Nous avons été invités récemment à « fêter » le départ à la retraite de on amie Régine. Bien sûr, pas question de ne pas être là…mais j’appréhendais beaucoup ces retrouvailles avec nos anciens collègues, parfois amis.
Car, il faut que je l’avoue, depuis que je suis partie, j’évite soigneusement les lieux où j’ai particulièrement aimé travailler…
Bien sûr , parfois le hasard nous ménage d’agréables rencontres, les allées du Leclerc, la librairie, les manifs…Mais là , ce moment était en quelque sorte plus intimement mêlé à notre vie « antérieure »…
En fait, ce fut un moment agréable, d’une qualité douce de spleen, à la Daniel Mille… ?
Petit discours amical d’une Régine qui comme son amie Françou, ne chanta pas sur le monde allègre le chant du départ, mais célébra plutôt les liens avec ceux qu’elle aima croiser…et parla de changement de chemin, et d’un mélange complexe de sérénité et de regret…
Collègues rencontrés en a parte doux amers, anciens élèves devenus eux-mêmes formateurs et finalement collègues directs. Beaucoup, ceux qui vinrent nous parler, nous firent l’amitié de prétendre que nous avions compté pour eux comme formateurs et qu’ils nous regrettaient.
On parla du passé de l’école, que sans doute nous idéalisions, d’un présent assombri par la conjoncture, d’un avenir menacé par un pouvoir qui sape le service public et tâche d’affaiblir au mieux son école….
Je remarquais -sans doute n’est-ce pas un scoop !!!- comme les personnalités demeurent fondamentalement permanentes dans les épreuves du temps : douceur sereine et quasi inaltérée de N., esprit chagrin à jamais frustré de reconnaissance de JP, angoisse d’enfant de ne pas réussir de P.,mêlé d’ humour sceptique , enthousiasme dans la marginalité des enseignants en AIS,…
Et quelques moments de partage plus intimes entre Jurançon et foie gras , tous deux délicieux …
Avec ma belle passionaria V. musicienne et chanteuse , brillante élève autrefois puis remarquable enseignante ; nous pûmes un moment parler d’Annie , elle chanta des années à son côté, enseigna près d’elle , et a pris la suite de son CP…(Beau parcours dans un métier , où trop souvent l’excellence conduit immanquablement à aller enseigner au niveau supérieur, que celui qui conduit à revenir aux apprentissages premiers…) et de cette tendre communion du regret infini d’avoir perdu notre Annie…nous glissâmes à nos goûts musicaux et, merveille du hasard objectif, nous avons découvert notre passion commune pour Richard et d’ailleurs Piazzolla, et croisé les récits de nos expériences de ses concerts et de sa musique …ô Vie Violence !!!
IL y eut aussi au moment du départ un échange poignant avec une collègue « fraichement » retraitée dont j’avais noté le sourire inchangé dans un petit visage étréci comme amenuisé : elle s’écria d’un coup !: « la retraite !!!, on nous abuse ou l’on s’abuse … » Elle a perdu son mari brutalement à peine venait-elle de prendre sa retraite pour rester davantage à ses côtés…Avec elle aussi nous parlons musique, et de Bordeaux que nous aimons, et où elle envisage de se retirer, pleine de désarroi dans sa vie nouvelle…
En la quittant je demeure songeuse moi-même encore une fois sur ce mot étrange qui traverse nos vies , lourd de l’ambigüité de ses résonnances multiples
RETRAITE….
Sur ce mot, je n’ai pas fini de ruminer …
A suivre donc !
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