En
ces temps de crise où une taxe nouvelle vient frapper le diesel et touche
toutes voitures, y compris la dernière, celle achetée en un temps où les
voitures « à essence » se trouvaient si bannies qu’on se refusa
presque à reprendre la nôtre , ce « petit camion rouge » cher à
mon cœur, recherché avec ma Nad la veille-caniculaire- de son accouchement, et acheté le jour même de la naissance de notre Camille …
…En
ces temps de crise, des voix s’élèvent pour manifester que de voiture et donc
d’essence, on en a besoin pour travailler et se déplacer en territoire rural ou
seulement provincial .
Remarques
justes et qui rejoignent le sentiment croissant que j’exprimai un jour dans un post
« Paris et le désert français »,
et ré exprimai récemment sous le titre « En étrange pays dans mon
pays même », le sentiment d’une fracture entre notre mode de vie, accès à
la culture inclus, et le mode de vie des grandes villes du pays, dont Paris est
l’éclatante vitrine …
J’ai
d’ailleurs, petit souvenir triste, récemment rencontrée une jeune femme sans
voiture et sans permis qui ne réussissait pas à faire -à vélo !-son travail
d’auxiliaire de vie…
Mais
remarques qui pour moi ne suffisent pas à exprimer la totalité des aspects de mon
(et je dirai sans doute notre) attachement à la voiture …
Attachement
ancien, attachement partagé par ma génération, et même celle nos parents …
Attachement
affectif profondément symbolique …
Je
me rappelle la première auto que j’ai vu acheter par mon Père. Pour, lui
c’était la première qu’il pouvait acheter après la guerre , ayant dû vendre la précédente
pour une bouchée de pain (au sens propre) !
Sa
joie, son impatience à nous emmener promener…, à la mer, ou dans presque toutes les régions de France, pourvu qu’on
puisse faire étape en quelque lieu peu onéreux.
Travailler,
il y allait à vélo et cela, jusqu’au dernier jour de sa carrière …même si le
vélo ne se résumait pas à cet usage…
Non,
l’auto c’était un plaisir d’enfant ,
partagée avec les enfants …
Quand
j’ai rencontré Michel nos premières échappées belles se firent dans la 2Cv prêtée
par son père.
De
« son père », bien sûr, ma belle mère ne conduisait pas, elle dépendait
pour ses trajets de travail de son voisin, mais vivant à Bordeaux, elle usait
avec habileté du tramway, et des taxis payés par son Ministère des Anciens Combattants
Ce
n’était pas le cas de ma mère, qui faisait autant de vélo qu’elle pouvait, et
prenait le train ou « l’autorail »volontiers. Mais qui s’essaya
désespérément à apprendre à conduire, et finit par réussir, à avoir son permis « à
l’usure » disait-elle .Elle conduisit toujours mal, et c’était preuve de
mon profond attachement filial, et déjà peut être de solidarité féminine, que de l’accompagner… Nous en éprouvâmes des
joies partagées de sorties le soir au concert toutes deux, même si le retour qui incluait manœuvre pour
rentrer au garage, assombrissait quelque peu les derniers rappels de la
festivité…
Pour
moi donc, conduire fut d’entrée, mères
et belles-mères en étant exclues comme
la plupart des femmes de leur génération,
symbole d’émancipation féminine. Soutenue il faut le dire par mon Michel.
Outre un de nos premiers achats,
« notre » Dauphine, à qui nous devons nos premières échappées belles
à deux, nous payâmes sur nos très modestes premiers salaires, les leçons de conduite
nécessaires pour l’obtention de mon permis.
Que
j’obtins sans peine à vrai dire, tant j’aimais cette activité et m’y appliquais
. Félicitations du jury ..à une restriction près : mes créneaux
… « d’avant guerre » sic !
Conduire
était d’ores et déjà un plaisir mêlé de tension appliquée et d’appréhension…
Si
au fil des ans, la tension à diminué presque jusqu’à disparaître, conduire reste pour moi symbole d’autonomie,
voire de liberté. Plaisir de la liberté d’aller à son gré, que j’éprouve encore
chaque fois que « je m’en vais »…plaisir de l’accélération répondant
à l’invite, du bruit du moteur « qui grimpe » en puissance…
Et
ce fut l’achat de « ma » voiture, ma petite R4 blanche « très d’occasion »,
quand la petite Nadja fut là, qu’ m’on dut la conduire à « la nounou »
et à l’école …voire au lycée ! Et bien plus tard, aller à Toulouse pour l’accompagner ou, seule,
pour m’échapper et la rejoindre et
partager un peu de présence et de complicité
Autonomie dans la vie, projets rendus possibles
…
Et travail certes ! Si au départ mon
Lycée était assez proche pour m’y rendre en vélo, avec cartable et duffle coat,
klaxonnée gentiment au passage par les routiers, j’ai vite apprécié le gain de
confort de temps de ma petite R4, et un voisin collègue en profita aussi, largement … !
Et plus tard, ayant changé de travail, j’ai dû « courir » la région pour
animer stages, visites d’écoles et de
jeunes apprentis- maîtres. J’ai beaucoup aimé ces moments d’itinérance et de rencontres.
Notre Chien Youp exigea, à force
d’aboyer dans notre immeuble en ameutant les voisins, de ne pas être laissé
pour compte. Il vint avec moi et je crois les aima aussi, ces trajets.
Mon
auto changea un peu de standing devint in produit plus raffiné, presque luxueux
…Autobianchi Abarth rouge, très aimée !
A
l’heure des petites filles on passa pour moi au « camion » (rouge
encore, mais modeste, juste un « break » au nom d’artiste : Picasso !) Un
grand ami collègue s’étonna un peu moqueur de cette mutation de look :
Mais j’ai choisi et bien aimé ce camion pour sa conduite haut perchée, et
surtout, pour les couffins, les sièges- autos de bébé, les trajets écoles et nounous
… et quelques déménagements que leurs
arrivées avaient rendu nécessaires !
Bref
je suis comme attachée sentimentalement et symboliquement à cet objet de la vie, mon auto, même si j’ai
aimé et aime encore le train et le métro.
Et
j’aurais (ou j’aurai grrrr) peine à m’en séparer !!!
Et
même si elle devient ma « chère » voiture, voiture chérie,
attachement couteux, attachement coupable !
Et
j’espère que le progrès technique et les scrupules écologiques me permettront d’en jouir le plus
longtemps « possible »...
« Possible » comme disait Candide du meilleur des
mondes !
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