Lorenzo Naccarato trio en
concert, c’était à Oloron, Espace Jéliote, vendredi soir…
Une jolie salle , pas très grande
, aux sièges bleus. La proximité de la scène , donne une impression d’intimité,
que la relation établie d’emblée avec le trio Naccarato n’a pas démentie mais
affirmée , tant est grand le talent de Lorenzo à communiquer avec le
public, et tant est chaleureuse sa voix,
naturelle sa présentation du groupe et des œuvres jouées . Lorenzo et tout le
trio manifestent le goût de jouer, et
leur plaisir de nous jouer leur musique…toute leur musique …celle déjà
enregistrée dans leur CD, et en prime , celle qu’ils sont en train
d’enregistrer pour leur CD et concerts suivants, et en surprime, des créations
au piano de Lorenzo , s’attardant sur la scène pour notre plus grand plaisir
partagé !
Car pour moi le Naccarato Trio , c’est d’abord un très beau
piano !
Un style à la fois très « ostinato », avec un jeu rythmique
très insistant et répétitif, porteur d’une sorte d’interrogation « obstinée »,
voire un peu inquiétante, et sur lequel, merveille ! viennent s’inscrire des
thèmes variés dans leurs nuances…
Parfois un thème doux et mélodique au tempo lent, comme dans Brescia, parfois des pluies de notes
claires d’une très grande légèreté, toutes en précision et en finesse comme
dans Heavy Rotation ou Animal Locomotion
Si j’avais plus de culture musicale,
j’oserais avouer que cela me fait penser à des Jeux d'Eau du début du vingtième siècle !!!!
La reprise des phrases répétées
parfois jusqu’à ce que s éteigne en
douceur le son, participe aussi à une harmonie mélodique suggérant à ceux qui
écoutent sens et évocations , par exemple,
la fin de Mirko is Still dancing, fort énigmatique ….
Mais si le piano est leader, la
batterie de Benjamin Naud et la contrebasse d’Adrien Rodriguez partagent une place aussi importante que diverse, et
dans tous les cas, s’accordant et s’intégrant
remarquablement dans la composition d’ensemble.
La batterie de Benjamin
Naud , ne se contente pas d’assurer la rythmique, déjà fortement présente dans le jeu du piano de Lorenzo…le jeu de
Benjamin semble soutenir et encadrer , avec
une légèreté soyeuse le rythme impulsé
par le piano, apporter une profondeur d’échos , une respiration, un son bruissant et clair…
Quant à la contrebasse, puissamment sonorisée, elle offre des chorus très
marquants : sonorités de graves profonds, effet d’attente en suspenses.
Dans Animal Locomotion par exemple, le jeu
d’Adrien Rodriguez à la fois virtuose et
expressif instaure un climat d’étrangeté et d’attente un peu hypnotique qui permet
à la reprise du piano de détacher
en toute pureté la ligne claire de sa propre virtuosité.
En beaucoup de moments peuvent surgir au gré celui qui écoute, connotations imagées, impressions,
émotions, comme un film suggéré, même si les titres ont été peu annoncés ce soir de concert, et d’ailleurs souvent peu
figuratifs :
Animal locomotion par exemple au titre fort énigmatique a une composition mais si répétitive et obsédante que peuvent s’y dessiner des formes cubistes …
Heavy Rotation : manège
obsédant , notes claires et
détachées , fond sombre, arrêt suspendu …
Breccia, mélancolie d’un piano, sur une mer d’automne à la Julien Gracq ou un lac sous la brume…
Et donc Mirko , personnage
étrange , que la fin du morceau non clôturée
, invite, ou condamne ? à une danse sans fin !
Toutes évocations qui n’engagent
que les ressentis personnels…mais qui toutes accompagnent une écoute prenante
, d’un groupe très chaleureux, dont on a un grand plaisir à partager la musique !
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