mardi 10 juin 2014

Richard GALLIANO à Foix, un époustouflant SOLO…


Le solo est certes un exercice  singulier et saisissant …
Plus qu’un chanteur que l’orchestre ou un instrumentiste accompagne, cet homme seul en scène avec son accordéon embrassé, semble nous inviter à un face à face intime et tendu…
C’est un concert singulier sans doute pour lui, mais aussi pour nous, écouteurs passionnés qui concentrons toutes nos attentes sur celui( ou celle) qui va jouer pour nous .
 Il se trouve, mais est-ce un hasard, que les solos  finalement assez  nombreux auxquels nous avons  assisté, l’étaient toujours  de musiciens qui nous sont particulièrement chers, Bruno Maurice, Philippe de Ezcurra, Renaud Garcia- Fons,  et bien sûr Richard Galliano.
 Et chaque fois à notre impatiente attente, se mêle comme une implication personnelle, un peu d’angoisse ou d’anxiété, la peur que ce ne soit pas aussi bien qu’on l’attend, aussi bien que la dernière fois, aussi bien que notre mémoire en garde le prégnant souvenir…
Et c’est sans doute aussi un exercice singulier, périlleux et fragile,  pour l’artiste qui porte seul  tout le poids de ces attentes …

Ainsi d’ailleurs l’avoua avec un peu d’ humour  et beaucoup de simplicité, l’ homme modeste au bel accordéon noir , vêtu de  noir , entré sur une scène noire et sombre …
Il ne l’avoua qu’après trois morceaux très beaux, enchaînés sans un mot …trois morceaux chargés de force magique, trois morceaux que nous aimons, Habanerando, Tango pour Claude, Fou rire…
« -J’étais un peu stressé comme à chaque fois, de ne pas y arriver…mais ça va, je suis en forme, je crois … »






Et en forme, oui, il l’était !
Tout, il y eut tout, tout, tout, dans ce Solo de Richard Galliano  a Foix…

La virtuosité extrême et son aboutissement suprême, l’évidence de la simplicité…
L’art des contrastes,  puissance et la légèreté, l’émotion et l’allégresse,
Le swing et la mélodie


Et la créativité inspirée de l’ improvisation sur les thèmes familiers que l’on aime et qui chantent dans nos têtes et que l’on aime retrouver, puis perdre sur des chemins qui divergent pleins  de découvertes et de délicieuses surprises avant de  revenir chanter familièrement …

ô Indifférence ! et Libertango , et Gelsomina selon Galliano ! mais aussi les Galliano de toujours, réinventés délicieusement, New York tango, Sertao ,la valse à Margaux, Barbara, et aussi cette Javanaise traditionnellement fredonnée avant  de se résoudre à se quitter…

Et l’humanité d’un musicien qui avoue son stress à mener à bien mener son Solo, qui affirme encore une fois sa fidélité à Nougaro et à Barbara, et le dit  en musique sur un Tango pour Claude ou en3 p’tites notes, sa  fidélité à ses racines « Musette », splendidement réinventées, sa fascination pour les  musiques d’Ailleurs , qu’il avoue avec modestie ne pas pouvoir   jouer aussi  bien que les musiciens d’Ailleurs…
Tout,  même son accueil simple et chaleureux à notre égard, les « adorateurs fidèles » et obstinés,  à l’issue du concert !
 « Epoustouflant », a dit notre vieil ami Pierre, musicien modeste et inspiré, remarquablement ouvert à toutes  les formes de musique.
ET il restait là ,assis, subjugué…

Tout, Tout...! jusqu’ à l’atmosphère de cette salle de « L’Estive » , relativement grande mais encore intime, pleine, chaleureuse…à l’acoustique remarquable… Une sorte de simplicité de l’accueil, de  la présentation du concert, de l’éclairage de scène justement dosé, du son justement ajusté…
Une sorte de simplicité du personnel, un empressement à accueillir avec gentillesse.
Une sorte de simplicité dans l’enthousiasme vibrant manifesté par le public…

Tout oui tout, … peut-être ajouterai-je les échanges avec Martine C , qui accompagnait RG et qu’une responsable de l’accueil m’a permis de rencontrer ce soir, qui ne furent  pas étrangers à cette impression de communication chaleureuse, éprouvée tout au long de cette soirée,  et dont je la remercie.

Tout un contexte qui contribua encore à l’intimité du solo, l’impression de face à face, l’impression que Richard Galliano jouait  pour nous, et percevait  chacune de nos vibrations…




 Et quand je resonge à cette soirée, outre le plaisir parfait du concert, partagé de surcroît avec nos amis aficionados de Richard,  je reprends  confiance en l’existence de moments  culturels  dans notre  Province…Existence dont  parfois je doute, tant Paris et sa couronne ( !!!) et les grands show-parisiens ! - du Sud Est, me semblent attirer et concentrer tout l’art du monde…
( Et ça, depuis Molière : « Car  Il faudrait être l'antipode de la raison, pour ne pas confesser que Paris est le grand bureau des merveilles, le centre du bon goût, du bel esprit …") !!!!

Des solos, ceux de Richard Galliano en particulier, j’ aime l’attente un peu inquiète.



 Ces rendez-vous longtemps attendus, « Face to face » , sont des moments   de grands bonheurs  musicaux …

Bonheurs ambigus, parce que toujours trop courts ,et qu’on les quitte avec le seul désir qu’ils se renouvellent bientôt !!!!



2 commentaires:

Mathieu a dit…

J'ai eu le grand bonheur d'écouter Richard Galliano en duo avec Thierry Caens l'année dernière dans une église en Bourgogne (son acoustique, pas de sono); quel beau moment

françou a dit…

oui je pense que ce devait être prodigieux...J'aimerais bien avoir l'occasion...Surtout dans ces conditions...Amitiés