lundi 14 janvier 2013

Bruno Maurice, Jacques di Donato, André Minvielle…au Pont Tournant…


Souvent quand  je réfléchis à mes expériences esthétiques , la lecture des textes, la rencontre de peintures  ou de photos, et plus particulièrement encore l’écoute de la musique, je trouve particulièrement pertinente une catégorie que Michel utilise souvent, empruntée à Roland Barthes, je crois : le « studium et le punctum»…
Traduisons en toute simplicité : l’un  le désir de savoir et le plaisir qui en découle , l’autre l’émotion qui nous « point », émotionnelle ou esthétique …
Souvent en fait on pourrait trier les œuvres qu’on rencontre selon l’un ou l’autre effet ressenti…
C’est ainsi pour moi  pour les textes , surtout quand mon métier m’amenait à lire et « étudier » des Œuvres dites « littéraires » . Déjà j’éprouvai, puis finis par avouer , puis  réussis à assumer, que le plaisir du texte n’était pas forcément lié à des œuvres réputées Grandes , et que beaucoup de récits dont la banalité d’écriture m’était évidente me procuraient émotions fortes et durables . Que d’ailleurs réciproquement  des Œuvres lues pour les connaître, par curiosité ou nécessité intellectuelles, me donnèrent parfois des émotions prégnantes, qu’elle soient sentimentales ou esthétiques .
Ainsi du Bonheur des Dames, de L’écume des jours, de La Peste, de bien des poèmes, de Valéry ou d’Eluard ou de Desnos, de Vian…etc …etc….

 En écoutant jeudi soir   le trio  Bruno Maurice, Jacques di Donato, André Minvielle, j’ai pensé que la précieuse alchimie, émotion ET plaisir  intellectuel, était réalisée …


Plaisir intellectuel de nous aventurer dans des créations de Cavanna dont on a la surprise de découvrir que la Gigue de la duchesse préfacée par la superbe voix de Minvielle sur des paroles de Gherasim Luca peut nous toucher, de même que les « séquenzes » de Bério peuvent nous séduire  . Plaisir d’entendre  se réaliser l’exigence d’ une grande virtuosité,  précise , et réussie...plaisir des surprises d’une interprétation partagée qui se déclare pleine d’irrévérence et mêle(puis-je dire métisse ?) subtilement les trois partitions .  .
Plaisir de redécouvrir, connus mais nouveaux, le son du appassionata de Bruno et de la clarinette de Jacques «  Di Do » démontée et remontée,  d’être entraînés à la découverte des « possibles » de leurs instruments, inaccoutumés , mais beaux et saisissants.


De découvrir un Minvielle à la fois familier  , amour fou des mots et chaleur méridionale dans la couleur de la voix ,  percus inspirées, et un peu différent par le travail de sa superbe voix qui s’affranchit parfois des mots, à l’instar d’un jeu instrumental… scat rap slam, vocalchiminvielle !  pour  donner rythme, chaleur et profondeur de champ, aux voix de l’accordéon et de la clarinette …

Et de nous interroger  une fois de plus sur ce que signifie « interpréter » ou « improviser » tant il parait évident que la  musique jouée- là comporte une grande part d’ écriture, et pas des plus  faciles, mais que les trois trouvères, l’absorbent,  la recréent , la débordent, tout en en  respectant l’essence …


Plaisir intellectuel de ces découvertes, surprises esthétiques et humour de l’ irrévérence…  qui se conjuguent avec  des émotions qui touchent …

Quelle émotion ce Piazzolla, qu’on pressent  rapidement, et reconnaît  après une  introduction subtile, à ce rythme et ces phrases inimitables qui  saisissent et bouleversent. Ô la voix de Minvielle sur ce Maria de Buenos Aires !


Emotion… 
…De Nuage …montée des nappes sonores et  « chorus » déchirant de Bruno !
…De la légèreté harmonieuse du pétillant de Saumur
…De la mélodie de  la valse à Hum… comme elle chante avec nostalgie et danse avec folie !
Combien la duchesse de Cavanna se trouve ravigotée  par la « morphologie de la métamorphose » que dé-cla-me André Minvielle de manière si prenante, et par « le flux fluet de la flûte », non ! de la clarinette subtile de Jacques Di Donato, mêlée à l’accordéon…
Comme Minvielle nous émeut par ses quelques mots qui saluent Tuveri, camarade d’accordéon , aujourd’hui en Paradis (des musiciens !)
Et pour la valse Dombelle, si la pudeur de l’amitié ne cite  que son  nom, nous ressentons avec admiration et une profonde émotion ,  la beauté simple et enchanteresse des mélodies  de Marc Perrone, qui sait   en faire tant et tant de si merveilleuses «  petites chansons » !


Et puis  …c’est fini !
On revient le lendemain !

Et …
C’est encore fini !!!

Alors, Bruno Dido Dédés’il vous plaît, un petit enregistrement pour renouveler un moment le Studium et le Punctum !!!



Et pour en faire profiter les copains de Facebook !




Aucun commentaire: