lundi 3 juin 2013

Il était une fois l’autoroute A65


L’autoroute A65 , nous l’avons appelée de nos vœux( et de nos signatures) pendant de longues années…
Quand l’Ecole Normale de département est devenue l’un des pôles (je résiste toujours  à écrire « antenne » !) de IUFM de la Région Aquitaine, puissamment concentré à Bordeaux, nous étions obligés de nous rendre à Bordeaux très souvent, pour nos concertations de discipline, pour les sessions de recrutement, pour les corrections et oraux de concours … Et, quand j’ai eu l’imprudence d’être élue au Conseil d’administration,  ce « très souvent » est devenu insupportable.
Je haïssais l’ancienne « nationale », étroite , très fréquentée, qui traversait d’abord par de superbes épingles à cheveux le beau paysage vallonné de la vallée de l’Adour à Aires, puis courait droit dans la forêt des Landes . A six ou sept heures du matin, ou huit heures du soir, c’était un tel pensum que j’avais fini par faire le détour par les landes et l’autoroute à A64, ce qui agaçait la gestion financière jusqu’au jour où elle décida simplement de ne pas tenir compte du surplus de kilomètres…. !
Pourtant ces voyages n’étaient pas entièrement négatifs, si on s’irritait « grave » du centralisme et de la morgue du système administratif de l’institut,   on reprenait goût à la ville qu’on avait jadis quittée avec soulagement, on fréquentait avec plaisir   les collègues,  de Charente , de Lot et Garonne et des Landes et parfois ceux de Bordeaux… On déplorait aussi que peu à peu le lien de notre « cul de sac » Palois avec sa métropole régionale,  se distende dans les pratiques privées, que les Palois se sentent de plus en plus aspirés vers Toulouse  en suivant  l’axe Adour Garonne et en longeant le pièmont pyrénéen.
Nous trouvâmes un ne peut plus « naturel » que Nadja s’en aille en prépa à Toulouse … « plus réputée » parmi ses copains ! que la prépa de bordeaux. … !!!
D’autant que l’autoroute A64, non tracée lorsqu’elle quitta Pau pour Toulouse, ne tarda pas à se construire à grande vitesse pas tronçons successifs…
Cependant que l’A5 demeurait une sorte de mirage, ou de repoussoir qui cristallisait les tiraillements entre les collectivités départementales et les revendications des défenseurs de l’environnement…

Et puis elle fut en construction , empoisonnant terriblement le trajet sur la vieille Nationale (devenue départementale avec le nouvel « aménagement du territoire !)

En fait on ne travaillait plus à Bordeaux….
Mais Bordeaux pour les concerts, les balades sur les quais ou les rives de la Garonne , à travers le superbe vignoble, on l’aurait bien adopté …on faisait toujours pour y aller le détour par la nationale 10 avec sa « théorie » de voisins espagnols poids-lourds qui traversent la France


Et elle fut construite !!!! ouvrages d’art superbes , tracé ambitieux… remise à la gestion privée , bref archi coûteuse !
 Mais au diable l’avarice ! quand on aime on ne compte pas : 2 heures au lieu de presque 3 parfois , un beau ruban de bitume , des bas côtés que peu à peu se « paysagent » , de beaux viaducs …

Mais …prix prohibitif ? débouché dans un cul de sac qui se heurte à la barrière des Pyrénées , La Frontière Sauvage » ? seule issue, reprendre la A64 ou la belle route pittoresque et accidentée (sans jeu de mots) qui permet d’accéder au  large tunnel du Somport et de gagner l’Espagne ?…on pourrait compter les voitures rencontrées sur les doigts de la main…


Quand le temps n’est pas spécialement beau de surcroît, on y éprouve une curieuse impression de solitude et de désolation, qui ravive des impressions anciennes de la traversée des landes, quand nous étions enfants ou tout jeunes adultes , de Bordeaux à Dax, quand la forêt laissait place au plateau de Labouheyre qui n’en finissait pas , avec sa lande de bruyères , de  genêts et d’ajoncs , coupé de chemins sableux et d’ornières … et que plus tard, pas spécialement plus riantes,  remplacèrent d’immenses plantations de maïs….

Et on sourit de penser au poème qui faisait fureur  parmi  les enseignants  de notre école des landes :

On ne voit en passant par les Landes désertes,

Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,

Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes

D'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc …
Théophile Gautier

...Qui faisait fureur et que j’aimais bien , je l’avoue !
  

A la différence près que d’entailles , il n’y en a plus , plus de gemmelles pour les beaux feux de cheminée de mon Payou !!!!!


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