samedi 26 février 2011

Sacrée Orthographe ou Orthographe sacrée ?


Mai 68 s’en fichait, « les murs avaient la parole » sans faute, mais les années 80 furent les années de Guerre de Religion de l’orthographe et l’on vit de dignes académiciens et de distingués linguistes s’empoigner, verbalement s’entend, je dirais violemment parfois, et dans une langue peu châtiée, sur la querelle de la Réforme !!! …de l’orthographe française …

L’orthographe française n’ayant, aux dires de Baudelot et Establet , jamais été conçue pour servir de base à un enseignement démocratique, mais au contraire selon le dictionnaire de l’Académie du XVIIème siècle « pour distinguer l’honnête homme des ignorants et des simples femmes », elle se révèle être moins un instrument de culture que le produit hautement élaboré d’une culture savante qui est en même temps une culture de classe…(1)

Il n’est donc pas étonnant que de généreux linguistes, et des pédagogues engagés dans la démocratisation des savoirs se soient donc fixé pour but de la réformer… pas étonnant non plus que des intellectuels distingués se soient acharnés à défendre ce bien culturel qu’ils détenaient et avaient acquis chèrement…

L’école elle-même qui y consacre tant de son temps et de son énergie se trouva partagée entre Réformateurs, et Défenseurs de l’accent circonflexe, qui comme Proust « tremblaient de ne plus voir le paon faire sa roue s’il perdait son o »…

En France, il me semble tout finit (ou commence) en légiférant. Même sur la langue. On prend des mesures contre l’intrusion du « franglais ». Tout en se bourrant de pizzas et de paellas…

Un pragmatisme simple aurait consisté, ou consisterait, dans le domaine de l’orthographe, à laisser aller un peu les choses , à laisser évoluer l’écriture de la langue en même temps que la langue orale…à ne pas s’acharner à écrire un accord de participe passé que nos chers orateurs, aussi bien politiques que « téléviseurs » ont laissé choir avec désinvolture ! Bref plutôt qu’une Réforme, logique, systématique et scientifique de l’orthographe, une politique de Tolérance de cette évolution au quotidien, qu’on « entérinerait » légalement par la suite, aurait porté peut-être plus de fruits que la Dictée de Bernard Pivot….d’ailleurs avec l’esprit de contradiction qui caractérise ce domaine , alors qu’il en existe des tolérances légales, on ne les applique pas … !!!

Et pendant ce temps…. elle court l’orthographe, elle court…

Si on lit les commentaires sur internet, on est frappé de l’orthographe, « lamentable, Madame, lamentable !!! » de certains d’entre eux…

« Et pourtant Ils écrivent !!! »…. Ils écrivent et même se font comprendre, comme en témoignent les acerbes réactions qu’ils suscitent souvent….



Nous reste donc à enseigner l’orthographe, non comme une discipline dévoreuse d’énergie, mais comme partie intégrante de notre écriture, qui certes véhicule une tradition culturelle, mais qui peut et doit évoluer sans que se perde pour autant, notre culture, que dis-je, …notre Identité Nationale…



Pour d’autres réflexions sur cet enseignement, rendez-vous à la boutique à côté sur ortografikement vôtre, dont j’ai bien du mal à écrire le titre sans faire de fautes… !!!

A suivre...

(1)Christian Baudelot- Roger Establet: Le niveau monte. ed Seuil , l'épreuve des faits 1989

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