samedi 7 décembre 2013

Ombres et lumière : Trois petits PRÉVERT ensoleillés…


Merci Daniel Mille , merci Jean-Louis Trintignant …je relis les Paroles de Jacques Prévert
Bien tristes, en dehors de la Cène et du Quartier libre , que j’adore,  m’avaient paru les choix de Trintignant…
Eh bien !  je l’avoue, mes lectures de cet après-midi lui ont donné en partie raison . bien des textes  pour surréalistes, ou simplement fantaisistes,  voire drôles ,  et poétiques qu’ils soient, ne témoignent pas moins d’un certain désespoir…
Chanson dans le sang, Fleurs et couronnes, Le concert n’a pas été réussi , Déjeuner du matin, Le désespoir est assis sur un banc
des titres qui parlent d’eux-mêmes…
La lutte des classes , les rapports sociaux ou familiaux  , la guerre, hantent ces vers et y colorent de révolte ou de dérision les merveilleuses images simples …

La grasse matinée,
« Il est terrible
Le petit bruit de l’œuf dur
Cassé sur un comptoir d’étain
Il est terrible ce bruit
Quand il remue dans la mémoire de l’homme qui a faim »

Familiale ,
« La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère »

Barbara
« Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien »

L’effort humain
L’effort humain n’est pas ce beau jeune homme souriant
Debout sur sa jambe de plâtre
L’effort humain porte un bandage herniaire
Et les cicatrices des combats
Livrés par la classe ouvrière…


Mais j’ai gardé et veux encore garder de ces vers magiques des rayons ensoleillés …



Pour toi mon amour

Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j’ai acheté des oiseaux
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j’ai acheté des fleurs
Pour toi
mon amour
Je suis allé au marché à la ferraille
Et j’ai acheté des chaînes
De lourdes chaînes
Pour toi
mon amour
Et puis je suis allé au marché aux esclaves
Et je t’ai cherchée
Mais je ne t’ai pas trouvée
mon amour.

IMMENSE ET ROUGE
Immense et rouge
Au-dessus du Grand Palais
Le soleil d’hiver apparaît
Et disparaît
Comme lui mon cœur va disparaître
Et tout mon sang va s’en aller
S’en aller à ta recherche
Mon amour
Ma beauté
Et te trouver
Là où tu es



Et pour la fin :
J’ai gardé celui que j’aime entre tous parce que j’aime le sable, parce que j’aime la mer, parce que j’aime qu’on aime..



SABLES MOUVANTS

Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin la mer s’est retirée
Et toi
Comme une algue doucement caressée par le vent
Dans les sables du lit tu remues en rêvant
Démons et merveilles
Vents et marées
Au loin déjà la mer s’est retirée




Mais dans tes yeux entrouverts
Deux petites vagues sont restées
Démons et merveilles
Vents et marées
Deux petites vagues pour me noyer






2 commentaires:

sister for ever a dit…

Bien longtemps que je n'ai pas relu Prévert, mais en te lisant je retrouve instantanément une ambiance familière... Je l'ai lu beaucoup...dans le métro, debout, lorsque je suis arrivée à Paris. Les trajets me semblaient bien courts... Merci pour ce partage Françoise.

françou a dit…

Merci de ton passage Sister. Moi non plus je ne l'avais pas lu depuis quelques temps . C'est donc le spectacle Trintignant et Mille qui m'y a ramenée et j'ai bien aimé redécouvrir certains textes un peu laissés pour compte au profit de ceux que j'adore et que je vous ai "écrits"... Bises