dimanche 22 juin 2014

Bipolaire….c’est tendance !!!


Ma mère disait (au féminin d’ailleurs, hum ???) : » Elle est journalière »
L’épithète pouvait  concerner  l’humeur,  mais aussi l’éclat du teint, le contour des yeux , la fraîcheur du visage…
Dans ce cas, elle s’associait à : « Elle serait jolie, mais … »
S’il s’agissait de l’humeur, elle ajoutait « Elle a ses jours ! »
 Plus tard j’ai adopté l’idée de « cyclothymie », l’image d’un cycle dont je n’étais pas  forcément maîtresse, convenait à ce que je ressentais …
Plus le temps a passé plus ma sensibilité aux météores s’est accentuée, le passage à  l’hiver le lent et inexorable déclin des jours, la chute des feuilles  donnant aux paysages un aspect pourrissant puis terne,  la pluviosité interminable du printemps qui occulte l’allongement des jours, tout cela cyclique, ou non, a commencé à me peser !
 Seul l’hiver finalement me convenait qui dégage magiquement la structure des arbres s’élevant vers le ciel, et qui parfois offre les métamorphoses de la neige…

Puis l’été… avec la mer, elle était retrouvée, quoi l’éternité ? « C’est la mer allée avec le soleil ! »





C’était classique, c’était païen, c’était Vertumne, le Dieu aux deux visages , c’était Démeter et Chorée…
Et puis voilà qu’au fil des ans, s’installe en moi une humeur « journalière »…
Devrais- je me réinstaller dans l’épithète maternelle ?
 Non ! non ! heureusement on a découvert… la bipolarité !!!!
Dans les conversations, les médias, les polars, les revues plus ou moins « psy »  court le …bipolaire !
Bipolaire suis-je  donc ? sensible aux météores, plus dynamique quand j’ouvre mes fenêtres au soleil du matin, ravie de contempler le ciel du soir de solstice…
A tous les vents des émotions balancée, un sms de Chacha ,  le partage d’une analyse littéraire , ou d’une émotion musicale , la danse de Camille , un coup de fil dialogue riche de cette philosophie qu’ont parfois les enfants, une blague complice avec ceux que j’aime, , un petit chat du soir avec Nadja,  une fugue à deux avec Michel vers un concert,  un concert parfait, une rencontre d’après concert, un message amical , une belle histoire lue ou relue , vue ou revue, un beau texte, un tableau saisissant…
….Et au vents contraires de l’angoisse du temps qui passe, de la peur de la maladie , de l’anxiété pour les autres et de l’autre, perçue et ressentie comme  ce petit vide au creux de l’estomac qu’on appelle inquiétude…
Et voilà que c’est une vraie maladie pandémique !
L’humeur sociale est bipolaire, les gens fêtent la musique, 

...et mangent mangent …sortent au soleil , se ruent dans les cafés et les restaurants et mangent mangent , filent  se balader dès le WE venu, et mangent mangent, sous l’ironie de Michel , «  c’est la crise ! »
Les infos politiques ramassent à la pelle les exactions, financières, les trahisons fratricides, les fermetures d’entreprises, les impuissances du pouvoir…
Et si les Bleus gagnent s’élève une allégresse,  candidement orchestrée par les medias qui avaient pourtant  du même élan analysé, pronostiqué le ratage, le sombre cynisme, le scandaleux, le pire…

 Et voilà que le climat lui-même, le climat de nos régions tempérées, se met à l’unisson, à son tour bipolaire ! pluies froides et serrées,  froids brusques de Saints de glaces à toutes  dates, soudain jours chauds, lumineux, presque caniculaires… on range les doudounes pour les ressortir, les filles sortent leurs jolies jambes pour les revêtir en hâte…
Vertumne est à  nouveau le Roi de la météo du temps et des humeurs…
Doit-on le honnir ? « Qu’il se casse ! » ou le vénérer pour  qu’il se nuance …. ?

Ou s’accommoder nous mêmes de l’Incertitude, qui, si elle marque nos jours du sentiment de la précarité du bonheur, peut nous promettre peut-être  en revanche la précarité du malheur ?


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