Dans cette petite heure d’un
agréable partage avec Mathieu et
Henri Chenuet, poly instrumentiste et
producteur de « musique vivante » à Cholet, le plaisir premier était
bien sûr d’écouter quelques bien jolies
musiques…Surprise poétique des titres : « Instant Transparent »
tiré du disque de même nom, « Drôle d’ idée », et bien sûr
« Cœur de Trèfle »,en deux versions, et avec petit bonsoir d’amitié
de Mathieu (délice !) et de son invité (la classe !!!)…Mélodies
mélodieuses, très belle trompette de Roger Guérin, batterie remarquable d'Henri Chenuet sur la deuxième version de Cœur de Trèfle.
Des morceaux finement commentés
au passage, par une image qui explicite joliment
leur double processus de création : « les musiques que j’ai laissé faire et les musiques que j’ai faites » et j’ai pensé: "comme les textes en fait : il y a ceux pour lesquels les doigts courent
tout seuls sur le clavier ou la feuille ; il y a ceux dont la construction
se remanie, tâtonne en phrases et ratures enchevêtrées…"
Intéressante aussi la réflexion
sur le rapport aux « modèles », aux « maîtres »
admirés :
" passer son temps à chercher à ne pas les imiter." En somme construire sans doute son imitation
pour en dégager une voie (ou voix ?) personnelle ? là encore, thème
familier et passionnant, de la littérature : « in-nutrition » de
l’imitation de nos classiques, ou « En finir avec les chefs
d’œuvre !!! » d’A. Arthaud
Sans compter que dans le cas de
sa musique, Henri Chenuet souligne qu’étant
toujours produite pour être enregistrée, la réécoute permet de prendre du recul
nécessaire pou réguler la prégnance du modèle…
Par ailleurs ce qui m’a
particulièrement intéressée c’est que, parce
qu’il est poly-instrumentiste et
producteur de spectacles il exprime un
point de vue différent sur le travail musical, la musique « vivante »
des musiciens qui collaborent pour la produire
Plus qu’un point de vue sur le rapport privilégié, parfois quasi passionnel,
avec un instrument, que les interviews
de Mathieu nous ont souvent permis d’explorer , il présente l’instrument comme un rôle dans un groupe
musical…en somme, encore une fois comme dans un roman, les personnages ont à se
définir certes par un caractère propre
mais doivent aussi participer à un système interactif de personnages, par leur
rôle dynamique mais aussi par un rôle
esthétique , une esthétique des complémentarités ou des contrastes, des harmonies ou des ruptures,
…Il y a la Brune
et la blonde, Pierrot qui écrit le nuit et Arlequin qui danse et chante au soleil
, le héros et ses adjuvants, ou ses opposants divers qui déterminent notre plaisir esthétique. Ainsi pour les instruments, il y a le
soliste et l’accompagnateur, et ces rôles se complètent ou s’inversent tour à
tour… Deux mots clés expriment dans le
prolongement de cette idée ce qui
caractérise le jazz pour lui:"le partage et l’improvisation" « temps où chacun s’exprime et dit ce qu’il est , si on a quelque
chose à dire, bien sûr » !!!
Noté aussi un certain éclairage personnel sur l’histoire du
jazz, "pas si américain que ça, mais au carrefour
de divers horizons , l’Italie pour la mélodie, l’Afrique pour le rythme,
ou l’Irlande, ou la France celle de Django et de
Gus."...
Refus comme c’est maintenant
habituel à "Ça va jazzer" (merci Mathieu et ses
invités !!!) des catégorisations, petit coup de patte (qui me réjouit !)
au puristes spécialistes, qui rajoutent classifications aux classifications..(Cf Jazz ou pas jazz)
Encore souligné la nécessité d’écouter encore et
encore, et selon les moments de notre vie des choses diverses, d’ aller au
concert « qui n’est chaque fois ni
tout à fait le même et ni tout à fait un autre"
Et au détour de la réflexion, de
délicieux petits échos de choses que nous avons aimées à
un moment de notre vie justement, et un peu oubliées…
A propos de Bach, Jacques Loussier
et son « play Bach » …
Et le merveilleux Orfeu Negro de
Marcel Camus, dont le souvenir éveille la vision fugitive du beau visage de Marpessa
Dawn… Emotion de son thème si beau…joué à la scie musicale … !!!
Ce moment de discussion fut à la
fois pour moi un plaisir lié à la musique , son écoute d'abord, et aussi
une approche de la compréhension du travail musical, et le plaisir, par
l’occasion donnée par ces propos, de divaguer à mon habitude vers ma réflexion familière
sur l’écriture, la littérature, la création artistique…
Pour mes rêveries divagatrices, vous pouvez…(oui ! s’il vous
plaît !) continuer de lire un peu mon blog !
Pour le plaisir de la musique, penser
à qu’elle est, mais avant tout l’écouter :
Pour « Instant transparent » et « Cœur
de Trèfle » et beaucoup d’autres jolis moments du disque,...
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