Ce Vendredi 6 Mars, le nouveau
roman de Fred Vargas est paru …
Enfin « Notre Vargas » a sorti son roman !…Notre
Vargas , c’est une connivence entre mon
amie Céline et moi…Céline a été une de mes stagiaires à la fac en didactique de
la langue .
Je ne sais , je l’espère , si
j’ai pu lui enseigner un peu des Arcanes de l’apprentissage de la lecture, des secrets didactiques ou pédagogiques de
l’écriture, et des mystères de
l’enseignement de l’orthographe et de la grammaire…
Mais toujours est-t-il que j’ai souvent pensé qu’en matière de romans elle en connaissait peut-être plus que moi… !
Mais toujours est-t-il que j’ai souvent pensé qu’en matière de romans elle en connaissait peut-être plus que moi… !
Et c’est à elle que je dois
d’avoir rencontré un jour l’univers fascinant de Fred Vargas, que je ne
connaissais pas alors, et dont elle me confia pour me convertir deux de ses
romans de chevet…et j’ai à mon tour converti ma fille Nadja ...
Souvent quand nous nous
retrouvons avec Céline nous prenons de réciproques nouvelles des parutions de
notre auteur…et nous nous sommes un peu inquiétées ces temps -ci que le dernier
petit fût long à venir…Il n’y pas que les auteurs qui s’inquiètent du syndrome
de la page blanche…. !
Bref, croisant dans Télérama
l’annonce de l’interview de Fred Vargas à la Grande Librairie à « l’occasion
de la parution de « son dernier
opus » != son nouveau roman quoi ! j’ai loupé Section de
recherche pour entendre notre Fred, dont
j’avais déjà manqué une conférence lors de sa venue à Pau…
Eh bien, le moins que l’on puisse
dire, c’est qu’elle ne nous l’a pas très bien vendu « son opus » en
tout cas qu’elle ne ME l’a pas très bien
vendu … Bien sûr peu importe , je l’ai acheté aussitôt, sûre qu’il serait
Vargas pur plaisir…
Et ce ne sont pas les questions
de François Busnel qui ont pu l’y aider …en lui conseillant d’être elle-même,
il n’a fait qu’accroître une sorte d’ embarras qu’elle manifestait.
Je crois que ce qu’elle cherchait à faire, ce n’était
pas parler de ce roman, mais c’était plutôt évoquer son écriture, comme un roman métaphorique de
sa création difficile , où les idées se dérobaient d’abord , puis survenaient et s’imposaient tyranniquement,
comme indépendamment d’elle, comme
malgré elle , où les mots filaient bon train devant elle, construisant à leur guise des épisodes ou des
séquences imprévues, et faisaient surgir en free-lance une vie foisonnante
qu’elle devait maîtriser à grand peine .
Au fond à mesure qu’elle parlait
elle me donnait l’impression de s’engager et d’égarer dans des entrelacs de chemins
incertains comme ceux dont parle Heidegger,
« ces chemins de forêt qui ne mènent nulle part »
Bien sûr ces chemins difficiles
d’écriture, sans doute pouvaient-ils
être intéressants, ou fascinants …Un peu
comme un roman du roman…
Mais moi ce n’était pas ce que
j’aurais voulu savoir , j’aurais aimé savoir pourquoi elle avait créé
Adamsberg, l’avait doté de cette étrange intuition nébuleuse et clairvoyante , de
ce caractère tendre, sensible, et
infidèle, et aussi les personnages en
contraste de son équipe, pourquoi finalement
elle s’était attachée à lui et eux
exclusivement ,en abandonnant ses premières « créatures ».
Ou d’où elle tirait cette
érudition qui semblait à base quasi scientifique mais basculait dans le fantastique…
d’où aussi tous ces personnages secondaires hyper réalistes d’apparence, qui
semblent « si vrais qu’on n’a pas pu les inventer » (Diderot) ,mais
en même temps mi poétiques ou bizarres ,
étranges… et ces jeux verbaux auxquels ils se livrent…
Bref ce qui m’attache à la
lecture de ses romans …
J’ai eu l’impression de revivre
en l’écoutant mon passé d’étudiante de lettres : je détestais lire les
biographies de auteurs et les analyses de
leurs œuvres. Bien sûr je les lisais, programme obligeait, et je dois
reconnaître que certaines fois j’y ai trouvé les clés d’un supplément de
lectures possibles, je pense à la mise en scène de Phèdre par Jean Louis Barrault,
les notes de lecture de Charmes par
Alain, l’analyse des systèmes de personnages par Henri Mitterrand….et
finalement un certain nombre d’autres ….
Mais ce que j’aimais essentiellement,
ce qui m’inclinait à penser que lire le
reste(le para texte disait-on !) me faisait perdre mon temps, c’était lire
les œuvres, et parler de cette lecture, voire la partager…
C’est pourquoi jeudi soir j’ai beaucoup aimé ce que Jérôme
Ferrari a dit de son roman Le principe, la présentation de son projet avec
concision et une évidente clarté…
J’ai beaucoup aimé aussi la présentation que Jean -Luc Seigle a fait de
son livre « J’écris dans le noir », la mise en roman de l’aventure terrible de Pauline Dubuisson !
Et pourtant cet intérêt effectif, purement intellectuel
pour leur démarche , ou culturel , sociologique
ou moral, pour leurs contenus , même
l’émotion affective suscitée en ce qui concerne ce dernier , n’a pas éveillé
en moi le moindre désir de lire les œuvres elles-mêmes.
Et paradoxalement, je n’irai lire
ni l’un ni l’autre …
Mais j’ai couru acheter Temps
Glaciaires et m’y suis plongée dès hier au soir …
Et la magie Vargas a recommencé….
Après tout, c’est une alchimie,
qu’apporterait d’en connaître les principes ? Qu’apporterait ce que
l’auteur a voulu dire ? Après tout
comme elle l’a laissé entendre, le livre
l’a quittée, et c’est donc à nous maintenant qu’il appartient !
Et en retrouvant Adamsberg , perdu dans ses pelletées de
nuages , d’où surgit tout à coup l’idée, j’ai repensé aux réponses brumeuses de
Fred Vargas ,perdue dans ses sentiers sans issues, à un regard tout à coup lumineux
, qu’elle a eu en s’intéressant aux autres , et à Pauline Dubuisson en particulier : «A-t-elle tiré un ou
plusieurs coups… ….?»et expliquant avec une clarté soudaine son hypothèse, j’ai pensé tout à coup,qu’ elle
aurait pu dire comme Flaubert pour son Emma…
« Adamsberg , c’est
moi ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire