vendredi 1 mars 2019

PIAZZOLLA-PIAF : William Sabatier et Quatuor Terpsycordes



Impressions et connotations personnelles



J’ai déjà dit notre admiration pour William Sabatier, notre rencontre à Tulle en live  avec sa musique,  rencontre riche à la fois d’une émotion musicale  puissante et d’un   intérêt  culturel passionnant…,

Aussi à l’annonce de son CD qui comporte les mêmes interprètes, et   le même  programme, en particulier, Piazzolla « Five tango sensations » et  Piaf, «  les Hommes de Piaf », nous avons tout de suite décidé de le commander.
J’aime Piazzolla et  le Five Tango Sensations. Nous l’avons écouté encore et encore par différents interprètes , dont le mythique Kronos Quartet…
je suis fascinée par les titres des cinq mouvements, par la tristesse tragique de tous ces moments



Mais c’est  la création «  les «  homme de piaf »qui a mobilisé plus particulièrement
 mon attention, par une impression saisissante, parce que complexe / ambigüe d’une familiarité véritable, ancienne et personnelle avec cette musique ,  à laquelle se mêle un sentiment non moins évident d’étrangeté…
Et c’est cette impression première qui m’a entrainée  à une réécoute réitérée–  qui m’est certes coutumière !!!- mais qui  cette fois est encore plus « ostinata »que d’habitude !
Des titres à demi énigmatiques ou simplement allusifs : citations quasi exactes« Allez dansez Milord ! »ou retravaillés «  dans les pas du légionnaire » ,et « depuis  le coin de la rue là-bas » ou seulement suggestifs : « L’homme qu’elle aimait » laissant un espace  à ceux qui écoutent »Amateurs in Musica » , pour retrouver la chanson, ou les chansons ,  reconnaître le thème musical…et profiter de son interprétation de sa différence…
En écoutant on reconnait des phrases musicales  réinterprétées,  en même temps que  surgissent comme des flashes dans la mémoire des fragments de paroles  « il portait des culottes  … « la fille de joie est belle  »… « son accordéoniste, il ne reviendra pas » , «q quand …il me prend dans ses bras », « Mais vous pleurez Milord, ça, je ne l’aurais jamais cru »
Les phrases s’enlacent à d’autres ; on entend la musique qui se reconstruit dans notre tête d’un air  l’autre, différente, « pas tout à fait la même, pas tout à fait une autre », des instruments qui s’accordent et se répondent et le bandonéon  de W.Sabatier, la perfection d’un son à la fois mélodique , puissant et nuancé…
Des histoires, qui, au fil de la musique, renaissent en nous  en se  reconstruisant …
Car il s’agit bien de reconstruction « dramatique » aux deux sens du mot «  une tension d’histoire »  avec une situation initiale et un dénouement , que semble suggérer la composition et l’orchestration musicales des morceaux .
De la situation initiale, la rencontre de l’amour-passion, le visage de l’amour, multiple, au dénouement, tragique, toujours ..
Des exemples  remarquables comme « Au coin de la rue Là-bas » : mélodie harmonieuse sentimentale en début, tension progressive , accélération croissante , tristesse, destin : Il ne reviendra pas
Ou « mon  légionnaire »atmosphère initiale,  mélodie, tendre et lyrique, écrasante tristesse in fine..

 Donc  « dramatiques » aussi, au sens second du mot, ces dénouements, qui  sont toujours perçus comme tragiques, par des tonalités sombres et une scansion tragique de destin qui frappe l’amour  et le bonheur.
Et en cela la parenté de ton avec Piazzolla m’apparaît tout à coup flagrante, s’impose comme une évidence…les thèmes si  remarquablement marqués du style Piazzolla, infiniment mélodiques,  du chant triste et rythmé du tango ,et la gravité tragique qui me semble toujours les sous tendre de sa résonnance …

L’hymne à l’amour de Piaf et le Tango Porteno selon Piazzolla peuvent avoir parfois les mêmes couleurs…

Merci à William de les avoir pour nous si magnifiquement rapprochés pour les faire chanter …

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