Impressions et
connotations personnelles
J’ai
déjà dit notre admiration pour William Sabatier, notre rencontre à Tulle en
live avec sa musique, rencontre riche à la fois d’une émotion
musicale puissante et d’un intérêt culturel passionnant…,
Aussi
à l’annonce de son CD qui comporte les mêmes interprètes, et le même
programme, en particulier, Piazzolla « Five tango sensations »
et Piaf, « les Hommes de Piaf »,
nous avons tout de suite décidé de le commander.
J’aime
Piazzolla et le Five Tango Sensations.
Nous l’avons écouté encore et encore par différents interprètes , dont le
mythique Kronos Quartet…
je
suis fascinée par les titres des cinq mouvements, par la tristesse tragique de
tous ces moments
Mais
c’est la création « les «
homme de piaf »qui a mobilisé plus particulièrement
mon attention, par une impression saisissante,
parce que complexe / ambigüe d’une familiarité véritable, ancienne et
personnelle avec cette musique , à
laquelle se mêle un sentiment non moins évident d’étrangeté…
Et
c’est cette impression première qui m’a entrainée à une réécoute réitérée– qui m’est certes coutumière !!!- mais
qui cette fois est encore plus
« ostinata »que d’habitude !
Des
titres à demi énigmatiques ou simplement allusifs : citations quasi
exactes« Allez dansez Milord ! »ou retravaillés « dans les pas du légionnaire » ,et « depuis le coin de la rue
là-bas » ou seulement suggestifs : « L’homme qu’elle aimait » laissant un espace à ceux qui écoutent »Amateurs in Musica »
, pour retrouver la chanson, ou les chansons , reconnaître le thème musical…et profiter de
son interprétation de sa différence…
En
écoutant on reconnait des phrases musicales
réinterprétées, en même temps que
surgissent comme des flashes dans la
mémoire des fragments de paroles « il
portait des culottes … « la
fille de joie est belle »… « son accordéoniste, il ne reviendra pas »
, «q quand …il me prend dans ses bras », « Mais vous pleurez
Milord, ça, je ne l’aurais jamais cru »
Les
phrases s’enlacent à d’autres ; on entend la musique qui se reconstruit
dans notre tête d’un air l’autre,
différente, « pas tout à fait la même, pas tout à fait une autre »,
des instruments qui s’accordent et se répondent et le bandonéon de W.Sabatier, la perfection d’un son à la fois mélodique , puissant et nuancé…
Des
histoires, qui, au fil de la musique, renaissent en nous en se reconstruisant …
Car
il s’agit bien de reconstruction « dramatique » aux deux sens du mot
« une tension d’histoire » avec une situation initiale et un
dénouement , que semble suggérer la composition et l’orchestration musicales des
morceaux .
De
la situation initiale, la rencontre de l’amour-passion, le visage de l’amour, multiple,
au dénouement, tragique, toujours ..
Des
exemples remarquables comme « Au
coin de la rue Là-bas » : mélodie harmonieuse sentimentale en début,
tension progressive , accélération croissante , tristesse, destin : Il ne reviendra pas
Ou
« mon légionnaire »atmosphère initiale, mélodie, tendre et lyrique, écrasante
tristesse in fine..
Donc « dramatiques » aussi, au sens
second du mot, ces dénouements, qui sont
toujours perçus comme tragiques, par des tonalités sombres et une scansion
tragique de destin qui frappe l’amour et
le bonheur.
Et
en cela la parenté de ton avec Piazzolla m’apparaît tout à coup flagrante,
s’impose comme une évidence…les thèmes si
remarquablement marqués du style Piazzolla, infiniment mélodiques, du chant triste et rythmé du tango ,et la
gravité tragique qui me semble toujours les sous tendre de sa résonnance …
L’hymne
à l’amour de Piaf et le Tango Porteno selon Piazzolla peuvent avoir parfois les
mêmes couleurs…
Merci
à William de les avoir pour nous si magnifiquement rapprochés pour les faire
chanter …
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