Merci Daniel Mille , merci Jean-Louis Trintignant …je relis
les Paroles de Jacques Prévert…
Bien tristes, en dehors de la Cène et du Quartier libre ,
que j’adore, m’avaient paru les choix de
Trintignant…
Eh bien ! je
l’avoue, mes lectures de cet après-midi lui ont donné en partie raison . bien
des textes pour surréalistes, ou
simplement fantaisistes, voire drôles
, et poétiques qu’ils soient, ne témoignent pas moins d’un certain désespoir…
Chanson dans le sang, Fleurs et couronnes, Le concert
n’a pas été réussi , Déjeuner du matin, Le désespoir est assis sur un banc…
des titres qui parlent d’eux-mêmes…
La lutte des classes , les rapports sociaux ou familiaux , la guerre, hantent ces vers et y colorent de
révolte ou de dérision les merveilleuses images simples …
La grasse matinée,
« Il est
terrible
Le petit bruit de
l’œuf dur
Cassé sur un comptoir
d’étain
Il est terrible ce
bruit
Quand il remue dans
la mémoire de l’homme qui a faim »
Familiale ,
« La mère fait
du tricot
Le fils fait la
guerre
Elle trouve ça tout
naturel la mère »
Barbara
« Ce n’est même
plus l’orage
De fer d’acier de
sang
Tout simplement des
nuages
Qui crèvent comme des
chiens
…
Et vont pourrir au
loin
Au loin très loin de
Brest
Dont il ne reste
rien »
L’effort humain
L’effort humain n’est
pas ce beau jeune homme souriant
Debout sur sa jambe
de plâtre
…
L’effort humain porte
un bandage herniaire
Et les cicatrices des
combats
Livrés par la classe
ouvrière…
Mais j’ai gardé et veux encore garder de ces vers magiques des
rayons ensoleillés …
Pour toi mon amour
Je suis allé au
marché aux oiseaux
Et j’ai acheté des
oiseaux
Pour toi
mon amour
Je suis allé au
marché aux fleurs
Et j’ai acheté des
fleurs
Pour toi
mon amour
Je suis allé au
marché à la ferraille
Et j’ai acheté des
chaînes
De lourdes chaînes
Pour toi
mon amour
Et puis je suis allé
au marché aux esclaves
Et je t’ai cherchée
Mais je ne t’ai pas
trouvée
mon amour.
IMMENSE ET ROUGE
Immense et rouge
Au-dessus du Grand
Palais
Le soleil d’hiver
apparaît
Et disparaît
Comme lui mon cœur va
disparaître
Et tout mon sang va
s’en aller
S’en aller à ta
recherche
Mon amour
Ma beauté
Et te trouver
Là où tu es
Et pour la fin :
J’ai gardé celui que j’aime entre tous parce que j’aime le sable,
parce que j’aime la mer, parce que j’aime qu’on aime..
SABLES MOUVANTS
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin la mer s’est
retirée
Et toi
Comme une algue
doucement caressée par le vent
Dans les sables du
lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer
s’est retirée
Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues
sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues
pour me noyer
2 commentaires:
Bien longtemps que je n'ai pas relu Prévert, mais en te lisant je retrouve instantanément une ambiance familière... Je l'ai lu beaucoup...dans le métro, debout, lorsque je suis arrivée à Paris. Les trajets me semblaient bien courts... Merci pour ce partage Françoise.
Merci de ton passage Sister. Moi non plus je ne l'avais pas lu depuis quelques temps . C'est donc le spectacle Trintignant et Mille qui m'y a ramenée et j'ai bien aimé redécouvrir certains textes un peu laissés pour compte au profit de ceux que j'adore et que je vous ai "écrits"... Bises
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