samedi 22 mai 2010

Chemin

Après une suite de jours pluvieux et froids, de saints de glace et de morosité, ce vendredi matin, l’air était clair, pétillant, juste un peu frais avec à peine ce qu’il fallait d’arrière fond de tiédeur…quand j’ai pris la route pour quitter Toulouse vers Pau…

Je conduisais, donc pas de photos possibles, rien que les MOTS  pour décrire la beauté de ce paysage ce jour là .Une sorte de résultante de la rencontre fortuite de la tiédeur de l’air, d’une terre encore riche de l’humidité des jours passés, de feuillages juste naissants, poussières de vert tendre ou rosé, de l’éclosion tardive des acacias, de champs encore presque nus, ornés de la seule gravure de leurs sillons, du reste sur la montagne d’une neige tardivement tombée.

L’autoroute, qui épouse à certains endroits le vallonnement et les courbes douces du Piémont ressemblait à une large allée d’acacias. A chaque sommet, sur ma gauche, on voyait par échappées la montagne qui nous accompagnait, d’un bleu ardoisé sur la ciel bleu pur, et dont les restes de neige dessinaient la crête…, et devant, des étendues de champs beiges bordés en haies de toutes les gammes de feuillage, peupliers, bouleaux, charmes, diversement verts, dans lesquels les conifères traçaient leur contraste vert sombre.

Le départ est certes un lieu commun de la littérature et du cinéma. Poésie urbaine du "long orphelinat des gares", nostalgies antiques des Ulysse ou des Corée, ou road movies des diligences, ou autres wagons et frégates… ce LIEU COMMUN ME PLAIT.

Depuis que sur les épaules de mon père je l’écoutais raconter un petit sous-verre de la salle à manger : « La diligence va partir !!! » ?
Depuis qu’enfant je pris pour la première fois l’autorail, on disait « La Pauline ! »,pour aller chez mon amie Eliane, avec un mélange d’excitation de la retrouver et d’angoisse de rater l’arrêt, ou de ne pas savoir ouvrir la porte, ou de ne pas descendre du bon côté ?
Depuis que j’ai quitté la maison de mes parents « pour mon avenir »et « pour mon bien », en tout cas pour l’internat ? Je ne sais…

Partir est toujours pour moi un mélange AMBIGU du désir violent et fantasmé d’un ailleurs, et de l’angoisse non moins violente d’un déchirement…



Ainsi songeais-je en ce radieux vendredi, en quittant mes trois petites de Toulouse et leur maison, et partant avec impatience vers ma maison, vers Michel resté chez nous et m’attendant …

Et j’écoutais VIVRE de Stéphane Délicq, et je trouvais que sa musique, à la fois rythmée, mélodieuse, pleine d’énergie vitale et d’une certaine mélancolie, que sa mort prématurée renforce du sentiment de l’irréparable…sa musique s’accordait bien à mes sentiments…







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