dimanche 27 février 2011

La France n'a jamais été un pays musicien ???

« La France n’a jamais été un pays musicien[…]Après tout, que représente la musique dans le paysage culturel français ? si peu.… [….] En France , enseigner la musique est un véritable cauchemar »


Ainsi s’ouvre l’article de Télérama n°3186, intitulé La cacophonie, enquête sur la Musique à l’école…de Xavier Lacavalerie

Comme souvent, et comme l’école fut longtemps mon horizon, j’essaie d’apprécier l’affirmation à l’aune de ma petite expérience…

Je m’interroge donc sur la représentation que j’avais en tant que prof d’une discipline dite fondamentale, de l’enseignement de la musique, sur l’importance que j’accordais au rôle de mes collègues qui l’enseignaient, la place qu’ils tenaient à mes yeux dans l’équipe d’enseignants …et mon propre comportement à leur égard ?
Je reconnais à l’évidence que les notes qu’ils attribuaient aux élèves ne signifiaient pas grand chose pour moi et comptaient assez peu dans les décisions cruciales d’orientation des élèves, que j’ai eu à prendre en tant que prof principal.
Je l’intéressais davantage à leur appréciation du comportement des élèves, de l’intérêt ou non manifesté pour la musique et leur enseignement, voire des dispositions et des goûts manifestés…
Bref il est certain que pour moi leur discipline était de l’ordre de l’art (je ne dirais pas comme Télérama ...d’agrément) du goût, du plaisir…
C’est sans doute ce qui explique que  quand j’ai fait équipe avec mes "collègues de Musique", c’était pour la réalisation de projets pluridisciplinaires qui débouchaient souvent sur une production plutôt que sur un savoir culturel.
Et si je me rappelle deux merveilleux projets de marionnettes, dont nos élèves communs composèrent les chansons que l’un d’eux en particulier chanta en solo d’une voix si pure et claire, qu’il me semble en ressentir encore le plaisir et l’émotion, et plus tard, un Ulysse 98, ou un conte librement adapté du chant de l’oiseleur, une histoire-rêverie avec musique et percus….il me faut bien reconnaître que ces projets furent moins nombreux que mes collaborations avec les profs de dessin ou d’expression corporelle, qui étaient plus fréquentes, prenaient la forme de projets et de réalisations plus modestes, mais qui manifestaient une plus réelle communauté d’objectifs, de réflexion, de visée culturelle .
Au fond , peut-être plus que dans tout autre discipline , ce fut une question d’affinité personnelle, culturelle et pédagogique avec les collègues de musique. Je n’aimais pas toujours ce qu’ils enseignaient de la musique, ou même la musique qu’ils enseignaient.
Bien sûr pas question dans notre Education Nationale,avare d’heures et de moyens, d’enseigner la pratique d’un instrument Mais certains collègues faisaient chanter les enfants et parfois remarquablement, et cela me plaisait…d’autres leur faisaient "entendre la musique" .
Mais parfois on passait plus de temps à reconnaître des instruments, ou à illustrer par de pauvres échantillons musicaux des notions techniques (que je ne possède pas), qu’ à écouter de longs passages de vraie œuvres musicales. Ecouter pour écouter, ou pour en exprimer un sentiment, un jugement personnel, ce que j’aurais souhaité...Car c’est ainsi en dehors d’autres pratiques pédagogiques plus scolaires certes, mais incontournables sans doute, que je souhaitais enseigner la littérature, et faire lire des œuvres….

Au fond je trouvais qu’on n’écoutait pas assez de musique…
A l’école !!!
Car pourtant nos enfants, de la musique, de leur musique , regardez-les, casques aux oreilles, clés MP3, Smartphones bientôt, ils en écoutent !!!!

Peut être que nous n’avons pas eu l’audace de simplement leur faire écouter la nôtre, ou de leur faire découvrir l’histoire de la musique
J’avoue, fille de 68, n’avoir pas beaucoup cherché à imposer la mienne à ma fille, soucieuse plutôt d’écouter la sienne, pensant qu’elle se déterminerait elle-même et la découvrirait.
Alors qu’en littérature, grâce à la caution des programmes, à l’autorité de l’école et de l’université, j’ai eu pour devoir, bonheur, et tâche, de transmettre une sorte de tradition….

Alors, c’est la faute à l’école, si la France n’est pas un pays musicien, parce que nous n’avons pas su enseigner la musique à nos enfants ?…Et alors les musiciens, ce seront toujours les enfants de musiciens, ceux qui ont grandi dans la musique, sur qui leur famille a mis la pression pour qu’ils jouent de l’accordéon au lieu d’aller courir les filles à vélo, pendant que nous on nous mettait la pression pour faire les devoirs au lieu d’aller jouer dans la rue, ou qu’on ne nous mettait pas de pression du tout ???

La faute à l’école mais pas que…

Il faut bien dire aussi que parfois, lorsque nous allons au concert, ou écouter un petit groupe que nous connaissons, ou dont nous avons entendu parler, nous sommes affectés de constater l’absence de public, ou pire le défaut d’écoute, l’indifférence ou le manque de chaleur. Ou les chers petits qui courent et s’agitent sur le plancher devant la scène…
Nous pensons alors : difficile, la vie d’artiste, pleine d’aléas et d’obstination à se faire entendre. Parfois, nous doutons de notre goût, nous disons : pourtant, c’était beau ce passage, non ? c’est intéressant, cette composition instrumentale, étonnant ce tuba, je découvre..La contrebasse avait un son….le troisième morceau était mélodique et émouvant….?
Parfois aussi, c’est du bruit, (pour nous !!!)sale sale sale( pour nous) , de la sono plein les oreilles …et là c’est nous qui n’y arrivons pas…

Mais pour savoir faut y aller , faut essayer, faut comparer, faut écouter….Et là il ya les chapelles , les ostracismes, les purismes, qui empêchent d’aller entendre de l’autre côté du mur de notre pré carré une musique inaccoutumée…qui risquerait nous déplaire..

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3 commentaires:

sister for ever a dit…

Cesse de lire Télérama Françoise!! (lol!) la musique elle est partout! à chacun la sienne - ou les siennes! - mais même s'il est vrai que les jeunes auteurs français s'orientent souvent vers la langue anglaise, par référence aux monstres américains, je trouve que la musique n'a jamais été aussi présente dans nos vies et celles de nos enfants et petits-enfants. Peu importe que l'essentiel ne soit pas le support scolaire, l'explosion des médias de tout poil joue un rôle déterminant (j'ai bien conscience de dire une banalité!) et qui n'a pas son MP3 ou son i-pod??

françou a dit…

C'est tout à fait vrai...que télérama n'est jamais bien positif (lol???)que chacun sa musique, et qu'on communique sur ses choix, grâce aux réseaux ..
en revanche, j'ai peur qu'il y ait quelqu' "étanchéité" entre les genres musicaux que nous fréquentons, et c'est là que peut-être??? une action culturelle qu'elle soit de l'école ou d'ailleurs pourrait favoriser la transgression des barrières...la curiosité d'autre chose ...

sister for ever a dit…

Bien d'accord avec toi, Françoise!