Une écoute très subjective
Bajo el sol de la tuba
Pasa la feria
Federico
Garcia Lorca
Je
ne sais pourquoi j’ai toujours aimé le son du Tuba
…Toujours
le son du piano, mais comme un rêve par moi inaccessible (j’en jouai… mal !)
…Un
jour l’accordéon , découvert avec Michel, pour des chemins buissonniers heureux
à deux , vers des sons et des œuvres inventifs ..
…Mais
toujours au fil de rencontres musicales, j’ai été surprise et fascinée par le tuba .
Peut-être
un goût profondément ancré en moi par l’enfance lointaine, la Fête qui
enchantait mes étés d’alors, et ses
bandas… parfois nos bandas…
Un
petit groupe modeste et inspiré, rencontré lors de nos explorations des
musiciens d’accordéon, au joli nom de
Troublamours , et d’ailleurs perdu de vue à notre grand regret , me rappela ce
goût , par le talent de son tubiste, aussi discret que de nous apprécié …
Et
puis je lus par hasard, à la recherche d’une langue très peu connue de moi,
mais que je rêvais d’approcher, Ferias de Federico Garcia Lorca, et
l’image de « la » tuba illuminant la feria de son
« soleil » m’a frappée par l’évidence de sa métaphore …
Surtout
que- hasard objectif !- nous venions de rencontrer le talent et le son de Thomas Leleu !
Les
rencontres naissent presque toujours du croisement d’autres rencontres : Galliano, notre musicien
d’élection, toujours curieux des sons et des talents, composait pour le tuba d’un certain Thomas Leleu. Victoires
doubles de la Musique ! –j’ai écouté jusqu’au bout la longue cérémonie de
remises, et surtout, acheté le disque de
Thomas .
Puis,
un concert de poche près de chez nous
avec justement ce Thomas Leleu !
Et
rencontre timide er enthousiaste de notre part, et simple chaleureuse de la part.de Thomas …
Et
Stories …. !
Et
L’émission fauteuils d’orchestre du 25 janvier :fauteuils d'orchestre
Et…l’album
sorti cette année , des « histoires » de rencontres , histoires
de mélodies , histoire de notre rencontre avec un son, histoire d’une rencontre avec un passionné convaincu…
Ce
que j’en aime, c’est d’abord la composition de ce trio particulier : Tuba,
piano de Kim Barbier, xylophone de Kai Strobel ; la simplicité limpide de
leur orchestration permet d’apprécier à la fois pleinement chacun des trois
instruments et la conception raffinée de
leur rencontre (Laurent Elbaz) ?:
Le son « continu » du tuba est le
lien d’une mélodie à l’autre : aussi
suave et mélodieux que puissant. Brillant
en solo de notes virtuoses , il
assure la ligne mélodique d’ensemble dans la diversité des morceaux et des
timbres ; j’aime ses graves
profonds avec parfois comme une touche humour festif, et la
richesse extraordinaire de ses nuances : son agilité légère et
superbe dans l’aigu, sa profondeur émouvante et sa rondeur mélodique dans les
graves …
Bien
loin des stridences du tuba des bandas !!!mais tout aussi
« solaire » !
Les notes pures, égrenées, du vibraphone ressortent sur sa
continuité et la font ressortir.
Le
piano, très présent, rythme et inscrit une sorte de profondeur à l’arrière plan
des autres.
Quant aux morceaux, on pense en en lisant l’annonce, à une ballade dans des thèmes divers choisis
par Thomas, où puisse se jouer son tuba, des thèmes qu’il aime, que leurs
compositeurs soient du Brésil ou d’Argentine (Tom Jobim) , ou inspirés par ces pays
de rythmes et de mélodies (Gardel), de son pays d’adoption (Kurt Weill, Johannes
Brahms) ou de son propre pays (Erik Satie, Kosma , Georges Moustaki, Michel Legrand)
ou qu’il s’agisse de créations personnelles que leur titre inscrit dans un
imaginaire personnel et/ou cosmopolite, rues de Londres, bar de Rio, Latinité :
réunissant des créations de son pays
d’adoption, de son Pays et d’autres
encore, parce qu’il les aime ; et dont ’ailleurs nous partageons le choix avec
bonheur : Tom jobim , Kurt Weill nous les avons rencontrés avec émotion sur nos routes de
musique, Kosma , Moustaki et Barbara appellent pour notre émotion des échos
multiples et poétiques : voix de Barbara , mots de Prévert , partages avec
des musiciens, ou même des élèves d’autrefois…Délices choisis de Michel Legrand
où les trois lignes sonores s’entremêlent avec une subtilité remarquable ..je
pense en particulier au duo du piano et du tuba dans "You must believe in spring"….
Mais en fait
on peut penser fort subjectivement à l’écoute que cette flânerie de
thème en thème est aussi joliment organisée comme une «
histoire » !
Une
entrée introductive présente le beau
thème de Stories de Thomas, le final
de Stories le reprend avec l’ensemble les trois instruments et une coloration différente !
Le
second morceau, de Tom Jobim, annonce l’humeur d’ensemble, le refus de la mélancolie ou plutôt de sa
forme subtile qu’est, je crois, la Saudade
qui mêle plaisir et jouissance à la tristesse et la nostalgie…
…Mais
elle demeure en filigrane Triste de Jobim, Por una Cabeza…La complainte
de Mackie, Les feuilles mortes , Les parapluies de Cherbourg…
…Avant
de se dissoudre dans la « lumière de Berlin », dans la foi du
printemps « You must believe in Spring » dans la voix chaleureuse
qui le long d’ Halton Road chante l’amour …
Le
nouveau thème de l’histoire a de vives couleurs : Stories clôture l’œuvre en
jouant en chœur le final !!!
Puisse l’écoute réitérée des Stories de Thomas
nous donner encore et encore, et nonobstant
la mélancolie, fût-elle mélodieuse comme
un tango ! , la foi en l’arrivée du
Printemps !!!!
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