samedi 26 septembre 2015

A Tulle , RICHARD GALLIANO raconte….

TULLE ,samedi 19 septembre 2015

C’était un concert très attendu…
Le final d’un très beau festival….
Un concert complet depuis des jours…
Une attente de plus d’une heure et demie pour être placé comme on aime….(pour nous au plus près si  possible !)
Une longue file et des rencontres où l’on échange de fines connivences avec des gens qu’on ne verra plus.
Et au fond de l’impatience, au cœur de l’impatiente attente, une pointe d’anxiété : que ce soit moins bien cette fois…
Et tandis que nous attendions, Richard Galliano qui passe, « les yeux fixés sur ses pensées »…
Pour lui aussi je pense que c’est le temps d’attente, le temps  où toutes ces attentes pèsent sur lui, plus encore que les 14 kg de son accordéon.
 Plus encore en ce lieu emblématique !

Nos attentes… mais plus encore celle de la «  grande famille »des accordéonistes qui sont là , la Famille Baselli, les Loeffler,  Azzolla et Colin , Lampidecchia, Venitucci, et tous ceux que je ne connais pas mais dont Richard Galliano ressent la présence…


Et c’est pourquoi dès son entrée sur scène, une scène d’un clair-obscur très contrasté (trop à mon sens !) violemment éclairé dans le noir ambiant, comme physiquement absorbé par son accordéon qui concentre toute la lumière et en réfléchit de brefs éclats, l’émotion est intense pour nous et à coup sûr pour lui, malgré la présence tutélaire dans la salle de Gisèle…
ET il l’avoue …. il avoue modestement la crainte de ne pas être à la hauteur de sa tâche qui pèse du poids de son accordéon et de son ambition : « honorer le passé »…



Et c’est pourquoi sur la chaise, unique décor de la scène, il a posé comme un recours son accordina, double recours, car moins lourd que son «  Victoria » bien sûr, et  parce que celui de Joe Baselli, offert par sa femme …
Et c’est aussi pourquoi, dit-il, comme une respiration dans son programme,  il parle et raconte…
Il suit le fil de Nacre de sa vie d’accordéon, une  vie de passion et d’émotions .
Tulle, c’est le lieu géométrique où viennent se croiser les fils du passé, de l’Accordéon et du sien …
Bien sûr ses premières nuits de Nacre, à la création desquelles il participa…
Mais avant même, des master classes où il se rappelle avoir conseillé des élèves aujourd’hui devenus grands.Il cite, et c’est pour nous un grand plaisir, Daniel  Mille, un de nos accordéonistes de prédilection .Il évoque le rire communicatif d’une de ces élèves, que nous ne connaissons pas…et de nous jouer  « Fou Rire », le deuxième morceau du concert, qu’elle lui inspira. Et chaque  morceau ou presque, est ainsi relié à  une histoire et donc une émotion.
 Tulle résonne  pour lui de la présence des accordéonistes- phares de son inspiration .
Gus , bien sûr  qu’on fête cette année ,et dont il joue Douce joie,  mais aussi Hamann, et Joe Baselli , dont les enfants sont là, Azzolla, toujours présent et talentueux, et qu’il remplaça un jour en tournée auprès de Gréco, tournée au cours de laquelle, pris de la nostalgie du pays, il composa la Valse à Margaux sa première valse musette.

 Et s’enchaînent ainsi  dans le programme des créations des différents moments de sa vie, des créations « Galliano » !
Habanerando, Chat pitre pour Valentine Petit, New york Tango , superbe deuxième mouvement de Opale concerto, Aria,…
…Sans que soient oubliées pour autant les références fondamentales de sa vie musicale,
My Funny Valentine évoque Chuck Baker, Tango pour Claude nous rappelle Vie violence, une superbe 
interprétation de  la Gnossienne 3  est le résultat d’un choix d’interprétation très  personnel, un « essai »nous dit-il !!!!
Et son très bel  Aria est  enchaîné avec libertango, le chef d’œuvre de Piazzolla, le maître et l’ami ,
Et c’est encore avec son Oblivion que nous nous quitterons…
Mais bien bien sûr c’est sur la Javanaise qu’il nous avait annoncé comme souvent ce moment des adieux fredonnant avec nous l’ au revoir : «  nous nous aimions, (nous VOUS aimions !) le temps d’une chanson »

Et avec toutes ses connotations personnelles, ces échos du passé,  la musique se charge d’une émotion intense,  qui  élargit le sens de l’engagement habituel qu’il met à la jouer.
 Il semble  se donner tout entier à sa musique avec son habituelle énergie, mais plus encore, comme s’il devait encore et  encore se prouver, et nous prouver, l’étendue de son talent .

Chaque morceau du programme survient comme par un chemin détourné,  puis se révèle en « épiphanie » , s’enrichit d’échappées multiples, comme improvisées,  recréées dans des variations virtuoses et inspirées, qui nous fascinent , car cette virtuosité époustouflante ne nuit jamais  à l’émotion de la ligne claire  de la mélodie .


Deux fois les rappels enthousiastes, chaleureux, conjurent le départ et la séparation ..
 Et puis le noir engloutit  la scène, et puis le vide, et puis c’est fini !!!

Sacrée soirée Monsieur Galliano !







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