mardi 2 novembre 2010

Perrone, le Grand

Comme je disais à ma fille il y a quelques jours pendant les grèves :

« - Il faudrait que je puisse rentrer à Pau, samedi, on va voir Perrone !!!!
- Perrone ?
- Oui .
- Perrone… !!!! Perrone le grand ?

D’où venait cette stupéfaction ? Que je n’aie pas annoncé plus tôt l’évènement ?
Qu’il se passe à Pau, plutôt déshérité de l’accordéon ? Je ne sais.
Mais quoi qu’il en soit… c’est bien cette épithète que je retiendrai !!
Car grand, grand, fut le plaisir de l’entendre à nouveau…

Michel a écrit deux notes qui expriment mieux que je ne le ferai moi-même la prégnance de « ses petites chansons » et leur pouvoir de nous obséder, l’ humanité de ce « passionné flegmatique », son engagement souriant, la complicité qui le lie depuis un si long temps à M.O. Chantran et à A.Minvielle, « son talent à tisser ses créations avec sa biographie »…



Je me contenterais de dire ce qui m’a frappée particulièrement dans le plaisir de ce concert, le sentiment esthétique et émotionnel du contraste.

Contraste entre l’ allégresse du rythme « enlevé » des mélodies qui donnent à danser, mettent le corps en mouvement, et l’impression de faiblesse qui parfois alourdit le corps, ralentit les mains de Marc Perrone. L’énergie chaude et comme vitale du son de son accordéon vs le voile de tristesse et de lassitude qui vient parfois ternir le regard…

Contraste entre sa qualité d’ « originaire », qu’il revendique avec une tendre dérision ( « on doit le faire plus que jamais par les temps qui courent !!! ») son origine de « rital au fisarmonica », sa fidélité assumée à ses racines italiennes « non dimenticare !!! » et le caractère si français de sa musique . France de Paris et du musette, , souvenir de la barre des 4000 « où l’on était heureux », France du 9- 3, de la Courneuve, et d’ Aubervilliers « où l’on est encore heureux » nonabstant la mauvaise réputation !

Contraste entre les entrelacs dans sa musique des rythmes trad, valses musettes ou tarentelles , voire rondeaux de mon pays landais, contraste du diatonique « de tradition rurale (!!! )» et de la vielle à roue, avec les thèmes si résolument urbains, de la rue, des machines , des trains , ou de l’usine, où les percussions si délicatement et remarquablement jouées par Minvielle et le chant scatté de Marie Odile, viennent souffler un si joli vent jazzy !

Contraste entre le voyage, thème récurrent, qui va et vient comme le soufflet, qui court en filigrane dans sa poésie d’une petite chanson à l’autre, et l’immobilité grandissante qui semble l’envahir….



J’aime le contraste comme principe esthétique , dans la musique , la poésie et la peinture . J’aime les noirs de Soulages sur leur toile blanche. J’aime dans les récits que la Brune et la Blonde, Laurel et Hardy, Don Quichotte et Sancho, Narcisse et Burrhus, Candide et Cacambo s’éclairent réciproque ment par leurs différences.

Comme dans le clair obscur l’obscur donne relief à la clarté, qui fait elle-même ressortir la riche complexité de l’ombre.

Et je l’aime aussi parce que je pense que dans le contraste se construit notre identité , comme dans un collage harmonieux, ou disharmonieux, voire surréaliste, d’où naissent notre style et notre personnalité…

Les contrastes de Marc Perrone , le rital d’Aubervilliers, sont beaux et touchants , à l’instar de sa musique !!!









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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle coïncidence ! Je ne connaissais pas Marc Perrone avant qu'il vienne dans ma commune en mars de cette année, lors de l'avant-première du film "La Trace", restauré à l'occasion du 150e anniversaire de la réunion de la Savoie à la France, et dans lequel il "faisait l'acteur".
Il a énormément touché le public présent.
Tu écris si bien, Françoise, que j'ose à peine commenter, mais te lire est toujours un plaisir.
Edith

françou a dit…

Ma chère Edith,
J'attends toujours tes comentaires avec impatience...Nos connivences m'enchantent...