Le
solo est certes un exercice singulier et
saisissant …
Plus
qu’un chanteur que l’orchestre ou un instrumentiste accompagne, cet homme seul
en scène avec son accordéon embrassé, semble nous inviter à un face à face
intime et tendu…
C’est
un concert singulier sans doute pour lui, mais aussi pour nous, écouteurs
passionnés qui concentrons toutes nos attentes sur celui( ou celle) qui va
jouer pour nous .
Il se trouve, mais est-ce un hasard, que les
solos finalement assez nombreux auxquels nous avons assisté, l’étaient toujours de musiciens qui nous sont particulièrement chers,
Bruno Maurice, Philippe de Ezcurra, Renaud Garcia- Fons, et bien sûr Richard Galliano.
Et chaque fois à
notre impatiente attente, se mêle comme une implication personnelle, un peu
d’angoisse ou d’anxiété, la peur que ce ne soit pas aussi bien qu’on l’attend,
aussi bien que la dernière fois, aussi bien que notre mémoire en garde le
prégnant souvenir…
Et c’est sans doute aussi un exercice
singulier, périlleux et fragile, pour
l’artiste qui porte seul tout le poids
de ces attentes …
Ainsi
d’ailleurs l’avoua avec un peu d’ humour et beaucoup de simplicité, l’ homme modeste au
bel accordéon noir , vêtu de noir , entré
sur une scène noire et sombre …
Il ne l’avoua qu’après trois morceaux
très beaux, enchaînés sans un mot …trois morceaux chargés de force magique,
trois morceaux que nous aimons, Habanerando, Tango pour Claude, Fou rire…
« -J’étais
un peu stressé comme à chaque fois, de ne pas y arriver…mais ça va, je suis en
forme, je crois … »
Et en forme, oui, il l’était !
Tout,
il y eut tout, tout, tout, dans ce Solo de Richard Galliano a Foix…
La
virtuosité extrême et son aboutissement suprême, l’évidence de la simplicité…
L’art
des contrastes, puissance et la légèreté,
l’émotion et l’allégresse,
Le
swing et la mélodie
Et la créativité inspirée de l’
improvisation sur les thèmes familiers que l’on aime et qui chantent dans nos
têtes et que l’on aime retrouver, puis perdre sur des chemins qui divergent
pleins de découvertes et de délicieuses
surprises avant de revenir chanter
familièrement …
ô Indifférence ! et Libertango ,
et Gelsomina selon Galliano ! mais aussi les Galliano de toujours,
réinventés délicieusement, New York tango, Sertao ,la valse à Margaux, Barbara,
et aussi cette Javanaise traditionnellement fredonnée avant de se résoudre à se quitter…
Et
l’humanité d’un musicien qui avoue son stress à mener à bien mener son Solo,
qui affirme encore une fois sa fidélité à Nougaro et à Barbara, et le dit en musique sur un Tango pour Claude ou en3
p’tites notes, sa fidélité à ses racines
« Musette », splendidement réinventées, sa fascination pour les musiques d’Ailleurs , qu’il avoue avec
modestie ne pas pouvoir jouer aussi bien que les musiciens d’Ailleurs…
Tout,
même son accueil simple et chaleureux à
notre égard, les « adorateurs fidèles » et obstinés, à l’issue du concert !
« Epoustouflant », a dit notre vieil
ami Pierre, musicien modeste et inspiré, remarquablement ouvert à toutes les formes de musique.
ET il restait là ,assis, subjugué…
Tout, Tout...! jusqu’ à l’atmosphère de
cette salle de « L’Estive » , relativement grande mais encore intime,
pleine, chaleureuse…à l’acoustique remarquable… Une sorte de simplicité de l’accueil,
de la présentation du concert, de
l’éclairage de scène justement dosé, du son justement ajusté…
Une sorte de simplicité du personnel,
un empressement à accueillir avec gentillesse.
Une sorte de simplicité dans
l’enthousiasme vibrant manifesté par le public…
Tout
oui tout, … peut-être ajouterai-je les échanges avec Martine C , qui
accompagnait RG et qu’une responsable de l’accueil m’a permis de rencontrer ce
soir, qui ne furent pas étrangers à
cette impression de communication chaleureuse, éprouvée tout au long de cette
soirée, et dont je la remercie.
Tout
un contexte qui contribua encore à l’intimité du solo, l’impression de face à
face, l’impression que Richard Galliano jouait pour nous, et percevait chacune de nos vibrations…
Et quand je resonge à cette soirée, outre le
plaisir parfait du concert, partagé de surcroît avec nos amis aficionados de
Richard, je reprends confiance en l’existence de moments culturels dans notre Province…Existence dont parfois je doute, tant Paris et sa couronne
( !!!) et les grands show-parisiens ! - du Sud Est, me semblent
attirer et concentrer tout l’art du monde…
(
Et ça, depuis Molière : « Car Il faudrait être l'antipode
de la raison, pour ne pas confesser que Paris est le grand bureau des
merveilles, le centre du bon goût, du bel esprit …") !!!!
Des solos, ceux de Richard Galliano en
particulier, j’ aime l’attente un peu inquiète.
Ces rendez-vous longtemps attendus, « Face
to face » , sont des moments de
grands bonheurs musicaux …
Bonheurs ambigus, parce que toujours
trop courts ,et qu’on les quitte avec le seul désir qu’ils se renouvellent
bientôt !!!!
2 commentaires:
J'ai eu le grand bonheur d'écouter Richard Galliano en duo avec Thierry Caens l'année dernière dans une église en Bourgogne (son acoustique, pas de sono); quel beau moment
oui je pense que ce devait être prodigieux...J'aimerais bien avoir l'occasion...Surtout dans ces conditions...Amitiés
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