Mon père était d’une famille
terrienne. comme son père, et son frère aîné, et peut-être beaucoup de gens de
sa génération, il préféra quitter le monde rural et fit des études d’histoire…
A la mort de sa mère , survenue
alors qu’il était tout enfant, son père
et sé grand mère quittèrent la campagne de Ruffec pour s’établir à Angoulême, la Ville !
Puis pour fréquenter la faculté
des lettres de Bordeaux , il quitta Angoulême pour sa seconde ville d’élection
Bordeaux !
Je crois qu’il aimait
profondément la Ville et d’ailleurs toutes
les villes, leur architecture que ses flâneries ne cessaient d’explorer, les avenues,
les quais des fleuves, les bistrots, les jardins publics, les bibliothèques et…
les Archives… !
Mais des vacances de son enfance,
il gardait un intérêt pour la campagne, l’économie agricole, le paysage des
champs, les arbres…
De son enfance à Angoulême, il
gardait l’image idéalisée du jardin de leur maison, « une belle maison de
pierre !!! », avec un bassin, des poissons rouges, un petit
pont….Bien sûr il fut heureux de nous la faire entrevoir, et un peu triste,
elle n’était plus à lui ! Nous admirâmes, secrètement un peu déçus, le bassin,
les poissons, le petit pont, …bien inférieurs à ce que ses récits nous avaient fait
imaginer….
Plus tard, je l’ai toujours vu
cultiver les jardins plus ou moins spacieux, qu’il nous fut donné d’habiter.
C’était son divertissement quasi quotidien après son travail de préparation de
ses cours…
Il « faisait » des
légumes.
Bien sûr, sans doute à une époque
que j’ai eu la chance de ne pas connaître, pendant la guerre, pour compléter un
peu, très peu, la nourriture « des cartes de ravitaillement ». Puis
aussi par goût, le goût des salades fraîches …(foin de la vulgaire laitue, « La reine des glaces »
était sa passion), la chicorée « améliorée » (qui pour notre palais ne
l’était guère, même coupée en fines lamelles et dûment relevée).
Par curiosité aussi, les tomates, « pommes d’amour »
ignorées de sa jeunesse (et qu’il découvrit en même temps que l’amour grâce à sa belle-mère basque), les piments dits doux,
qui ne l’étaient pas forcément, (il fallait les tester du bout de la langue),
les asperges (qui venaient bien dans
notre jardin landais sablonneux), les
herbes aromatiques (le basilic était sa préférée pour la salade de tomates et
piments)…
Mais ce qu’il cultivait avec
amour c’était les fleurs !
Je pense qu’il était à la
recherche des fleurs de son jardin enfantin : il aimait l’iris violet, le
jasmin, le chèvrefeuille qui prospérèrent dans note jardin, il aimait le jardin
touffu, qu’il taillait avec parcimonie mais avec un soin minutieux…il aimait
les fleurs simples, les pétunias, les pensées et les soucis orangés et avait une passion pour
les dahlias de toutes teintes et de toutes couleurs dont il peuplait tous nos
massifs.
Mais il ne cessait de chercher à « faire
venir » la pivoine à grosse fleur éclatante et parfumée, la glycine violette
au tronc ligneux et tourmenté, le
rhododendron des landes girondines et se désespérait de ne pas y
parvenir : trop d’ombre, trop de sable caché dans cette terre fluide et
noire !
J’ai, je crois, hérité de lui le
goût des jardins touffus, trop touffus !!! Et partagés avec Michel, le respect
abusif de tout ce qui pousse ….la
tentation de planter inconsidérément tout ce qu’on aime …pour voir !
Mais ce dont je suis heureuse,
c’est d’avoir réussi à faire venir dans notre jardin, comme lui :
Le chèvrefeuille et le jasmin
odorants, l’iris à corne violette, le camélia à fleur simple..
1 commentaire:
Je découvre ce joli article - j'ai un peu de mal à lire régulièrement les blogs ces temps derniers. Bravo pour ton récit plein de sensibilité, et aussi pour les photos...
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