Nous n’étions jamais venus nous balader dans les Nuits de Nacre. Cette année la programmation était trop tentante , Marcel Azzola et sa carte blanche, dont Lina Bossati et Daniel Mille , Chango Spasiuk fil rouge, Jean Luc Amestoy pourtant notre "pays" , mais si rare,.. tous si rares, trop rares…avec de surcroît Lionel Suarez, entendu avec Minvielle récemment, puis en quartet avec Minino Garay, mais qu’on aime toujours réentendre, tant il est inventif de nouvelles formations, et de surcroît D.Ithursarry, et Vincent Peirani jamais entendus en live , dont les disques nous sont chers…
Bref, nous sommes partis pour cette étrange petite ville toute en longueur qui encastre dans l’étroite vallée de la Corrèze d’immenses blocs des années 60, assez laids et kafkaïens, et étage sur l’escarpement de ses berges immeubles et quartiers, sans doute traces d’une prospérité disparue…
Le soleil et même la chaleur étaient au rendez-vous de sa métamorphose en cité de la musique, une musique vouée à l’instrument qui fit la gloire de ses fabriques, et qui balaie de son souffle depuis des décennies la bruyère de ses sous bois…
Et nous avons bien trouvé dans la tiédeur des soirées jusque tard dans la nuit les merveilles attendues…
Marcel Azzola dont le son léger et vibrant , souple et plein, inspire l’équilibre et le sérénité, Marcel qui défie le temps qui passe, célèbre avec ferveur l’accordéon en choisissant si bien ses interprètes, et chante avec fidélité le compagnonnage et l’amitié: j’ai aimé particulièrement découvrir Lina Bossati, son merveilleux piano si justement accordé au jeu de ses compagnons accordéonistes, ainsi que Sylvain Luc et Diego Imbert, et…j’étais ravie que soit présent au rendez-vous Daniel Mille ,
Enchantement poétique total, accordéon, mélodie, voix…on aimerait que le temps suspende son vol !
Que dire de Spasiuk ?
Son abord passionné, chaleureux mais toujours distant, comme regardant ailleurs, tourné vers le monde de sa musique…
Que dire ? Sinon qu’il m'apparut plus que jamais comme le « vates » inspiré du Chamamé, tantôt égrenant ses mélodies avec douceur et tendresse, tantôt s’enflammant en frénésies qui transportent ses compagnons musiciens et les spectateurs. En duo confidentiel avec son chanteur guitariste Marcello Dellamea, ou cinquième élément meneur de jeu des quatre compères accordéonistes…
Que dire des quatre compères sinon qu’ils furent exceptionnels !
Tous différents de style et de sons tous beaux. Ils surent à l’instigation de Lionel Suarez s’accorder en des duos ou des solos où s’exprimait leur style propre et parfois, avec Chango en particulier, se fondre et de joindre dans des ensembles éblouissants. Je retiendrai de tous ces bonheurs les prodigieux Libertango et Indifférence à cinq. Le duo basque enlevé d’ Amestoy et d’Ithursarry, le duo Suarez Amestoy, mélodique et nuancé, la saisissante improvisation de Peirani.
Et les rappels ! Les rappels…
Plaisir d’écouter en live la musique, qui semble se construire dans le temps du concert pour notre écoute et sous nos yeux… les échanges de regards et de signes, les postures, les changements de physionomie, en rendent visibles la texture. Et la combinatoire des interventions, sans doute prévue, donnent pourtant l’impression d’une création quand se rencontrent les instruments . L’improvisation de Vincent Peirani, pour moi excellente, nous mène de surprise en surprise, sans qu’il n’y ait rien d’hasardeux dans sa construction…
Plaisir augmenté du plaisir d’être partagé avec nos amis de Toulouse et Trentels, qu’on vient de rencontrer de manière imprévue…
Bien sûr notre admiration pour Spasiuk est telle qu’on ne peut s’empêcher de regretter de ne pas l’avoir entendu, ainsi que Raul Barboza (pour qui nous éprouvons une égale admiration !) dans cet excellent lieu d’écoute qu’est le "théâtre des 7 collines". Car ce petit « Espace Galliano » outre son exigüité, ne rendait guère justice à la beauté de ses sonorités, parasitées par la « chanson » de la clim et les rafales des reflex…
Car bien sûr il y a quelques regrets…
Le Magic Mirror ne fut guère magique pour le son : portes ouvertes, ou battantes, bruits de caisses …de boissons, avec commentaires des bistrotiers, déambulation quasi permanente du public, en cours de morceau parfois !
Le chapiteau lui, est grandiose !!!, en tout cas grand,très grand : si large que les places latérales ne permettent pas de voir Daniel mille, si profond que le son de Sanseverino n’est pas bien perçu au fond…Nous avons finalement préféré les places latérales !!!!
Car pour une fois nous n’avons pas fait la queue une heure à l ‘avance pour être bien placés comme nous en avons l’habitude : nous voulions aussi écouter Chango et Marcello Dellamea…
Regret d’une programmation si riche qu’il fallait choisir…alors que l’après midi était un peu vide…
Regrets encore :
Trop de fantômes au pôle accordéon dont on comprend que s’il s’agit de la plus belle collection d’accordéons de France, c’est une collection d’accordéons conservés, emballés, archivés , protégés, bref invisibles !!!
Trop de reflets sur les superbes photos de Rinaldi…à la Médiathèque très spectaculaire et réussie…
« Trop bien », en revanche le théâtre des 7 collines, qui nous parut parfait et dont on aurait aimé qu’ il abrite tous les spectacles que nous avons aimés …mais !!
Trop délicieuses, les rencontres de hasard avec nos accordéonistes de prédilection…
Trop agréables, la découverte imprévue d’accordéonistes inconnus : Sonia Rekys , nous vous écouterons certes et souvent !!!
...Une discussion à l'issue du concert "le cinquième élément" avec une spectatrice inconnue, que nous ne nous décidions pas à interrompre tant nous avions plaisir à partager nos enthousiasmes..
…Et très précieuse, une petite échappée, pause et recueillement, dans le silence et le soleil du cloître…
Mais en tout cas, c’est certain, il y a un REGRET que nous n’avons pas, non !!!!
VRAIMENT !!! NOUS NE REGRETTONS PAS D’ETRE VENUS POUR CES NUITS DE NACRE…!!!!
Nous aurons du mal à rentrer dans notre quotidien d’automne !
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