dimanche 15 avril 2018

HIVERNAGE ou HIBERNATION?


Je n’aime pas l’hiver
Je ne l’ai jamais aimé sauf quand les étoiles de Noël en étaient le sommet lumineux , l’attente de l’Avent impatiente, et délicieusement païenne, les rues enguirlandées , le hall du collège éclairé, et chaleureux le matin des voix et des visages des copines…
Puis la neige du ski survint un jour pour nous enchanter l’hiver…
Mais l’âge venant, ni ski, ni autant d’enchantement à Noël …
Et dès novembre, je supporte difficilement la plongée  du soleil dans l’ombre de la nuit, prise   comme par une angoisse préhistorique de sa disparition…
Et j’écoute volontiers les incantations
… de Jules Laforgue à L’hiver qui vient« Allez c’est bien fini jusqu’ à l’année prochaine , et tous les cors ont fait tonton ont fait tontaine… »…
… des spleens baudelairiens « Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres »….
…ou des humeurs métaphoriques de  Chateaubriand , la complainte de la correspondance de « cette saison qui a des rapports secrets avec nos destinées » :  notre vie qui s’étiole comme la chaleur de la lumière…

Cette année, même La Chandeleur a raté son coup, n’a pas allumé la lueur du jour qui rallonge, dans l’odeur caramélisée de la crêpe qui dore dans la soirée d’hiver !   
Cette année tant il a plu, même tant il a fait froid (justement dans ce cimetière où s’enterrait notre oncle) qu’on avait l’impression que cette humidité poisseuse ne sècherait jamais, en dépit de la brillance des  crêtes de nos Pyrénées dans le lointain,  splendidement enneigées, mais impuissantes  à réfléchir même  la pâle lumière de midi…
Par la fenêtre de notre chambre,  les branches des arbres finement  stylisées par l’hiver se dessinent noir sur gris, et  noir sur gris aussi les toits voisins, photo noir  et blanc  sans technicolor !
On à l’impression, enfermés dans nos maisons tièdes, d’un hivernage général, envie de lire des histoires faciles, d’écouter de la musique en boucle et reboucle, voire de dormir vers cinq heures, avec la tombée de ma nuit !

 Je m’interroge une fois encore sur la différence entre « hiverner » et « hiberner » et je ne suis pas loin de penser qu’à dormir le jour, manger des douceurs sucrées ou salées, nous ne sommes pas loin d’entrer en HIBERNATION !

Puis il y a même un jour de neige lumineuse, épaisse, et qui s’efface sans traces boueuses, une neige  qui n’est « pas sale », une neige éphémère,  qui  ne tient  qu’une journée er s’efface…

Et la  Nature s’obstine , sous la gelée et la neige. Sous le gel et sous la neige, les bourgeons résistent ..puis fleurissent  !
 Pas de violettes cette année, pas l’habituel et merveilleux tapis bleu du jardin !  Mais des primevères, des primevères, des  primevères,  dans l’herbe grasse, primevères de mon enfance !
Espoir  d’embellie ! Espoir de printemps ?
Il fait beau le 21 mars   !
 Mais repleut au soir en giboulées de grêle et de vent !!!
Primevères à nouveau  massacrées par la pluie,  puis résistent…
Le valeureux Camélia résiste…

Résistent l’azalée rose, les jacinthes , les perce neiges évidemment …
Un jour, par hasard, il fait beau, il fait même doux mais ce n’est qu’un seul jour….
Malgré les paysans de Colette :
« Les paysans hochent la tête : « Avril nous fera bien des surprises … » Ils penchent des fronts de sages sur cette folie, cette imprudence annuelle de la fleur et de la feuille. Ils vieillissent, accrochés à la course d’une terrible pupille que leur expérience n’instruit pas »…
Et nous, nous entendons leur millénaire sagesse  mais nous RESISTONS !  l’inconséquence avec effort, avec le  volontarisme du désespoir  l’emporte !
Et  nous attendons le soir que demain le soleil à son tour RESISTE, que « le soleil se lève aussi » !
A Pâques il a fait beau ! S’en vient Pâquette… ?
« C’est le printemps, viens t’en Pâquette
Te promener au bois joli…
Les poules dans la coure caquettent
L’aube au ciel fait de roses plis… »


Mais c’est fini, il PLEUT !



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