J’étais seule adulte non
accompagnée d’enfants, et croisai à maintes reprises le regard amusé de
quelques spectateurs …
Quand le film a commencé , ce fut
pour moi la surprise …
Si les silhouettes de l’Ours et de la petite Souris
gardaient leurs traits spécifiques, et le contraste de leurs personnages sa
signification fondamentale, si l’effet
d’aquarelle demeurait évident, le grand
écran qui amplifie la présence de la couleur des fonds, le sens des contextes, et place le spectateur au centre leur monde, surprenait ma culture familière de
lectrice des albums de Gabrielle Vincent. Des albums aux fonds souvent clairs , à l’ aquarelle plus diluée, aux traits plus épurés, des albums souvent petits qu’on feuillette d’une main en
tenant un enfant sous l’autre bras …
Et puis l’Ernest de Daniel Pennac
n’était pas celui de mon souvenir, un Ours dont on rêve, dans le giron duquel
on se blottit, protecteur et sage à la fois…Il était devenu cet ours affamé,
maladroit et violent, et réduit pour
vivre, à la cambriole , dont l’instinct créatif se réduisait à assurer sa
survie…
Les thématiques de Pennac
soulignaient la violence sociale, les préjugés de classe, l’oppression des
adultes sur les enfants et le mépris des « déviations »
( !) de l’art ….
« Soulignaient »
seulement car sous leur anodine- et superbe ! » aquarelle, les albums
de Gabrielle Vincent m’ont toujours semblé receler en sourdine cette violence sociale : la naissance de
Célestine , son brutal abandon à la poubelle, les refus et la désapprobation
que subit Ernest quand il veut adopter
la petite souris…les regards souvent méfiants de groupes sociaux qu’ils rencontrent, la
pauvreté et le manque inscrits en permanence dans leur vie commune, me semblent
toujours présents... Mais conjurés par la force de la tendresse, de la vitalité,
et de la créativité, d’Ernestine en
particulier…
« C’est un grain de levain
qui fermente et restitue à chacun une portion
de son individualité naturelle »
Et le film est emporté peu à peu
et moi avec, par cette tendresse puissante qui se construit par étapes entre les
deux personnages disparates !
Et voilà justement à l’œuvre , encouragée par la
force d’Ernest, la créativité de Célestine,
, qui retrace, qui recrée, qui réinvente leur histoire, d’un pinceau nouveau et d’une
autre aquarelle , ceux qui nous étaient familiers, ceux de Gabrielle Vincent… !
La fin comme
début , le roman dans le roman, le dessin en abyme…
Pour Daniel Pennac, lire,
c’est réécrire l’histoire….Et le plaisir en est renouvelé!
[Critique] Ernest et Célestine par apreslaseance
2 commentaires:
Moi je me suis bien fait avoir: je voulais y emmener mes petites-filles, mais... elles étaient déjà allées voir le film avec leurs parents!!!
Fais comme moi, vas-y seule!!!tu seras remarquée!!!
Amicalement!
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