Oui je sais cette fête des mères, c’est la fête à Pétain, c’est la fête aux fleuristes, c’est la fête aux bijoutiers et aux parfumeurs…
Mais je sais bien que je serais un peu triste si nul ne me disait ce jour-là, sans fleurs, ni bijoux (quoique !) «Bonne Fête, Mamouna ! »
Alors même si je n’attends pas ce jour pour penser à toi, Mérotte, je veux avoir pour toi qui aimais les lettres et en écrivais beaucoup, une petite pensée spéciale, en forme de texte, en forme de fête…
Trop entière et passionnée, ma mère n’avait pas le moindre humour…En revanche, elle aimait rire et riait souvent d’un rire « méridional », chaleureux, incoercible, et communicatif…
Comme disait ma grand-mère, d’un ton sévère et réprobateur, « toujours, quand elle faisait des bêtises …ta mère, elle riait !!!»
Et de nous raconter souvent l’histoire du « quai de la gare de Béziers.. » !!!
Ma grand mère, adorait voyager. Elle voyageait beaucoup avec ses modestes moyens, à pied, à dos de mulet dans son enfance, puis en car et enfin en train, quand son « cheminot » de mari lui offrit la gratuité des Chemins de Fer …
Elle prenait une valise la plus petite possible, qu’elle rangeait avec une efficacité remarquable, mais était contrainte malgré tout d’y annexer un certain nombre de petits paquets ou de petits sacs, ficelés les uns aux autres puis à la poignée, ou sur l’avant, ou trimballés dans l’autre main…
Quand ma mère était encore gamine, un jour que toujours ponctuelle, ma grand mère se hâtait sur le quai de la gare de Béziers, vers la tête de train, traînant valise, paquets divers, et ….sa fille , la valise, s’ouvrit, dispersant les paquets attachés, répandant sur le quai son contenu si bien plié….aux pieds de ma mère qui faillit s’y empêtrer et qui, « au lieu d’aider ! », « Oui, au lieu d’aider à ramasser ! », se mit à rire de son fameux rire, de ce rire incoercible qui fait venir les larmes au yeux et donne mal au ventre, qui se communiqua à tous les voyageurs autour sur le quai , …sauf à ma grand mère, bien sûr, qui, vexée, furieuse, s’empressait de vite ramasser les affaires autrefois bien repassées et pliées, de les enfourner à la hâte dans la valise qui de surcroît ne fermait plus très bien, et foudroyait du regard sa fille, et son rire qu’elle n’était pas près d’oublier….comme ses récits récurrents nous le prouvèrent…
Ce rire de ma Mère, moi non plus je ne suis pas près de l’oublier….
1 commentaire:
Il y a un an, à la faveur de je ne sais plus quel lien, j'ai eu le plaisir de découvrir ce blog et plus particulièrement un très beau texte intitulé "Bonne fête Mérotte", où tu évoquais une plante qui lui avait appartenu et qui avait refleuri. L'émotion qui émanait de tes mots m'était allée droit au coeur et depuis, je me plais à venir déguster tes textes et à y découvrir mille sources de connivence.
Edith
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