Ma
mère disait (au féminin d’ailleurs, hum ???) : » Elle est
journalière »
L’épithète pouvait concerner
l’humeur, mais aussi l’éclat du teint,
le contour des yeux , la fraîcheur du visage…
Dans ce cas, elle s’associait à : « Elle
serait jolie, mais … »
S’il
s’agissait de l’humeur, elle ajoutait « Elle a ses jours ! »
Plus tard j’ai adopté l’idée de « cyclothymie »,
l’image d’un cycle dont je n’étais pas forcément maîtresse, convenait à ce que je ressentais
…
Plus
le temps a passé plus ma sensibilité aux météores s’est accentuée, le passage à l’hiver le lent et inexorable déclin des jours,
la chute des feuilles donnant aux
paysages un aspect pourrissant puis terne,
la pluviosité interminable du printemps qui occulte l’allongement des
jours, tout cela cyclique, ou non, a commencé à me peser !
Seul
l’hiver finalement me convenait qui dégage magiquement la structure des arbres
s’élevant vers le ciel, et qui parfois offre les métamorphoses de la neige…
Puis l’été… avec la mer, elle était
retrouvée, quoi l’éternité ? « C’est la mer allée avec le
soleil ! »
C’était
classique, c’était païen, c’était Vertumne, le Dieu aux deux visages , c’était
Démeter et Chorée…
Et puis voilà qu’au fil des ans, s’installe
en moi une humeur « journalière »…
Devrais- je me réinstaller dans
l’épithète maternelle ?
Non ! non ! heureusement on a
découvert… la bipolarité !!!!
Dans
les conversations, les médias, les polars, les revues plus ou moins « psy »
court le …bipolaire !
Bipolaire suis-je donc ? sensible aux météores, plus dynamique
quand j’ouvre mes fenêtres au soleil du matin, ravie de contempler le ciel du soir
de solstice…
A tous les vents des émotions balancée,
un sms de Chacha , le partage d’une
analyse littéraire , ou d’une émotion musicale , la danse de Camille , un coup
de fil dialogue riche de cette philosophie qu’ont parfois les enfants, une
blague complice avec ceux que j’aime, , un petit chat du soir avec Nadja, une fugue à deux avec Michel vers un concert, un concert parfait, une rencontre d’après
concert, un message amical , une belle histoire lue ou relue , vue ou revue, un
beau texte, un tableau saisissant…
….Et
au vents contraires de l’angoisse du temps qui passe, de la peur de la maladie
, de l’anxiété pour les autres et de l’autre, perçue et ressentie comme ce petit vide au creux de l’estomac qu’on
appelle inquiétude…
Et
voilà que c’est une vraie maladie pandémique !
L’humeur
sociale est bipolaire, les gens fêtent la musique,
...et mangent mangent …sortent
au soleil , se ruent dans les cafés et les restaurants et mangent mangent ,
filent se balader dès le WE venu, et
mangent mangent, sous l’ironie de Michel , « c’est la crise ! »
Les infos politiques ramassent à la
pelle les exactions, financières, les trahisons fratricides, les fermetures d’entreprises,
les impuissances du pouvoir…
Et si les Bleus gagnent s’élève une
allégresse, candidement orchestrée par
les medias qui avaient pourtant du même
élan analysé, pronostiqué le ratage, le sombre cynisme, le scandaleux, le pire…
Et voilà que le climat lui-même, le climat de
nos régions tempérées, se met à l’unisson, à son tour bipolaire ! pluies
froides et serrées, froids brusques de Saints
de glaces à toutes dates, soudain jours
chauds, lumineux, presque caniculaires… on range les doudounes pour les ressortir,
les filles sortent leurs jolies jambes pour les revêtir en hâte…
Vertumne
est à nouveau le Roi de la météo du
temps et des humeurs…
Doit-on
le honnir ? « Qu’il se casse ! » ou le vénérer pour qu’il se nuance …. ?
Ou
s’accommoder nous mêmes de l’Incertitude, qui, si elle marque nos jours du sentiment
de la précarité du bonheur, peut nous promettre peut-être en revanche la précarité du malheur ?
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