, qui retient le lecteur, la souffrance de la défection, l’impossibilité à se résigner …
Même c’est une histoire dans L’air du temps ! par l’évènement central choisi : le viol, son effet dévastateur, la fragilité de sa victime, son dénouement irrémédiable,  tragique.

Et puis NON ! En fait en redéroulant le récit encore et encore :
Non! le thème fondamental, le ressort dramatique, ce ne sont ni les ruptures amoureuses, ni les évocations érotiques, ni la violence sexuelle,  c’est bien la quête de la beauté :
Bien sûr, l’originalité du roman, c’est la Beauté !  sa recherche est le ressort du récit.

Antoine et Camille,  Antoine et Mathilde …. Orsay, Modigliani, Jeanne Hébuterne, elle provoque leurs rencontres, leur partages intimes autant que forts de l’Emotion esthétique, elle leur apparait comme la ressource suprême à leurs souffrances : Orsay , Modigliani et Mathilde consolent Antoine de l’abandon de Louise , le dessin pour Camille, puis les cours d’Antoine qui s’y associent, semblent avoir, pour un temps,  raison de  son Malheur . Mais la Tragédie,  qui se détend toujours au 4ème acte , se réenclenche de plus belle au cinquième !  Camille, «  on ne badine pas avec l’Amour !!! »

C’est encore l’Art , les tableaux de Camille, son autoportrait, leur exposition, qui offrent à Antoine une possibilité de survie , comme aller travailler à Orsay l’avait sauvé du désespoir et le nom de Mathilde en avait été l’oracle !



Ps : A propos de connivences, j’ai lu une interview de D. Foenkinos concernant ses goûts de lecture, je n’en partage aucun !!! à preuve pour moi que la communication avec  un auteur ne passe que par ses livres…Conviction de toute ma vie

note (1)"Si Rambert voulait partager le malheur des hommes , il n’aurait plus jamais de temps pour le bonheur" Camus,"La peste"






jeudi 19 avril 2018

Ecriture et orthographe

samedi 5 mars 2011 (dans ORTOGRAFIQUEMENt vôtre)

Ecriture et orthographe, une liaison complexe qui peut être compliquée

L’écriture et l’orthographe, une liaison conflictuelle ou fusionnelle ?

1. Le premier principe affirmé est donc d’apprendre l’orthographe en écrivant …
Ecrire est premier , mais il faut chemin faisant pour l’élève construire sa compétence orthographique, chemin faisant il faut pour l’enseignant enseigner l’orthographe ou  tâcher de le faire :
-garder en en objectifs les trois niveaux de compétences : phonographique, lexicale, grammaticale
- y travailler  à partir d’activités qui les mettent toutes trois en jeu et en interaction : c'est-à-dire d’activités de mise à l’écrit de TEXTES.
Textes adaptés bien sûr au niveau des élèves, par leur longueur et leur diffculté : phrases au CP, listes de jeu, légendes de photos, de dessins ou d’images, phrases clé dites par le personnages d’une histoire, puis des textes plus longs ensuite mais toujours présentant du sens . un texte à mon sens ne doit jamais être choisi  pour les problèmes orthographiques qu’il recèle mais l’intérêt de ce qu’il exprime. Il s’agit d’un enjeu important : l’apprentissage de l’orthographe  ne se fera que s’il en vaut la chandelle, s’il permet au bout du compte d’écrire quelque chose, s’il contient la promesse d’un vrai pouvoir.
Ainsi le disant Rousseau pour l’apprentissage de la lecture, qui prétendait qu’il se ferait sans problème s’il comportait la promesse du pouvoir  écrire( à sa petite amoureuse, en particulier)
On pourrait proposer une démarche en deux ou trois temps : le temps de l’écriture où l’on dispose d’aides diverses, ou bien où l’on se  débrouille avec ce que l’on sait…
PUIS des temps de réflexion, récapitulation, structuration des savoirs orthographiques acquis : là se situeraient les activités spécifiquement orthographiques où la réflexion porterait seulement sur l’orthographe (par exemple la « dictée à la parlante », la réflexion sur la valeur d’une lettres dans les mots du texte, la mise en évidence de constantes d’accord)
Ces temps réflexifs pourraient donner lieu à des traces  écrites dans un cahier mémoire par exemple.
Ce serait agréable que ces outils –mémoires soient de jolis objets, comportant des traces établies collectivement et un part plus  personnelle, un titre choisi personnellement, le choix d’une phrase  que l’on aime, une illustration dessinée, une frise décorative, une photo : une sorte de blog en somme !!!!

2. L’écueil pourrait être, si ce fonctionnement (on écrit, on réfléchit et on en tire des enseignements) était exclusif,   qu’on pense finalement qu’on ne peut écrire que dans un but d’apprentissage.
De même qu’on a parfois pu penser chez nos élèves qu’on ne lit que pour « étudier » la littérature, ou pour répondre  à des questionnaires.
Il ne faudrait donc pas, 2ème principe , que ce fonctionnement soit exclusif mais il faudrait proposer des activités où en quelque sorte on éluderait la question orthographique , en la remettant à plus tard, ou en se donnant de l’aide celle d’un « écrivain public » par exemple, l’enseignant, une sorte de « correcteur à pattes », qui corrigerait votre texte en vous faisant grâce des commentaires orthographiques  …vous n’auriez alors qu’ à  recopier…et même, si vous étiez assez petit ou persuasif , on vous le recopierait ou vous l’éditerait !!!
3. …Car, 3ème principe, pas question de laisser définitivement sous le nom de texte un texte sans orthographe…Recopiage, ou édition, ou mise au propre  … sont indispensables pour qu’un texte ait statut de texte ..


Enfin indispensable !  presque toujours….
Comme disait l’adorable, beau et charmeur Gérard Philippe : « Dans la vie , on a d’abord des principes, et puis on a des enfants !!!!! »
J’ajouterais… des enfants pour élèves, et …des petits enfants !!!!


dimanche 15 avril 2018

HIVERNAGE ou HIBERNATION?


Je n’aime pas l’hiver
Je ne l’ai jamais aimé sauf quand les étoiles de Noël en étaient le sommet lumineux , l’attente de l’Avent impatiente, et délicieusement païenne, les rues enguirlandées , le hall du collège éclairé, et chaleureux le matin des voix et des visages des copines…
Puis la neige du ski survint un jour pour nous enchanter l’hiver…
Mais l’âge venant, ni ski, ni autant d’enchantement à Noël …
Et dès novembre, je supporte difficilement la plongée  du soleil dans l’ombre de la nuit, prise   comme par une angoisse préhistorique de sa disparition…
Et j’écoute volontiers les incantations
… de Jules Laforgue à L’hiver qui vient« Allez c’est bien fini jusqu’ à l’année prochaine , et tous les cors ont fait tonton ont fait tontaine… »…
… des spleens baudelairiens « Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres »….
…ou des humeurs métaphoriques de  Chateaubriand , la complainte de la correspondance de « cette saison qui a des rapports secrets avec nos destinées » :  notre vie qui s’étiole comme la chaleur de la lumière…

Cette année, même La Chandeleur a raté son coup, n’a pas allumé la lueur du jour qui rallonge, dans l’odeur caramélisée de la crêpe qui dore dans la soirée d’hiver !   
Cette année tant il a plu, même tant il a fait froid (justement dans ce cimetière où s’enterrait notre oncle) qu’on avait l’impression que cette humidité poisseuse ne sècherait jamais, en dépit de la brillance des  crêtes de nos Pyrénées dans le lointain,  splendidement enneigées, mais impuissantes  à réfléchir même  la pâle lumière de midi…
Par la fenêtre de notre chambre,  les branches des arbres finement  stylisées par l’hiver se dessinent noir sur gris, et  noir sur gris aussi les toits voisins, photo noir  et blanc  sans technicolor !
On à l’impression, enfermés dans nos maisons tièdes, d’un hivernage général, envie de lire des histoires faciles, d’écouter de la musique en boucle et reboucle, voire de dormir vers cinq heures, avec la tombée de ma nuit !

 Je m’interroge une fois encore sur la différence entre « hiverner » et « hiberner » et je ne suis pas loin de penser qu’à dormir le jour, manger des douceurs sucrées ou salées, nous ne sommes pas loin d’entrer en HIBERNATION !

Puis il y a même un jour de neige lumineuse, épaisse, et qui s’efface sans traces boueuses, une neige  qui n’est « pas sale », une neige éphémère,  qui  ne tient  qu’une journée er s’efface…

Et la  Nature s’obstine , sous la gelée et la neige. Sous le gel et sous la neige, les bourgeons résistent ..puis fleurissent  !
 Pas de violettes cette année, pas l’habituel et merveilleux tapis bleu du jardin !  Mais des primevères, des primevères, des  primevères,  dans l’herbe grasse, primevères de mon enfance !
Espoir  d’embellie ! Espoir de printemps ?
Il fait beau le 21 mars   !
 Mais repleut au soir en giboulées de grêle et de vent !!!
Primevères à nouveau  massacrées par la pluie,  puis résistent…
Le valeureux Camélia résiste…

Résistent l’azalée rose, les jacinthes , les perce neiges évidemment …
Un jour, par hasard, il fait beau, il fait même doux mais ce n’est qu’un seul jour….
Malgré les paysans de Colette :
« Les paysans hochent la tête : « Avril nous fera bien des surprises … » Ils penchent des fronts de sages sur cette folie, cette imprudence annuelle de la fleur et de la feuille. Ils vieillissent, accrochés à la course d’une terrible pupille que leur expérience n’instruit pas »…
Et nous, nous entendons leur millénaire sagesse  mais nous RESISTONS !  l’inconséquence avec effort, avec le  volontarisme du désespoir  l’emporte !
Et  nous attendons le soir que demain le soleil à son tour RESISTE, que « le soleil se lève aussi » !
A Pâques il a fait beau ! S’en vient Pâquette… ?
« C’est le printemps, viens t’en Pâquette
Te promener au bois joli…
Les poules dans la coure caquettent
L’aube au ciel fait de roses plis… »


Mais c’est fini, il PLEUT !



lundi 2 avril 2018

Au hasard de l'écoute ...Samuel Strouk encore!



 Je vais me baladant sur Facebook, sur youtube , cherchant ca et là à écouter de la musique, à trouver des concerts de ceux que nous aimons…En particulier je pense à Samuel Strouk que je désespère d’écouter un jour live du côté de chez nous ou enfin pas trop loin… et je tombe sur ces lignes de Citizen Jazz du 26/11 /17 à propos de Silent walk :

« Jeune compositeur reconnu pour le cinéma notamment, le guitariste Samuel Strouk navigue depuis des années entre musique écrite et fonctionnelle, relations épisodiques avec le jazz et attirance forte pour l’Europe Centrale, particulièrement les traditions yiddish. A ce titre, son nom n’est pas inconnu des lecteurs de Citizen Jazz, puisqu’on l’avait découvert dans le magnifique Estde François Salque et Vincent Peirani pour un titre de son cru, justement appelé « Yiddish » où on le retrouvait à la guitare, d’obédience classique, davantage harmonique que rythmique. »
par Franpi Barriaux.

Et...je découvre !
EST de Vincent Peirani et François Salque, nous l’avions découvert en suivant Vincent, et découvert aussi en direct François Salque…merveille !

Mais  nous n’avions pas noté la présence de Samuel Strouk , ni d’ailleurs celle de Jocelyn Menniel !
Depuis, Jocelyn Menniel, nous l’avons découvert en assistant par hasard  en seconde partie de Pulcinella, dans le Mechanics de Sylvain Rifflet !
Quant à Samuel Strouk, par  sa collaboration au Piazzolla de Daniel mille , je connaissais son nom ! Vincent d’ailleurs,  m’avait signalé quand j’ai fait un post sur Cierra tus ojos que j’avais négligé de le citer, pour ses arrangements et sa direction musicale ! Et ! Vincent Peirani, Daniel mille, pour nous ce sont des Grands, et des références incontestées …

Puis cet hiver est sorti Silent Walk ! Alors là il n’y a ni références ni participation aux arrangements qui comptent, c’est le choc de Sa musique, la guitare certes, mais les mélodies, la construction du projet de musique, l’orchestration ! Tout !
J’ai  adoré, connoté, divagué à son écoute !
Et toujours je cherche un live… (à moins de 400 km !)

 J’ai donc redécouvert, écouté, réécouté Yiddish !!!Les rencontres, ainsi je l’éprouve en littérature aussi,  c’est magique, et toujours hasardeux, comme les hasards de la vie !
 Voilà Yiddish :