jeudi 13 juin 2013

ECRIRE....!

Ecrire…

Claudine
 J’ai commencé par aimer les histoires, tant d’histoires… de bibliothèque rose ou de lisez-moi bleu, de bibliothèque rouge et or ou de bibliothèque verte, de littérature enfantine ou de littérature à l’eau de rose,  de littérature tout court !
…ou peut-être ai-je aimé d’abord les « récitations » de ces beaux recueils de poèmes qu’on confia imprudemment  à mes mains  peu soigneuses… ?

…j’ai même aimé les textes qu’on nous dictait à l’école, de cette voix solennelle des instituteurs d’alors qui faisait chanter les phrases et sentir la ponctuation : ô Madame Thérèse découverte un après midi de dictée pluvieux, et que je n’oublierai jamais…

C’est donc par la lecture que j’ai commencé à aimer la langue écrite, qui m’offrait tout un monde dont la réalité rêvée ne me détournait d’ailleurs guère de la réalité tout court que  j’appréciais avec la gourmandise de l’enfance…
Bien sûr à l’arrière plan s’agitait en moi le désir de faire (Poïen) moi aussi des récits, des poèmes , des chansons …
Je commençais des petits carnets de poèmes, d’histoires, ou de titres de romans qui allaient être écrits un jour…et ne  furent jamais achevés  …
Puis ce goût de lire croisa une autre passion, celle d’élever des poupons, puis  celle de « faire l’école »… !
Claudine à l’école
Je suis donc passée de la lecture privée à la lecture professionnelle, je suis devenue professeur de lecture en quelque sorte , dont la tâche  était de faire lire, et parfois aimer, les œuvres du patrimoine aux ados et aux jeunes adultes.
Bien sûr, aussi, de leur faire écrire des textes :  Mon métier était aussi d’étudier avec eux  les fonctionnements des textes et d’essayer de leur en faire écrire.
Bien sûr j’écrivais aussi, avec eux , dans les ateliers « d’expression «écrite » .( Plus tard, on se mit à dire de « production écrite » , mais j’ai toujours préféré le terme « d’expression écrite » ou le terme archaïque de « rédaction ».
J’écrivais aussi tous les textes professionnels, de compositions françaises, et de dissertations, de commentaires  qu’on leur faisait écrire…

Plus tard je deviens professeur de professeurs d’école et de collège et je dus écrire encore plus de textes professionnels et techniques
L’ordinateur était entré dans ma vie,  et devenu mon outil de prédilection pour la communication professionnelle, et pour la production des textes de cours ou de réflexion théorique à échanger….

Puis ce fut la retraite et  j’ai pu découvrir le plaisir de  l’écriture « privée » !
Ecrire… pour le plaisir de composer avec des mots un objet écrit qui ne soit pas destiné à une réflexion didactique et professionnelle, un objet gratuit, dont je décide de l’esthétique et de la teneur…
La première expérience que j’en fis fut paradoxalement aussi négative qu’instructive
Incapable de mettre en « livre » mon parcours personnel d’enseignement de la lecture, trop individuel, trop soumis aux réajustement perpétuels, j’ai tenté d’écrire  ma conception de  la grammaire,  ce qu’elle représentait pour moi et comment je rêvais de l’enseigner…
Mais c’est l’éditeur qui me fit défaut … « trop ceci …trop cela … un peu trop … un peu pas assez »…
Excédée que ma liberté didactique ne rentre pas dans les formats, j’ai tourné la page , NON!! …
J’ai confié ces pages au vent du Web, à destination des surfeurs  de la Grammaire !!!…
Heureuse et amusée des quelques échos qui m’en revinrent, étonnée des chiffres de mon compteur de consultation…
Et incapable désormais de me passer de ce plaisir de l’écriture !…
Je me suis mise donc à écrire… un blog… !
 J’ai bien eu quelques difficultés à trouver le type de texte à écrire …
J’ai bien gardé des frustrations vagues de roman « in-entrepris » de souvenirs d’enfance  qu’on aurait pu voir imprimés dans un  beau recueil, des pages de papier que le vent feuillète…
Mais j’ai découvert le plaisir de la gratuité absolue…de l’écriture «  à ma guise » !

 Les rêveries du Promeneur solitaire
Plaisirs d’écriture…
Le plaisir d’avoir le temps d’écrire .
Revenir sur les mots, sur le phrasé , sur la composition, reprendre ces mots les raccommoder avec d’autres , gommer,  changer, y penser longtemps en faisant autre chose, avoir phrases en tête, jusqu’à l’obsession, s’installer au bureau ou à l’ordi et s’angoisser du vide , du mutisme,  de la parole  intérieure paralysée, puis  voir  surgir  soudainement  des phrases éparses ou imbriquées et éprouver l’urgence d’ écrire le texte et de le publier  pour qu’il soit LA, présent , existant...

Le plaisir de dire  des mots sur des impressions vitales, sur des émotions intenses, des indignations, des fous-rires ou des sourires,  des réflexions banales,   des sentiments quotidiens,  des expériences anodines,  et des rencontres singulières et décisives…
En particulier, la découverte de pouvoir établir avec mes mots, parfois avec des images ,  des « correspondances » avec le plaisir musical.

Aimez-vous Galliano ?
Mon aventure a en effet croisé l’aventure musicale de Michel, explorateur obstiné des possibles de cet instrument aussi magnifique que  méconnu : l’accordéon ! et nos divagations ont alors croisé  la route d’un divagateur inspiré, Richard Galliano, que j’ai en quelque sorte choisi comme parrain de mon blog, pensant qu’il ne se formaliserait pas de la multiplicité des types de textes engendrés par ma liberté nouvelle…

Je ne suis pas poète, ni Baudelaire, ni Verlaine, je ne puis qu’évoquer les connotations et les émotions que provoque en moi la musique …en empruntant d’ailleurs  parfois à Baudelaire et à Verlaine …
Je ne suis pas musicienne. mais écouteuse insatiable,  le plaisir d’en écrire prolonge pour moi le plaisir d’ écouter…

Et quand de surcroît quelquefois, des amis musiciens me font la grâce d’aimer me lire, comme en retour de l’intense plaisir de les écouter, ce bonheur est sans prix !

La minute de Madame Cyclopède
 Et pour autant, libérée  des genres et des codes formels, adepte du Rousseau des Rêveries, je ne me suis pas affranchie du goût de réfléchir au processus d’écriture et à l’alchimie textuelle, qui constitua jadis l’axe de mon activité professionnelle…
J’ai toujours la tentation récurrente de tirer de mon expérience d’écriture quelques idées d’enseignante ! Mais pour qui , pour quels élèves attardés sur mon chemin buissonnier ?
Qu’importe, je ne résiste pas à la tentation d’en  citer quelques-unes !
-La dynamique du plaisir du choix des mots, des musiques de phrases,
-Et l’importance du temps qui n’a de mesure que l’exigence du  désir d’achever un texte..
-Le bonheur de tâtonner, de raturer,de changer .
- Et l’émerveillement de l’ordinateur ,cet hyper brouillon virtuel qui se construit par touches et retouches ..
(ô l’horreur des brouillons non brouillons qu’on devait laisser  « propres », exempts de ratures !)
…la magie du clavier qui ne craint pas la rature, l’insertion de lettres, et de mots, et de phrases…
…la magie du couper/coller qui décompose et recompose un texte, encore et encore jusqu’à l’obtention d’une Composition…satisfaisante !
…la magie de l’ordinateur qui n’empêche nullement d’écrire aussi sur des blocs, des feuilles, des carnets les pensées, « données » mais labiles, les inspirations soudaines  et fragiles, de celles que l’insomnie nous inspire et le sommeil nous reprend…
-La patience d’attendre, le respect des moments « blancs » d’idées et de phrases…
- Et, pardonnez moi de vous faire repenser à ces  empreintes de l’enfance et des apprentissages,  qui marqueront à jamais l’écriture, ces prescriptions délétères :
« Quand tu écris, n’écris que des phrases courtes et simples , tu feras moins de fautes d’orthographe et de syntaxe…(!)
Surveille ton orthographe au fur et à mesure, un mot après l’autre, cherche dans le dictionnaire s’il faut, n’avance pas trop vite »
(M…rescapé de l’écriture ,souvenir d’enfance)

Un petit élève de 6ème ,un merveilleux inventeur de l’histoire à écrire , pleine de mots , de personnages, d’idées foisonnantes et inventives, et qui ne rendait jamais que des écrits rétrécis, propres, corrects ,  formatés , dévitalisés :
« Le maître m’a dit moins tu écris , moins tu auras de risques de faire des fautes d’orthographe »
Handicapé incurable de l’écriture…conteur et chanteur inspiré, par bonheur !

Je suis désormais de l’autre côté du portail de l’école où j’accompagne l’entrée et attends la sortie de mes petites filles Je ne passe plus le portail que pour aller payer la cantine, excuser une absence,  ou assister à la kermesse !
Mais  je ne peux m’empêcher de jeter sur la toile ces quelques grains de sel de « Madame Cyclopède » (ainsi appelions-nous, mes élèves et moi, mes réflexions pédago-philosophiques…complicité perdue …).

Ces quelques grains de sel …à destination de ceux qui aiment écrire et… de ceux qui les font écrire !


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