Nous sommes donc à Hossegor, en mai , en semaine, hors vacances scolaires. Il en résulte un curieux calme , le soir , le matin , sur la plage. En contraste, dans la journée, la furie des travaux, maçonnerie, charpentiers, jardiniers, travaux d’aménagement des chaussées, tout s’active, fourmille d’activités avant le début de la saison et pour la saison…
Mais le plus fascinant dans ce grand calme est le rendez-vous du soir. A l’heure où le soleil se couche sur la mer, surgissent pour assister à ce moment des gens dont la diversité me frappe ; des familles, mais pas que des familles, des gens d’un certain âge, mais aussi des jeunes .
Un couple descendu au bord de la frange des vagues , un jeune solitaire à capuche qui s’est assis sur les marches pour regarder, un surfeur qui fait du skate sur le bitume impeccable , neuf, de la rue qui mène à la plage dont le virage vient d’être relevé en une courbe superbe ; il monte à pied, redescend avec ce beau geste cambré du surfeur, remonte, redescend … Entre montée et descente, il va s’accouder un instant à la rembarde pour voir la mer. Il y a le mendiant qui s’assied sur le garage à vélo devant la pharmacie. Toute la journée appuyé contre son gros bagage, il prend le soleil pieds nus. Quand on lui donne un peu de monnaie, il dit «Merci ! Bon courage !!! » il a des bracelets tressés aux poignets et aux chevilles, avec des perles de verre multicolores et des petites clochettes qui tintinnabulent quand il marche ou remue ; ce soir il s’assied et regarde le soleil disparaître dans la mer…
Il y a aussi une grande et élégante promeneuse aux cheveux gris. Ses yeux bleu vif croisent mon regard. Elle me sourit : « On m’a dit que je l’ai manqué de 10 minutes »… puis son regard se perd dans l’horizon que la brume marque de rose et de bleu, sur la mer qui a cet instant prend une teinte gris bleuté, lumineuse et phosphorescente.
« Tant pis, c’est quand même beau… » et elle ajoute : « Cela fait du bien.. »
Rien à ajouter, nous nous sommes comprises…
Quand elle s’éloigne, je vois ses jambes marquées, trahissant son âge...
En repartant je croise mon surfeur à skate , on se dit bonsoir…
Le calme retombe, profond, tiède et parfumé.
A peine quinze jour plus tard, même heure, l’été de mai a sombré dans les orages de juin, le ciel et la mer se déclinent dans les gris d’acier et de plomb, à la Soulages. Il fait froid et venteux…un instant désert, le balcon sur mer de la jetée, se peuple peu à peu comme à l’accoutumée. Un jeune surfeur découragé, housse sur sa planche, est assis, la tête entre ses mains, contemplant les fortes vagues, trop vertes et noires, qu’il ne tentera pas . Un étrange couple, une dame toute en rondeurs et un homme en habit ecclésiastique d’opérette…Des amoureux, avec un petit fox terrier roux…
Soulages .... |
Etrange moment, qui réussit à réunir des gens de classes sociales si contrastées pour de païennes rogations à L’Océan…
1 commentaire:
Joli moment que tu nous fais partager Françoise... et bien belles photos. J'en ai pris quelques-unes aussi du soleil estival... d'avril! à Fort-Mahon.
Le secret n'est-il pas dans la recherche de ce qu'on peut partager, et non de tout ce qui oppose? Certains feraient bien de le méditer. Bon week-end et bisous.
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