dimanche 30 novembre 2014

Daniel MILLE, Cierra tus ojos ...

Daniel MILLE, Cierra tus ojos....

…..Y escucha !!!


Il est donc sorti le Piazzolla de Daniel Mille
Y escuchamos… encore et encore…

Comme toujours, on est d’entrée pris au charme du son , des sons, du phrasé, du rythme, particuliers aux interprétations de Daniel Mille
Mais quand il s’agit de dire et d’écrire pourquoi on l’aime, on a du mal à trouver les mots .Peut-être ferait-on mieux de se laisser aller au fil du courant et de dire …

Parce que c’est Piazzolla !  parce que c’est Daniel Mille !
Parce que ce Piazzolla n’est «  ni tout à fait le même ni tout à fait un  autre » .
Parce que Daniel Mille est toujours Daniel Mille…

 Mais j’aime , nous aimons, les mots. Les mots sont notre musique à nous. Dire ce que la musique évoque pour nous , c’est la vivre à notre manière , une manière de l’accompagner, d’exprimer, par des correspondances ,  la résonnance qu’elle produit en nous….

Dans ce Piazzolla Cierra tus ojos, il y a d’abord la découverte .
Certains titres nous sont inconnus : l’éponyme du titre Cierra tus ojos, Milonga para tres, et même à première vue   los  Pajaros perdidos dont nous découvrons en l’écoutant combien la mélodie nous en est familière , surtout sur sa forme chantée par José Angel Trelles ou Milva.
Ou  la Melodia en la menor , que  je retrouve en recherchant d’autres interprétations de Piazzolla sur le Tango Live forever de Galliano…

Ces thèmes découverts me semblent d’emblée s’accorder remarquablement à l’image que j’ai de la musique de Daniel Mille et de sa sensibilité poétique :
Les oiseaux perdus par delà la mer …
A l’instar,d’ailleurs, de la nostalgie, du désir de retour au pays et aux amours perdues, de Vuelvo al Sur…
La douceur triste de la pluie sur Santiago,
L’atmosphère rêveuse et nocturne de Cierra tus ojos y escucha ,
La Melodia en mineur qui dès l’entrée annonce la couleur, et les milongas « alanguies » que « Mille préfère aux véhémences du tango » comme l’exprime Emmanuelle Honorin, dans sa remarquable et poétique  notice …
Contribue à cette tonalité , le choix pour l’orchestration du son grave des instruments, violoncelles et  contrebasse   .
Y contribue aussi le jeu de Daniel mille, « sa manière d’attarder le tempo » (Emmanuelle Honorin encore !)
« En chantant  sur le mode mineur », sa douce mais insistante mélancolie, Daniel Mille rencontre et croise pour moi le caractère tragique que j’ai toujours ressenti en écoutant Piazzolla : la tonalité de ses mélodies , la scansion particulière de ses phrases, la pulsation marquée de son tango, ont toujours évoqué pour moi l’image  de la force du destin …
La Milonga para tres est particulièrement remarquable de cette tonalité sombre , de cette atmosphère de clair obscur : au début la gravité des cordes comme en contrepoint, « comme de longs échos qui de loin se confondent dans une ténébreuse et profonde unité », sur lesquels Daniel Mille vient apporter une ligne pure et plus claire , reprise par contrebasse et violoncelles.
On a une impression très forte de relief , d’ombre et de lumière…

Quant aux autres morceaux dont nous connaissons si bien les thèmes,  ils nous apparaissent interprétés différemment …
Le début de Chiquilin de Bachin me frappe par le la ligne dépouillée jusqu’à l’épure sous les doigts de l’accordéoniste, puis  la montée progressive et comme retardée , le jeu d’écho des cordes , qui parviennent par imposer au final une pulsation marquée…qui retombe insensiblement…
Le Libertango , simplicité dépouillée, rythme classique (me semble-t-il), une énergie plus chaleureuse, une mélodie pure et alanguie  qui s’éteint traditionnellement…

L’orchestration de Samuel Strouk,arrangements, direction musicale et réalisation,  me semble remarquable par son raffinement et sa variété, qui intrigue et séduit.

Le CD lui-même est un bel objet, avec ses photos d’une apparente simplicité, toutes les nuances de noir et de gris, piqué des gros plans, ou flous de profondeurs de champ..  Et son livret, un texte aux mots  à la fois poétiques et simples, riches d’enseignements, trésor  inestimable pour des non-musiciens amateurs de musique…



Piazzolla ENCORE ! Daniel Mille ENFIN!

Piazzolla et Mille TOUJOURS







2 commentaires:

Elisabeth a dit…

Tu es une experte ! je te remercie pour ces découvertes et te souhaite une bonne soirée.

françou a dit…

Coucou Elisabeth...et merci ...Bonne soirée...