Je n’aime pas l’hiver
Je ne l’ai jamais aimé sauf quand
les étoiles de Noël en étaient le sommet lumineux , l’attente de l’Avent
impatiente, et délicieusement païenne, les rues enguirlandées , le hall du
collège éclairé, et chaleureux le matin des voix et des visages des copines…
Puis la neige du ski survint un
jour pour nous enchanter l’hiver…
Mais l’âge venant, ni ski, ni
autant d’enchantement à Noël …
Et dès novembre, je supporte
difficilement la plongée du soleil dans
l’ombre de la nuit, prise comme par une
angoisse préhistorique de sa disparition…
Et j’écoute volontiers les
incantations
… de Jules Laforgue à L’hiver qui vient, « Allez
c’est bien fini jusqu’ à l’année prochaine , et tous les cors ont fait tonton
ont fait tontaine… »…
… des spleens baudelairiens « Bientôt
nous plongerons dans les froides ténèbres »….
…ou des humeurs métaphoriques
de Chateaubriand , la complainte de la correspondance
de « cette saison qui a des rapports secrets avec nos destinées » : notre vie qui s’étiole comme la chaleur de la
lumière…
Cette année, même La Chandeleur a
raté son coup, n’a pas allumé la lueur du jour qui rallonge, dans l’odeur
caramélisée de la crêpe qui dore dans la soirée d’hiver !
Cette année tant il a plu, même
tant il a fait froid (justement dans ce cimetière où s’enterrait notre oncle)
qu’on avait l’impression que cette humidité poisseuse ne sècherait jamais, en
dépit de la brillance des crêtes de nos
Pyrénées dans le lointain, splendidement
enneigées, mais impuissantes à réfléchir
même la pâle lumière de midi…
Par la fenêtre de notre chambre, les branches des arbres finement stylisées par l’hiver se dessinent noir sur gris,
et noir sur gris aussi les toits voisins,
photo noir et blanc sans technicolor !
On à l’impression, enfermés
dans nos maisons tièdes, d’un hivernage général, envie de lire des histoires
faciles, d’écouter de la musique en boucle et reboucle, voire de dormir vers
cinq heures, avec la tombée de ma nuit !
Je m’interroge une fois encore sur la
différence entre « hiverner » et « hiberner » et je ne suis
pas loin de penser qu’à dormir le jour, manger des douceurs sucrées ou salées,
nous ne sommes pas loin d’entrer en HIBERNATION !
Puis il y a même un jour de
neige lumineuse, épaisse, et qui s’efface sans traces boueuses, une neige qui n’est « pas sale », une neige
éphémère, qui ne tient qu’une journée er s’efface…
Et la Nature s’obstine , sous la gelée et la neige.
Sous le gel et sous la neige, les bourgeons résistent ..puis fleurissent !
Pas de violettes cette année, pas l’habituel
et merveilleux tapis bleu du jardin ! Mais des primevères, des primevères, des primevères, dans l’herbe grasse, primevères de mon
enfance !
Il fait beau le 21 mars !
Mais repleut au soir en giboulées de grêle et
de vent !!!
Primevères à nouveau massacrées par la pluie, puis résistent…
Résistent l’azalée rose, les
jacinthes , les perce neiges évidemment …
Un jour, par hasard, il fait
beau, il fait même doux mais ce n’est qu’un seul jour….
Malgré les paysans de Colette
:
« Les paysans hochent la
tête : « Avril nous fera bien des surprises … » Ils penchent des
fronts de sages sur cette folie, cette imprudence annuelle de la fleur et de la
feuille. Ils vieillissent, accrochés à la course d’une terrible pupille que
leur expérience n’instruit pas »…
Et nous, nous entendons leur millénaire
sagesse mais nous RESISTONS ! l’inconséquence avec effort, avec le volontarisme du désespoir l’emporte !
Et nous attendons le soir que demain le soleil à
son tour RESISTE, que « le
soleil se lève aussi » !
« C’est le printemps,
viens t’en Pâquette
Les poules dans la coure caquettent
L’aube au ciel fait de roses
plis… »
Mais c’est fini, il
PLEUT !
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