TULLE ,samedi 19 septembre 2015
C’était un concert très attendu…
Le final d’un très beau
festival….
Un concert complet depuis des
jours…
Une attente de plus d’une heure
et demie pour être placé comme on aime….(pour nous au plus près si possible !)
Une longue file et des rencontres
où l’on échange de fines connivences avec des gens qu’on ne verra plus.
Et au fond de l’impatience, au
cœur de l’impatiente attente, une pointe d’anxiété : que ce soit moins
bien cette fois…
Et tandis que nous attendions, Richard
Galliano qui passe, « les yeux fixés sur ses pensées »…
Pour lui aussi je pense que c’est
le temps d’attente, le temps où toutes ces
attentes pèsent sur lui, plus encore que les 14 kg de son accordéon.
Plus encore en ce lieu emblématique !
Nos attentes… mais plus encore
celle de la « grande famille »des accordéonistes qui sont
là , la Famille Baselli, les Loeffler,
Azzolla et Colin , Lampidecchia, Venitucci, et tous ceux que je ne
connais pas mais dont Richard Galliano ressent la présence…
ET il l’avoue …. il avoue
modestement la crainte de ne pas être à la hauteur de sa tâche qui pèse du
poids de son accordéon et de son ambition : « honorer le
passé »…
Et c’est pourquoi sur la chaise, unique décor de la scène, il a posé comme un recours son accordina, double recours, car moins lourd que son « Victoria » bien sûr, et parce que celui de Joe Baselli, offert par sa femme …
Il suit le fil de Nacre de sa vie
d’accordéon, une vie de passion et
d’émotions .
Tulle, c’est le lieu géométrique
où viennent se croiser les fils du passé, de l’Accordéon et du sien …
Bien sûr ses premières nuits de Nacre,
à la création desquelles il participa…
Mais avant même, des master
classes où il se rappelle avoir conseillé des élèves aujourd’hui devenus grands.Il
cite, et c’est pour nous un grand plaisir, Daniel Mille, un de nos accordéonistes de
prédilection .Il évoque le rire communicatif d’une de ces élèves, que nous ne
connaissons pas…et de nous jouer « Fou Rire », le deuxième
morceau du concert, qu’elle lui inspira. Et chaque morceau ou presque, est ainsi relié à une histoire et donc une émotion.
Tulle résonne
pour lui de la présence des accordéonistes- phares de son inspiration .
Gus , bien sûr qu’on fête cette année ,et dont il joue Douce joie, mais aussi Hamann, et Joe Baselli , dont les enfants sont là,
Azzolla, toujours présent et talentueux, et qu’il remplaça un jour en tournée auprès de Gréco,
tournée au cours de laquelle, pris de la nostalgie du pays, il composa la Valse à Margaux sa première valse musette.
Et s’enchaînent ainsi dans le programme des créations des différents
moments de sa vie, des créations « Galliano » !
Habanerando, Chat pitre pour Valentine Petit, New york Tango , superbe deuxième mouvement de Opale concerto, Aria,…
…Sans que soient oubliées pour
autant les références fondamentales de sa vie musicale,
My Funny Valentine évoque Chuck Baker, Tango pour Claude nous rappelle Vie
violence, une superbe
interprétation de la Gnossienne 3 est le résultat d’un choix d’interprétation
très personnel, un « essai »nous
dit-il !!!!
Et son très bel Aria
est enchaîné avec libertango, le chef d’œuvre de Piazzolla, le maître et l’ami ,
Et c’est encore avec son Oblivion que nous nous quitterons…
Mais bien bien sûr c’est sur la Javanaise qu’il nous avait annoncé
comme souvent ce moment des adieux fredonnant avec nous l’ au revoir : «
nous nous aimions, (nous VOUS aimions !) le temps d’une chanson »
Et avec toutes ses connotations personnelles,
ces échos du passé, la musique se charge
d’une émotion intense, qui élargit le sens de l’engagement habituel
qu’il met à la jouer.
Il semble se donner tout entier à sa musique avec son
habituelle énergie, mais plus encore, comme s’il devait encore et encore se prouver, et nous prouver, l’étendue
de son talent .
Chaque morceau du programme survient
comme par un chemin détourné, puis se
révèle en « épiphanie » , s’enrichit d’échappées multiples, comme
improvisées, recréées dans des variations
virtuoses et inspirées, qui nous fascinent , car cette virtuosité
époustouflante ne nuit jamais à l’émotion
de la ligne claire de la mélodie .
Deux fois les rappels enthousiastes,
chaleureux, conjurent le départ et la séparation ..
Et puis le noir engloutit la scène, et puis le vide, et puis c’est
fini !!!
Sacrée soirée
Monsieur Galliano !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire