dimanche 24 octobre 2010

Emportés par la foule

La manif du 19

C’était le 19, nos hommes pris par d’incontournables obligations, nous sommes allées manifester entre filles, Nadja, Charlotte, Camille, et moi. Les petites n’étaient pas enthousiastes. Charlotte disait : « Je les ai toutes faites, j’en ai marre, c’est trop long ! »
Camille disait : « Je n’en ai fait aucune, j’ai pas envie de commencer ! »

Ni l’argument : « Mamou et moi on veut y aller, on ne peut vous laisser seules ici. Il faut y aller, on ne peut pas lâcher, mes grand pères, leurs pères se sont battus pour l’obtenir la retraite, et bien d’autres acquis, qu’ il faut défendre ! »
Ni la promesse du repas sandwich pris en ville à la fin ne furent bien efficaces.
Finalement c’est leur mère qui a eu la bonne idée : « Y aura tous les collègues, les maîtresses de l’école…
-La mienne aussi ?
-Oui, puisque cette fois elle fait grève, peut-être...
-Oui alors, avec les trottinettes, allons-y !!!"

Et ce fut le métro. Un métro bondé, qui se remplissait à chaque arrêt, et où l’on sentait que tout le monde, tout le monde y allait, à Saint Cyprien, tout le monde allait à la manif…
A Saint Cyprien, tout se vida, se déversa en une foule déterminée, disciplinée, serrée, étouffante malgré le froid qui saisissait aux sorties.

Il y avait à se sentir pressé, emporté, quelque chose d’angoissant (nous serrions d’une main chacune une petite main, et portions sur l’épaule chacune une trottinette).
A cette angoisse se mêlait aussi quelque chose de profondément émouvant qui prenait à la gorge et aux yeux, d’être pris dans ce flot qui marchait vers le même but…

Après ce fut l’attente ordinaire des jours de grandes manifs pour réussir à s’ébranler.


BOLTANSKI  ???

Et ce fut la longue marche ordinaire, de plus en plus ordinaire ces temps derniers…








Le train du 22

Il me fallait rentrer, par le train…Deux trains pour le journée annoncés sur Internet…
A midi, gare Matabiau, ouah ! Ce n’est pas un train, mais un autobus. Jusqu’a Tarbes, seulement…
Et encore une foule dense traînant valises et paquets qui se dirige en masse vers la gare routière.
Cette fois , je faiblis, je tenterai le 2ème train , celui de 16h 36 !
La queue au guichet est longue longue, comme pour les grandes expos parisiennes !!!!
Après tout ce n’est qu’une question de perspective !
D’ailleurs, je suis étonnée du calme et de la sérénité des gens…
Seul un petit incident pour me rappeler que rien -et surtout pas la sérénité- n’est jamais acquis !
Derrière moi trois personnes qui parlent et téléphonent en arabe – et en français !-
Nous échangeons des regards de sympathies de compagnons d’attente. Mais voilà qu’au guichet n° 1, une petite jeune femme qui me semble-t-il a attendu tout à l’heure puis est repartie, revient avec un patriarche, chapeau noir, longue barbe, costume noir, col blanc, et tente de passer au guichet.
C’est alors que mon voisin me dit : « Vous avez vu ?
-oui… »
 C’est mon tour de passer.
Lâchement je me presse vers mon guichet, tout en entendant derrière moi l’homme qui interpelle la jeune femme : « Il faut ATTENDRE , tout le monde attend… » Avec une colère calme et ferme…

Je prends mon billet, je ne saurais pas la suite. Je me souviens tout à coup que quand j’étais « Coopérante » à Marrakech,(il y a presque 40 ans !!!) dans les queues interminables de la poste, les Marocains me laissaient passer, étonnés et vaguement inquiets de mon refus…

Et puis quand on passe sur le quai, on sort de la bousculade, il semblerait que la gare s’est vidée. Je trouve sans problème une place dans un compartiment à l’ancienned’u n wagon « à couloir ».
Train presque vide , une solitude douce et sans souci…
Il fait un doux soleil d’automne, on longe des vignes aux feuilles qui rougissent et ressortent sur un sol d’argile.
Les maïs sont enfin coupés, les prés reverdis d’humidité.
La lumière pâle , le ciel brumeux mais doré.
La montagne et les collines étagées sur différents plans, vert atténué au premier plan, bleuâtre dans les lointains.

Et je me dis :
Pourtant le monde est beau !


On passe à Lourdes ; l’énorme gare, réseaux d’aiguillage innombrables aujourd’hui désertés de trains offre un aspect terne et désolé. Le soleil est déjà caché derrière le coteau et la petite vallée encaissée est déjà envahie d’une ombre immense et froide…

Un peu plus loin . M… ses préfas, sa cour et ses panneaux de basket, autrefois ( je ne sais plus ce qu’il en est aujourd’hui) centre d’ « accueil »pour ados « difficiles », me rappelle à la dureté des choses : durdur pour ces pensionnaires dur dur pour les jeunes enseignants qui y échouaient , dans tous les sens du terme.

Et puis la vallée à nouveau s’élargit, le soleil à nouveau passe la crête des collines, je rentre chez nous…

Allez ! le monde est beau….. !




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