En ce jour de vote, c’était peut-être le beau temps délicieux qui avait
amené une affluence plus grande au bureau de vote que la semaine passée, d’un « froid
de loup » selon l’expression de ma maman.. .
Son caractère spécial, une primaire, donnait à ce vote une atmosphère
différente de nos habitudes civiques . Pas
d’école où l’organiser, un personnel organisateur sensiblement plus varié d’âge
et de comportement qu’il ne l’est, me semble-t-il, habituellement !
Je ne sais si c’est cette impression
d’étrangeté qui m’a poussée, une fois encore, à m’interroger sur mon attachement à voter !
Je m’apprêtais donc à en écrire
pour l’analyser, lorsque mon fichier de
textes a affiché VOTE dans la liste où je venais d’inscrire VOTER, j’ai pris
conscience que « Je deviens vieille ne persistant toujours » dans mes
motivations si anciennes, si bien ancrées en moi, qu’elles me paraissent même
au fond difficiles à analyser …
Je ne résiste pas à la tentation ,narcissique ?,
de reproduire ce texte !
« Récemment
(en 2013) le juge des affaires familiales a statué sur la demande de mise en
tutelle de mon beau-père. Et nous avons reçu la notification, et lu, glacés, les
termes des mesures arrêtées.
Mais
très bizarrement , ce qui accrocha mon
esprit et mon émotion fut la suppression de son droit de vote.
En
prenant les choses à la légère, nous aurions pu nous dire que c’est tant mieux,
tant fut grande de tous temps notre mésentente concernant nos convictions
politiques et sociales, si grande qu’elle ne trouva jamais à s’exprimer…
Mais
j’ai pris conscience à cette occasion que le droit de vote est pour moi n’est
jamais quelque chose que je puisse prendre à la légère.
Ce
n’est pas que je sois hélas (?) une très grande militante politique…
Ce
n’est pas non plus l’empreinte profonde des engagements politiques militants de
mes deux grands pères, l’un « dégradé » pour avoir fait grève en 36, l’autre
frappé d’AVC brutal au moment de Vichy.
J’ai
plutôt hérité du tempérament « conciliateur» de mon père et du réformisme
militant et passionné de ma mère.
Non
! je crois que la marque profonde, parce qu’elle est affective et touche à la
conception de la personne humaine, plus qu’à la seule politique, c’est la remarque
réitérée de ma mère , à chaque élection
"Quand je pense disait-elle que j’ai passé tant
d’années de ma vie sans pouvoir voter, quand je voyais les hommes y aller ça me
rendait enragée…"
Et
pour une fois elles se trouvaient totalement d’accord ma grand mère et elle !!
En
relisant à cette occasion quelques articles sur l’histoire du vote des femmes,
je vois qu’il fut effectivement parfois écarté par des partis dits de gauche
pour se prévenir des influences néfastes que les femmes dans leur ignorance (
native ???) auraient pu subir , éternelles mineures, entravant ainsi la Marche
du char du Progrès !!!
Une
mesure de protection en somme ….une mesure « tutélaire », oui ! Mais pour qui ?
En
ces temps incertains où se débat ce droit, ne pourrait-on pas être tenté de
pendre de si salutaires mesures de bien public et de protéger (ou de se protéger)
de votants virtuellement dangereux…. ?
En
ces temps incertains où se débat ce droit, où certains le réclament, où
d’autres militent pour son exercice, où d’autres refusent de l’exercer….
Parfois
s’effrite mon optimisme désespéré, parfois je vacille, je suis « comme une
truie qui doute »* le doute destructeur s’infiltre sur les légitimités des uns
ou des autres à bénéficier de nos suffrages, leur capacité à assurer quelque
chose d’un peu mieux, à la responsabilité qu’il y a à voter pour eux….
Je
ne sais pas si je l’exercerai à bon droit ce droit si cher payé…MAIS, ce dont
je ne doute pas, c’est que je ne veux pas en être protégée, je veux dire exclue
!!!!! »
*
citation empruntée à Claude DUNETON
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