lundi 17 juin 2013

Dans le jardin d'mon père...

Mon père était d’une famille terrienne. comme son père, et son frère aîné, et peut-être beaucoup de gens de sa génération, il préféra quitter le monde rural et fit des  études d’histoire…
A la mort de sa mère , survenue alors qu’il  était tout enfant, son père et sé grand mère quittèrent la campagne de Ruffec pour s’établir à Angoulême, la Ville !
Puis pour fréquenter la faculté des lettres de Bordeaux , il quitta Angoulême pour sa seconde ville d’élection Bordeaux !
Je crois qu’il aimait profondément  la Ville et d’ailleurs toutes les villes, leur architecture que ses flâneries ne cessaient d’explorer, les avenues, les quais des fleuves, les bistrots, les jardins publics, les bibliothèques et… les Archives… !
Mais des vacances de son enfance, il gardait un intérêt pour la campagne, l’économie agricole, le paysage des champs, les arbres…
De son enfance à Angoulême, il gardait l’image idéalisée du jardin de leur maison, « une belle maison de pierre !!! », avec un bassin, des poissons rouges, un petit pont….Bien sûr il fut heureux de nous la faire entrevoir, et un peu triste, elle n’était plus à lui ! Nous admirâmes, secrètement un peu déçus, le bassin, les poissons, le petit pont, …bien inférieurs  à ce que ses récits nous avaient fait imaginer….
Plus tard, je l’ai toujours vu cultiver les jardins plus ou moins spacieux, qu’il nous fut donné d’habiter. C’était son divertissement quasi quotidien après son travail de préparation de ses cours…
Il « faisait » des légumes.
Bien sûr, sans doute à une époque que j’ai eu la chance de ne pas connaître, pendant la guerre, pour compléter un peu, très peu, la nourriture « des cartes de ravitaillement ». Puis aussi par goût, le goût des salades fraîches …(foin de la vulgaire  laitue, «  La reine des glaces » était sa passion), la chicorée « améliorée » (qui pour notre palais ne l’était guère, même coupée en fines lamelles et dûment relevée).
Par curiosité aussi,  les tomates, « pommes d’amour » ignorées de sa jeunesse (et qu’il  découvrit en même temps que l’amour grâce à  sa belle-mère basque), les piments dits doux, qui ne l’étaient pas forcément, (il fallait les tester du bout de la langue), les asperges  (qui venaient bien dans notre jardin landais  sablonneux), les herbes aromatiques (le basilic était sa préférée pour la salade de tomates et piments)…
Mais ce qu’il cultivait avec amour c’était les fleurs !
Je pense qu’il était à la recherche des fleurs de son jardin enfantin : il aimait l’iris violet, le jasmin, le chèvrefeuille qui prospérèrent dans note jardin, il aimait le jardin touffu, qu’il taillait avec parcimonie mais avec un soin minutieux…il aimait les fleurs simples, les pétunias, les pensées  et les soucis orangés et avait une passion pour les dahlias de toutes teintes et de toutes couleurs dont il peuplait tous nos massifs.
 Mais il ne cessait de chercher à « faire venir » la pivoine à grosse fleur éclatante et parfumée, la glycine violette  au tronc ligneux et tourmenté, le rhododendron des landes girondines et se désespérait de ne pas y parvenir : trop d’ombre, trop de sable caché dans cette terre fluide et noire !   
J’ai, je crois, hérité de lui le goût des jardins touffus, trop touffus !!! Et partagés avec Michel, le respect abusif de tout ce qui pousse  ….la tentation de planter inconsidérément tout ce qu’on aime …pour voir !
Mais ce dont je suis heureuse, c’est d’avoir réussi à faire venir dans notre jardin, comme lui :
Le chèvrefeuille et le jasmin odorants, l’iris à corne violette, le camélia à fleur simple..





 Et, comme il eût tant aimé à le faire :
…la pivoine à grosse fleur éclatante,










… la glycine au tronc noueux,


…le rhododendron des landes girondines



1 commentaire:

sister for ever a dit…

Je découvre ce joli article - j'ai un peu de mal à lire régulièrement les blogs ces temps derniers. Bravo pour ton récit plein de sensibilité, et aussi pour les photos...