mercredi 25 avril 2012

Henri Chenuet à « Ça va Jazzer »



Dans cette petite heure d’un agréable partage avec  Mathieu et Henri  Chenuet, poly instrumentiste et producteur de « musique vivante » à Cholet, le plaisir premier était bien sûr d’écouter  quelques bien jolies musiques…Surprise poétique des titres : « Instant Transparent » tiré du disque de même nom, « Drôle d’ idée », et bien sûr « Cœur de Trèfle »,en deux versions, et avec petit bonsoir d’amitié de Mathieu (délice !) et de son invité (la classe !!!)…Mélodies mélodieuses, très belle trompette de Roger Guérin, batterie remarquable d'Henri Chenuet sur la deuxième version de Cœur de Trèfle.
Des morceaux finement commentés au passage, par  une image qui explicite joliment  leur  double processus de création :   « les musiques  que j’ai laissé faire et les  musiques que j’ai faites » et j’ai pensé: "comme les textes en fait : il y a ceux pour lesquels les doigts courent tout seuls sur le clavier ou la feuille ; il y a ceux dont la construction se remanie, tâtonne en phrases et ratures enchevêtrées…"
Intéressante aussi la réflexion sur le rapport aux « modèles », aux « maîtres » admirés :
" passer son temps à   chercher à ne pas les imiter."  En somme construire sans doute son imitation pour en dégager une voie (ou voix ?) personnelle ? là encore, thème familier et passionnant, de la littérature : « in-nutrition » de l’imitation de nos classiques, ou « En finir avec les chefs d’œuvre !!! » d’A. Arthaud
Sans compter que dans le cas de sa musique, Henri Chenuet  souligne qu’étant toujours produite pour être enregistrée, la  réécoute permet de prendre du recul nécessaire pou réguler  la prégnance du modèle…
Par ailleurs ce qui m’a particulièrement intéressée c’est que,  parce qu’il est poly-instrumentiste  et producteur de spectacles  il exprime un point de vue différent sur le travail musical, la musique « vivante » des musiciens qui collaborent pour la produire
Plus qu’un  point de vue sur le  rapport privilégié, parfois quasi passionnel, avec un instrument,  que les interviews de Mathieu nous ont souvent permis d’explorer , il présente  l’instrument comme un rôle dans un groupe musical…en somme, encore une fois comme dans un roman, les personnages ont à se définir certes par un caractère  propre mais doivent aussi participer à un système interactif de personnages, par leur rôle dynamique mais aussi  par un rôle esthétique , une esthétique des complémentarités  ou des contrastes, des harmonies ou des ruptures, …Il y a la Brune et la blonde, Pierrot qui écrit le nuit et Arlequin qui danse et chante au soleil , le héros et ses adjuvants, ou ses opposants divers qui déterminent notre plaisir esthétique. Ainsi pour les instruments, il y a le soliste et l’accompagnateur, et ces rôles se complètent ou s’inversent tour à tour… Deux mots clés  expriment dans le prolongement de cette idée  ce qui caractérise le jazz pour lui:"le partage  et  l’improvisation" « temps où chacun s’exprime et dit ce qu’il est , si on a quelque chose à dire, bien sûr » !!!
Noté aussi un  certain éclairage personnel sur l’histoire du jazz, "pas si américain que ça,  mais au carrefour de divers horizons , l’Italie pour la mélodie, l’Afrique pour le rythme, ou  l’Irlande, ou la France celle de Django et de Gus."...
Refus comme c’est maintenant habituel à  "Ça va jazzer" (merci Mathieu et ses invités !!!) des catégorisations, petit coup de patte (qui me réjouit !) au puristes spécialistes, qui  rajoutent classifications  aux classifications..(Cf Jazz ou pas jazz)
 Encore souligné la nécessité d’écouter encore et encore, et selon les moments de notre vie des choses diverses, d’ aller au concert « qui  n’est chaque fois ni tout à fait le même et ni tout à fait un autre"
Et au détour de la réflexion, de délicieux   petits échos de choses que nous avons aimées à un moment de notre vie justement, et un peu oubliées…
A propos de Bach, Jacques Loussier et son « play Bach » …
Et le merveilleux Orfeu Negro de Marcel Camus, dont le souvenir éveille  la vision fugitive du beau visage de Marpessa Dawn… Emotion de son thème si beau…joué à la scie musicale … !!!
Ce moment de discussion fut à la fois pour moi un plaisir lié à la musique , son écoute d'abord,  et aussi  une approche de la compréhension du travail musical, et le plaisir, par l’occasion donnée par ces propos, de divaguer à mon habitude vers ma réflexion familière sur l’écriture, la littérature, la création artistique…
 Pour mes rêveries divagatrices,  vous pouvez…(oui ! s’il vous plaît !) continuer de lire un peu mon blog !

Pour le plaisir de la musique, penser à qu’elle est, mais  avant tout l’écouter :


 Pour « Instant transparent » et « Cœur de Trèfle » et beaucoup d’autres jolis moments du disque,...







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