(Textes croisés)
Il faisait bien froid, du froid de Toulouse quand le vent
saisit, par rafales humides .C’était à la Halle aux grains, salle étrange dont
la circularité pourrait donner l’illusion d’une proximité chaleureuse, mais qui
parfois n’est qu’inconfortable par des places trop éloignées ou trop latérales
.
C’était un concert en « faveur de l’enfance …des deux
pays, la France et l’Arménie ».
C’était un concert dont Richard Galliano était leader.
C’est pourquoi nous
avions bravé tarifs et placement pour y
assister …
Pour être tout à fait
exacts, nous étions intéressés aussi
par la présence de Jean Marc Phillips, que nous avions souvent écouté dans le sextet
de RG pour son Piazzolla forever , et que
nous retrouvions ; et, quoique la
musique Arménienne nous soit assez peu
connue, nous abordions le 1ere partie du concert avec une certaine
curiosité !
Tant il est vrai que
actuellement ce sont nos interprètes favoris, pour ne pas dire exclusivement
nos accordéonistes, qui sont nos passeurs de musique et nous conduisent à aimer
sans cesse d’autres instrumentistes, qui nous entraînent vers d’autres
concerts, et d’autres CD !
Et le programme de cette première partie, découvert
à l’entrée de la salle, se trouva être à la fois découverte intellectuelle et douce émotion de retrouver, selon un terme que
j’emprunterai à Galliano, un de mes « Tubes» personnels, de ces œuvres que
j’ai écoutées et aimées avec obstination à certains moments de ma vie, le Trio op.100 en mi bémol de Schubert …
Bref du « studium » : le Trio n°2 de Chostakovitch , dont je ne connais quasiment rien , une œuvre remarquable que je trouvai presque inquiétante
par son aridité mélodique et son rythme intéressant, et un
trio de Babadjanian, dont j’ignorais
même le nom !
…Et pour le « punctum », j’étais comblée ,
une si belle interprétation de Schubert , grâce au trio, au piano de Vahan Mardisossian, au violoncelle de Xavier Phillips, et au très beau violon
de son frère Jean Marc Phillips, spécialiste de ce merveilleux trio dans le
quatuor Wanderer – que désormais du
coup, j’écoute et réécoute sur You tube …
Et
puis ce fut Galliano dans « son » quartet !
Dès l’entrée, sa
détermination transparaissait comme un désir, riche d’énergie, de prendre ce
concert à bras le corps, son Victoria à pleins bras , par un solo d’entrée époustouflant !
Surprise agréable
avec…Andalucia !,
retrouvaille non moins agréable avec… New york Tango
( je crois, du moins tant le morceau
était de ces morceaux de Richard si
intiment reconnus que parfois j’hésite à le nommer et à le distinguer parmi les autres) , les
deux en tout cas riches de cette énergie vitale , de ce son chaleureux et clair
, de cette virtuosité si accomplie qu’elle semble naturelle et évidente ….
Le retour du trio qui,
personnellement, avec la présence de Jean-Marc
Phillips, me replongeait dans l’univers
de Piazzolla for ever, et Otoño Porteño,
ma saison de Piazzolla préférée, le plutôt rarement entendu en concert, Habanerando, dont j’ai souvent dit
combien j’en aime la couleur et le rythme, et puis une autre saison, Verano Porteño…
A la fois enlevé et brillant,
très connu mais « re-donné », le programme instaure une sorte de
climat fusionnel entre les quatre musiciens et
convivial à notre égard ; l’atmosphère de la Halle aux Grains en
est chaleureusement transformée, comme
vibrante de leur musique et de l’enthousiasme du public, la distance abolie
par une sorte de communication intense et familière.
J'en
retiens l'énergie, la précision, la créativité de Richard, son enthousiasme.
Disons sa générosité, qui se manifeste notamment dans l'exécution de
rappels explosifs et pleins de fougue. La plupart des morceaux
choisis sont pour ainsi dire des standards…. Et c'est à chaque fois un plaisir
particulier de retrouver et de redécouvrir ces œuvres, pour ainsi dire
revisitées. (je cite Michel)
Un autre Piazzolla, Oblivion ,
La valse à Margaux que Richard présente en disant- demi-sourire !- qu’il attend d’elle qu’elle détrône un jour Perles
de Cristal !!!Deux mouvements d’Opale
Concerto….
Inattendu , brillant
et frénétique :La danse du sabre
que je reconnais avec plaisir, mais dont
j’ignorais qu’elle fût de A.Khachatourian…
… et l’au revoir
traditionnel de La
Javanaise :
« Nous nous aimions
Le temps d’une chanson… »
Mais pas que… !!!!
Et je dois l’avouer,
malgré l’allégresse du concert, la fougue et le brio des rappels offerts sans
compter par Richard et ses musiciens, cette Javanaise se teinte pour moi d’une
ombre de nostalgie…
Car j’ai consulté la
veille l’agenda de Galliano enfin affiché sur son site : un «Tour du monde en 90 jours » !!! où peu de villes
françaises s’affichent, et, en tous cas
en ce qui nous concerne, assez lointaines !
Le temps où nous
faisions 600 kms pour aller l’écouter à St Martin de Crau, et où nous eûmes de
surcroît la chance d’écouter la veille Manu
Comté et Soledad, m’apparaît soudain
« Déjà plus loin que l’Inde et que la Chine ! »
« Peut-on le
rappeler avec des cris plaintifs et l’animer encore » de toute notre énergie…
ce temps si heureux !!!
Oui ! je l’espère , rassérénée par le
texte de Michel :
En rentrant par le métro, en dépit du froid de
la nuit, tous les trois nous avancions sur un petit nuage... Nous en étions
bien d'accord : on avait rarement vu Richard Galliano aussi en forme,
en harmonie avec le public.
Richard Galliano, créateur de joie de vivre !
http://autrebistrotaccordion.blogspot.fr/2016/12/jeudi-15-decembre-galliano-en-quartet.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire