Un jour j'ai écrit ce texte que je retrouve avec plaisir...!!!!
La Dictée, cette ringarde… ???
Elle a mauvaise réputation, elle véhicule des souvenirs à la Pagnol , ou des images de maîtres sévères qui dictent en articulant trop bien, en arpentant les allées de la classe, et en faisant craquer le cuir de leurs souliers bien cirés…
Elle peut être rude à ceux qui ont des problèmes ….et accumulent des décomptes de points qui dégringolent au-dessous de zéro…
Elle est l’outil détestable de leur stigmatisation.
Pourtant c’est bien en écrivant quantité de textes « normaux », de ceux qu’on rencontre en lecture, ou en « récitation », mais aussi de ceux qu’on produit, à force de rencontres multiples avec les mots , et les phrases qui les enchaînent les uns aux autres, qui les accordent en séquences , c’est bien à force d’écrire des textes, que l’on finit par orthographier à peu près correctement….
En fait ce n’est pas la situation de dictée qui est mauvaise, ce sont les conditions de son déroulement, et son utilisation à des fins exclusives d’évaluation et de notation qui l’empêche de jouer son rôle d’outil d’apprentissage…
"Dictée à la parlante"
Mais écrire sous la dictée un texte pourrait être une situation d’apprentissage intéressante
…a condition d’en changer les règles du jeu :
- choisir, ou faire choisir par les élèves un texte un vrai texte, d’une longueur modérée, un poème à apprendre, un petit passage de la lecture du jour, une phrase qu’on aime …
- présenter la situation comme une situation problème : « Comment s’écrit ce texte, est-ce qu’on sait l’écrire ?"
- y faire jouer plutôt en petits groupes[2]
- faire écrire le texte au brouillon d’abord. Comme un essai.
- faire jouer « à la parlante » , en donnant le droit de demander de l’aide pour les mots qu’on ne sait pas écrire, aux autres, puis à l’enseignant, qui doit toujours valider l’orthographe exacte du mot demandé, en l’écrivant au tableau le cas échéant.
Il ne s’agit pas ici de dictée préparée à l’avance. Car comme le disait jadis une de mes collègues et amies de CM2, c’est quand on a le mot au bout du stylobille que la difficulté apparaît vraiment…
- Eventuellement ménager un temps d’échange à l’intérieur du petit groupe. Ceci n’est pas obligatoire, on peut aussi se contenter d’un essai individuel de production .
- Eventuellement aussi un temps où utiliser des outils d’aide (tableaux de conjugaison, ou dictionnaire, en particulier s’il y a discussion)…Mais ce n’est pas toujours nécessaire car ce temps alourdit la réalisation, et véhicule l’idée d’une tâche compliquée, alors que l’enseignant et les autres sont là, et compétents pour faire avancer la tâche.
- Puis procéder à la mise en commun pour établir la forme orthographiquement correcte du texte. Cette mise en commun doit être établie clairement au tableau, qui sert de référence, et validée par l’enseignant.
- Faire bien relire, puis recopier le produit sur un cahier.
- Ce cahier, qu’on pourrait appeler « recueil de textes » pourrait servir de mémoire, « un cahier- mémoire » et de référence possible lors de situations ultérieures.
Il pourrait être illustré, à la guise de chacun, ce serait un outil personnel. Une fois contrôlé, bien sur !!!
Il est très important à mon avis,
-Que les élèves aient l’impression que cette activité, loin d’être un simple exercice, contribue à donner au texte une existence –écrite-, une sorte de statut…c’est pourquoi le choix des textes par l’enseignant ou par l’élève est très important : il ne s’agit ni de choisir des textes artificiellement composés de difficultés accumulées , ni des phrases aléatoires…L’essentiel , c’est le sens du texte, son intérêt…tout texte en effet présente suffisamment de difficultés orthographiques pour qu’il soit intéressant de chercher à l’écrire et l’orthographier.Ce n'est donc pas sa difficulté orthogaphique qui doit déterminer son choix.
-Qu' elle donne lieu à un « produit » soigné autant qu’il se peut, qu’on aura plaisir à retrouver
-Que ce travail ne soit pas contaminé par un décompte comptable du nombre de« fautes » ni se solde par une estimation d’échec ou d’insurmontable difficulté.
On pourra faire par ailleurs des évaluations, mais ce travail devrait rester un travail d’apprentissage de l’écriture d’un texte…
-Que l’aide apportée soit constante et diligente, sans trop mégoter avec des « tu le sais ! », « tu devrais bien le savoir ! », « quoi ! tu ne le sais pas encore !!!! »
Conclusion :
Même s’il s’agit là d’une activité très organisée et structurée dans son déroulement, le geste d’enseignement qu’elle met en œuvre devrait je crois être généralisé à toutes les tâches d’écriture, à savoir :
-on va écrire tel ou tel texte
-est-ce qu’on sait ?
-qu’est-ce qu’on ne sait pas ? Voilà les aides nécessaires
-on essaie et je (ou d’autres , variables selon la compétence attendue pour cette tâche) vérifie, « parce que en principe j’en sais plus que vous sur la norme othographique »
Remarque:
Ces dictées à la parlante m’ont permis personnellement d’aider des proches de ma famille, je les ai ensuite utilisées avec des adultes réputés « illettrés », puis nos enfants de l’école, et parfois du collège…
Rappel du matériel et des ingrédients nécessaires :
- du texte, du vrai texte…
- un stylo bille, ou éventuellement un crayon et une gomme
- un bloc sténo
- un cahier
- le tableau ou un paper board…
[1] L’expression, empruntée à la théorie de la communication et utilisée par Laurence Lentin pour décrire le retour que fait l’adulte à ce que dit l’enfant. Simple retour de compréhension, « Oui tu veux dire » « Oui, d’accord » ou d’incompréhension « ??? »…
Il peut aussi reprendre « dans la foulée » l’énoncé produit par l’enfant d’une manière plus explicite et correcte,. Il est alors dit feed back correctif…
[2] Le reste de la classe peut être occupée, de préférence individuellement à d’autres travaux orthographiques autonomes, recopier la « récitation », la production d’écrit, des phrases qu’on aime, des titres de chansons ou de livres, dans son recueil de textes, rentrer un texte sur l’ordi ….
1 commentaire:
Je pense que c'est une aberration ( et même un exercice illusoire sur le plan d'un apprentissage )de contraindre un jeune apprenant à écrire, sous la dictée d'un maître , un texte qui n'a pas de sens pour lui ,un texte qui ne peut lui parler puisqu'il ne l'a pas produit lui-même....Seul le désir de donner une existence écrite à son vécu , pour le donner à lire aux autres , peut conduire un jeune vers le désir d'accéder à une bienséance orthographique...Au maître , donc, de savoir mette en place les situations propices à l'éveil d'un tel désir .
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