Mon philosophe familier m’a
dit : « c’est normal, il faut vieillir ! Et pourquoi ça ne
serait pas d’un coup !!!! »
Malgré toute ma confiance en sa
sagesse « philosophique », je ne peux m ‘empêcher , ma sagesse
« politique de l’autruche »aidant, de refuser cette évidence …
Partant de l’idée que nous partageons,
que s’adapter au contexte du temps est source de jouvence, de nous adapter nous
tentons…
Il faut bien dire que jusque-là
certaines adaptations ont représenté plus d’agréments que de
désagréments …
Ces derniers temps toutefois, la
noirceur du monde nous est apparue comme un démenti à la foi que nous avions en
le Progrès, ou moins grave, le retour
d’idées que nous avions défendues qui s’étaient ensuite abîmées dans le remous
de la Réaction, nous a inclinés à nous dire, en résistant de toutes nos forces
à l’idée que le monde empirait , que parfois il stagnait dans l’immobilisme , ou
du moins dans une oscillation pendulaire
…
Tout cela ne nous empêchait pas
grâce à nos enfants, grâce à nos découvertes musicales, à de précieuses
rencontres au hasard de la vie, et du moins en ce qui me concerne grâce à mon
ravissement candide devant la beauté du monde, des primevères à l’infini de la mer en passant par les
arbres d’automne, de vivre de précieux moments partagés de bonheur , même si sa
précarité ne nous échappe pas .
Même si, néanmoins, souvent, les raffinements électroniques des machines
nous apparaissent vains et inutiles, sans que nous osions l’avouer de peur de
paraitre « vieux cons »…
Alors, quand mon vieux four est
tombé en ruine, non qu’il soit si archaïque que ça, mais trop de rôtis, de
gratins, de pyrolyses, ont eu raison de ses parois …quand l’évier d’émail a eu
trop d’éclats , quand le plateau en carrelages s’est manifestement ébréché en
maints endroits ….
Nous avons cédé !
« On va pas changer le
four en conservant son contexte vintage »
ET nous avons cédé aux sirènes de la modernité !!!!
Faut changer tout ! faut faire du neuf, de
l’ « actuel » !
Moi qui ne jette rien s’il n’est
hors d’usage…nous avons fait repeindre , refaire les prises électriques ,
changer le lave linge « qui marchait » mais sans vigueur , et le lave
vaisselle qui marchait parfaitement , mais ne « s’intégrait »
pas !
Nous avons pieusement conservé au
garage le petit frigidaire qui n’avait pas démérité, les anciens meubles qui
pouvaient encore servir…
Et de rangements en dérangements, nous nous sommes
« adaptés », de deux semaines à cinq nous nous sommes adaptés, de
notices lues et relues une à une, nous avons domestiqué un peu péniblement, nos
nouveaux esclaves électroniques …aménagé les placards nouveau-nés ….et demandé
aux anciens du garage de se charger du trop plein !!!
Ce furent sept semaine à jouer « Cuisine
et Dépendance !!! »
Mais nous avons refusé, refusé , et
refusé encore, de jeter aux orties l’ancienne suspension électrique que d’aucuns
qualifiaient de vintage, et que nous
aimions , et continuons d’aimer , et la merveilleuse table de cèdre rapportée
du Maroc , ordinaire, mais d’un bois parfumé
et si
joliment doré …
A quoi servirait de jurer quoiqu’un
peu tard qu’on ne nous y prendrait plus !!!!
J’aï compté, dans notre passé,
sans avoir fait une carrière
internationale de célébrités , nous avons déménagé sept fois !
De ces déménagements, Il y en eut de faciles, il en a
eu de plus durs, mais j’ai peur que ce déménagement de cuisine soit celui qui
nous ait le plus coûté en fatigue ….Je ne sais pourquoi ?
Eh bien faut se l’avouer ! peut-être , avons-nous vieilli ????
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