Séduction , déception …
Depuis que les nécessités
professionnelles ne m’imposent plus de lectures « obligées « , plus
encore que par le passé je grignote à ma guise ce qui me tombe sous la main au
rayon du libraire, moins encore que par le passé, je ne me sens obligée de lire
les « sorties » de la rentrée littéraire.
Parfois un titre, un mot dans
Télérama !!!!, une jaquette m’attirent et souvent dans la librairie du
Parvis, lumineuse et claire, calme, joli plancher, bons fauteuils , je m’en lis
une petite tranche, parfois, j’achète pour mieux lire et relire …
La vérité sur l’affaire Harry
Quebert m’a été prêté par un proche .
J’étais alors un peu condamnée à
l’enfermement par la grippe, et le déluge qui accablait notre région, mais ce
n’est pas cela qui m’a attachée à dévorer les 387 premières pages ….
J’éprouvais une totale séduction de l’écriture, des
thèmes, du récit…
Une écriture sobre , précise qui
donne à voir et ressentir la vie, par ces détails dont Diderot disait qu’ils
étaient l’essence du vrai réalisme par cela même que le lecteur dit : « On
n’aurait pu les inventer… »
Et la vie du héros-narrateur , sa
vie à Aurora, dans le New Hampshire, les personnages qu’il rencontre , les
paysages environnants ont une présence
saisissante …Son devenir personnel et la manière dont s’est construite, dont
plutôt il a construit sa personnalité, remarquablement servis par la narration
à la première personne, donnent l’impression d’une déroutante lucidité…
L’enquête dans laquelle s’engage
Marcus Goldman est un vrai thriller, une tension dramatique qui exige de savoir
le fin mot de l’histoire
Ses rapports à son maître Harry Quebert,
complexes, et déroulés dans leurs complexités, m’ont intéressée personnellement, parce qu’il
s’agit d’une relation maître- élève, et sociologiquement, parce qu’il s’agit
d’une université américaine.
Et le thème sans doute les plus porteurs,
qui sous-tend toute le faisceau des thèmes, celui de la difficulté d’écrire, entre
panne d’inspiration et carcan social des contrats d’édition m’a paru passionnant…
Et puis aux trois-quarts de la route, la magie
a cessé, je ne sais pourquoi.
Si, je sais :
Trop de rebondissements : le fil tendu du drame se détend : on n’y
croit plus. Ce pourrait presque s’apparenter à la structure d’une série: à
chaque fin de partie, on rempile pour un nouvel avatar évènementiel…
Trop de thèmes pour moi tout à coup : la richesse tourne à
la foison….
Le rapport récurrent avec sa mère, sans doute
constructeur de sa personnalité, devient caricatural à mes yeux , de l’ordre de
la mère juive de comédie !
Les médias , l’Amérique « profonde »,qui
évoqués au début s’avéraient saisissants
par leur évocation stylisée, perdent peu
à peu leur relief et cessent de vivre dans mon esprit…
C’est peut-être encore « l’affaire »
qui m’intéresse et le fin mot de l’histoire….
La personnalité ambiguë de Marcus, et le
problème "être écrivain ou pas", qui me
poussent à poursuivre nonobstant la lecture …
MAIS… en utilisant un de mes
parcours de lecture favori (si vous connaissez La manière d’être lecteur de Daniel
Pennac, vous comprendrez que j’en revendique la légitimité !)
….Je lis « A rebours » !
Je cherche le dénouement, puis je
remonte d’étape en étape à la construction de cet état final.
Pus de fièvre, plus de tension
dramatique, plus d’émotion, juste la curiosité
intellectuelle pour cette construction…
Dans le cas de ce roman, où il y
a volonté manifeste d’imbriquer époques, lieux , et personnages , cette quête d’ailleurs,
ne manque pas d’intérêt …
Mais ce n’est plus qu’un intérêt intellectuel…d’où sont exclus l’angoisse, la douleur,
le bonheur vécus par procuration, que nous offrent nos romans d’élection.
Des romans qui d’ailleurs ne sont pas
forcément des « chefs d’œuvres » littéraires mais qui réussissent à nous impliquer
fortement.
Et cet intérêt simplement
intellectuel ne comporte en particulier pas le désir de relire et recommencer un parcours
haletant…
3 commentaires:
Je te rejoins absolument. A la fin de la lecture, j'avais l'impression d'être un kangourou, avec tous ces rebondissements.
Et puis le bouquin aurait mérité plus de soin dans la relecture : il traîne beaucoup de fautes, des tournures de phrases bâclées. Par moments, je me suis dit qu'il était à la littérature ce qu'est un téléfilm au cinéma.
Dommage parce que, comme tu le dis, la construction est intéressante mais l'auteur abuse un peu de notre patience. Avec cent pages de moins, le livre aurait été plus percutant.
Je te rejoins absolument. A la fin de la lecture, j'avais l'impression d'être un kangourou, avec tous ces rebondissements.
Et puis le bouquin aurait mérité plus de soin dans la relecture : il traîne beaucoup de fautes, des tournures de phrases bâclées. Par moments, je me suis dit qu'il était à la littérature ce qu'est un téléfilm au cinéma.
Dommage parce que, comme tu le dis, la construction est intéressante mais l'auteur abuse un peu de notre patience. Avec cent pages de moins, le livre aurait été plus percutant.
Je vais ajouter à ta conclusion , si partagée une docte remarque façon vieille ...C...!
"qui ne sut se borner ne sut jamais écrire..."
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