lundi 24 juin 2013

¡ Pedro Almodovar raconte …sa mère !



Rosa est notre prof d’espagnol
Outre sa fine compétence, souriante et indulgente, à nous enseigner cette langue, elle nous fait part de  ce qu’elle aime de la culture de Son pays et de l’Amérique Latine . Et discute  ainsi avec l’une de son voyage en Andalousie, avec l’autre du Pays basque, avec toutes des textes documentaires du manuel…

De mon côté, l’accordéon, le bandonéon, Richard Galliano, m’ont sensibilisée au Chamamé, à Chango Spaziuk, à Raul Barboza , et aussi  à Astor Piazzolla , à la musique argentine et au tango.
Il y a quelques soirs, j’ai revu Volver, que j’adore ! Et bien sûr écouté encore et encore la belle chanson de Carlos Cardel et Alfredo le Pera  interprétée par Estrella Morente



Je suis fascinée par la vision du monde de Pedro Almodovar , l’intime mélange de réalisme et de fiction,  ses situations invraisemblables   qui s’imposent avec évidence  comme véridiques , les relations entre les personnages  saisissantes,  émouvantes, mélodramatiques , tendres et cruelles .
Et par-dessus tout je suis toujours touchée profondément par les femmes de Pedro : leur énergie, leur créativité à surmonter les situations critiques, la relation des mères et de leurs filles, leur solidarité de femmes pour aborder   un monde quasi tragique dans les couleurs flamboyantes du technicolor, où frappent la  mort et la maladie, où sévissent l’inceste et les crimes de sang, à « l’Antique »…  !
Avec un  humour allègre et désespéré , une  force vitale  , une vitalité et un optimisme volontaristes, Penelope Cruz en tête, elles inventent des solutions macabres, poétiques et efficaces aux pires avatars…

 Nous avons donc réécouté Volver avec Rosa et lu le texte d’Alfredo Le Pera .
Comme nous parlions de ce regard positif qu’il porte sur les femmes,  elle nous a apporté un beau texte d’Almodovar écrit pour El Pais le 14 septembre1999, après la mort de sa mère
El último sueño
Ce dernier songe, c’est, par ce vendredi ensoleillé dont la lumière entrait par la fenêtre, c’est celui de l’orage que sa mère rêve et sur lequel elle les interroge et sur lequel s’interroge aussi Pedro…
« A quel orage ma mère faisait-elle allusion dans son  rêve ultime ? »
Il me semble que cette interrogation, après le récit des derniers moments de sa mère, s’informant de leur travail, de leur déplacements , de savoir qui allait garder les garçons si Agustin  accompagnait son frère comme à l’accoutumée, et si les courses étaient faites pour cette fin de semaine où les enfants  se trouveraient chez  leur père, cette intrusion de « l’imaginé » dans ces moments de grande lucidité pratique, est à l’image qu’il nous présente de sa mère,  qui lui apprit une chose précieuse pour sa vie et son métier, « la différence entre la fiction et la réalité  et que le réalité doit être complétée par la fiction pour  être complète , plus agréable, plus vivable… »
Ainsi « écrivain public » pour ses voisines, lisait-elle les lettres reçues par celles-ci en en complétant les manques par des détails bien choisis, en adéquation avec leurs vies, que les auteurs avaient sans doute oubliés mais que sûrement ils auraient signés volontiers, et qui laissaient leurs destinatrices si heureuses…
Outre cet enseignement fondamental et précieux qu’il reçut d’elle , nul  doute qu’il ait trouvé  en elle l’image des femmes pleines d’énergie et de créativité de ses films , de celles qui ont le pouvoir de « faire  jaillir du lait d’une jarre à huile », l’image des mères  qui « sans rien faire de spécial   sont le recours, le principe de réalité des choses »…
Cette mère se dessine  en filigrane  dans tous ces personnages splendides et bouleversants de femmes qu’il a inventés, ces superbes actrices, Pénélope Cruz , Carmen Maura , Victoria Abril …
Pour moi désormais je sens la présence de cette  femme,  qui se fâchait qu’il n’ait pas inclus son patronyme dans son nom public, « C’est quoi, cet Almodovar tout court ? !!!! »  Je l’imagine sur la toile de fond d’un pauvre village entre l’Estramadura et la Mancha…« un village qui avait surgi sur un terrain d’ardoises escarpées  et tranchantes » où les talons aiguilles des filles n’auraient pas pu marcher… 

Et de cette réalité la fiction a bâti ses enchantements… 
Les enchantements de Pedro Almodovar Caballero !!!







2 commentaires:

sister for ever a dit…

Je partage avec toi la passion pour Almodovar, et bien que je n'aie pas appris l'espagnol, j'aime voir ses films en VO - sous titrée, faut rien exagérer!! - car autrement on perd l'ambiance du film. Et j'aime beaucoup les musiques qu'il choisit... Sylvie m'a sœur m'a d'ailleurs fait une copie d'un double CD de musiques de ses films, qu'elle avait acheté à La Villette, où nous sommes allées voir l'expo " Musique et Cinéma"; j'ai découvert des musiques dont je ne savais pas qu'elles avaient été utilisées dans ses films. Sinon, mon coup de cœur "toutes catégories" c'est "Parle avec elle"... Mon mari n'a jamais voulu le voir....

françou a dit…

Je ne connais pas si bien Almodovar que toi en particulier "Parle avec elle..."Je partage ta remarque sur les merveilleuses musiques qu'il choisit ...je vais me procurer "Parle avec elle"...Amitiés... bonsoir, bises