dimanche 11 septembre 2011

La fascination des cloîtres

Lors de nos balades à la suite de nos joueurs de fisarmonica (mais pas que…) favoris,  nous rencontrons souvent de superbes abbayes, romanes en particulier (mais pas que…)

Le couvent des Jacobins, Toulouse




Et la plupart du temps nous restons fascinés, nez levé vers la splendeur des voûtes élevées jusqu’au ciel.
Formes diverses, clés gothiques ou berceaux romans, toutes chantent l’élevation de l’esprit vers les cieux…






Mais en fait ce qui nous fascine bien davantage, c’est, une porte banale franchie, l’entrée dans le cloître. Qu’il soit superbement ouvragé, ou rustiquement bâti, ce lieu géométriquement clos , nous communique immédiatement une sorte de paix et de sérénité .









Abbaye de Flaran, Gers

 Est-ce l’équilibre du carré dans lequel s’inscrivent d'autres formes régulières, massifs carrés ou simple bassins ronds?
Est-ce l’équilibre des colonnades où le soleil se joue?










La naïveté des chapiteaux?
Ou la simplicité du pavé des péristyles usé par la trace de tant de pieuses foulées ?





Peut-être en fait,  simplement la « clôture », le sentiment d’un abri trouvé à l’écart de l’agitation du monde, ses tracas, ses incertitudes …



Quelque part sur les côteaux de Prades

Abbaye de Sarrance, Pyrénées Atlantiques
Si certaines de ces retraites respirent austérité et dénuement, d’autres, où une lumière méridionale chauffe la pierre, et exhale le parfum des simples, inspirent l’impression d’un asile chaleureux .












Des connotations ne manquent pas alors de m’amuser, ou m'émouvoir.
-Un souvenir de mon père, athée convaincu et serein, s’écriant, quand trop de tracas, de dérangements et  d’agitation, le tourmentaient :
« Moine, je vous le dis, j’aurais voulu être moine !!! un cloître ! nom de D…, j’aurais aimé vivre dans une clôture !!! "
Ma sœur et moi écoutions, consternées, ces imprécations, qui nous semblaient nous rejeter au néant, nier notre existence…
 Jusqu’à ce que nous délivre le rire, clair, incoercible, musical, de ma mère !
« Moine ! Toi mon chéri !!! Tu aurais eu du mal ! Tu aurais manqué de beaucoup de choses !!! »
Nous ne saisissions pas alors toutes les implications de cette remarque, observant seulement qu’elle avait pour vertu de faire rire mon père à son tour !

-Cette tentation de jardin clos( pléonasme, comme je viens de l'apprendre, puisque "jardin" veut dire cloturé) , et de culture autarcique entre ses murs me rappelle ensuite un symbole familier, celui du jardin du sage que rencontre Candide ,ce jardin d’où il ne sort jamais, mais dont la culture est prospère par le travail familial…Un symbole à la signification bien ambiguë:
« Je ne m’informe jamais de ce qu’on fait à Constantinople ; je me contente d’y envoyer vendre les fruits du jardin que je cultive »

-Enfin, la beauté harmonieuse de ces cloîtres me parle forcément, ne se « retire »-t-on pas en ces lieux , de ce statut social qui est le nôtre ? Et de toutes mes divagations sur le sens du mot « retraite » et du concept qui va avec !!!


Tentation certes :
« Pour vivre heureux vivons cachés … ! »
Mais tentation trompeuse qui ne tient pas ses promesses…

 


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