Spleens d’hiver, Divers Spleens
Coup de froid.
Le soleil brille sur le gel,
découpe les contours avec précision, mais, oblique, baissera très vite derrière le toit voisin.
L’augmentation de la durée de
jour n’est qu’une illusion conceptuelle…
Ce janvier est très froid, il me
semble que je rétrécis pour mieux résister…
Coups de vieux
Dire que j’ai adopté avec ravissement et étourderie les nouveautés
technologiques : les merveilles de Word ou de Blogger
, la compétence démultipliée de monsieur
Google , la convivialité de Facebook
aux amis si lointains mais parfois si proches et si réactifs à répondre. (Qui n’a rêvé des « Pneumatiques »
de « Baisers Volés », et adoré même la double distribution du
courrier à Bordeaux au temps où nous n’avions pas de portables ? mais rien
de comparable avec la présence parfois instantanée des copains de FB…. ! )
Les SMS et l’inventivité de la frappe
aléatoire du « texte intuitif »
Je me prenais (et m’y prends toujours ! ) à rêver de ses ressources magiques pour l’apprentissage de
la langue et de l’orthographe :
« Que veux- tu
écrire Apprenti, non ! Ce n’est pas ainsi ! » Mais aucune
feinte maïeutique dans ce dialogue intime: « Comment ça s’écrit ? je te propose : Ainsi ! »
Word le bien nommé, la Force du Mot, à trouver, à polir, à orthographier,
à agencer avec son, et ses, voisins.
Merveilleuse fonction, « copier/
coller … »
Brouillon sans brouillonner, sans ratures ni pâté d’encre…
Palinodies rendues possibles :
j’adore reprendre, couper et déplacer, couper sans
déplacer, pour alléger le phrasé ; coller pour allonger le rythme, faire
attendre le verbe, donner la préséance aux circonstanciels, pour renverser le
sens de la syntaxe, plus descendante ? Un peu plus montante ?
En fait j’en suis toujours émerveillée !
Mais voilà qu’au jour d' aujourd’hui
je suis dépassée par un réaménagement de
notre cuisine ! Il faut dire à ma décharge que ce
« chantier » a duré deux mois
au bas mot !
Mais, bref, je suis dépassée par les merveilles électroniques de nos
machines neuves, lire les notices, avant de cliquer à
« l’intuitive »sur les promesses des programmes !
Changer les poêles et les casseroles, pour L’Induction !!!
Astiquer la plaque de cuisson…
Bien sûr on pourrait se
féliciter de finalement « apprendre » en lisant simplement
les notices, de« devenir vieux en
apprenant toujours » !!! Mais je ne peux me déprendre de l’impression
de la vanité des savoirs acquis !
Pire, je ne peux m’empêcher de
mesurer le coût de ces acquis à l’aune
du temps utilisé à les acquérir…
Une fois retrouvés à peu près automatiquement,
vaisselles, couverts …à leur place nouvelle, je me dis, nous avons déménagé
sept ou huit fois dans notre vie, et aujourd’hui une simple cuisine perturbe mes savoir-faire !!!!
Capacité d’adaptation désormais réduites ? GRRR !
Coups de rage.
Mais, le pire coup de vieux, c’est de ne plus se sentir en phase avec le
monde tel qu’il va désormais ...
Certes nous nous attristions fréquemment que le Progrès, auquel nous
avions cru, ne se réalise pas …qu’il piétine.
Pire nous craignions parfois qu’il régresse : les ouvertures pédagogiques,
Sisyphe ! les guerres de religion, Sisyphe ! la condition des femmes,
Sysiphe !
Mais maintenant, c’est la mentalité ambiante de râle généralisée que j’ai
peine à supporter ! De râle et /ou de dérision , comme si chacun
pensait faire montre de son esprit critique en pratiquant le «OUi , MAIS, … on ne me la fait pas à moi ! »
Le monde des médias, spécialement !
Je comprends la vocation de ma petite Camille et en souris, pour la carrière d’humoriste…
Mais c’est tout le monde des
médias qui se veut humoriste, Champion en Dérision…personnages ricanants perpétuels
, qui se prennent tous pour Charlie !
C’est à vous, par
exemple, émission légère , consacrée la
diversité du quotidien ,et jadis sans façon, mérite pour moi de moins en
moins son titre …
Car, C’est à vous devrait
s’appeler de plus en plus C’est à Nous !
La majeure partie du temps en est consacrée à parler d’Eux ,certes en
se moquant d’eux mêmes avec un certain humour, toujours recommencé, sur les mêmes cibles, certains
d’eux en particulier …
Oui ! mais bon ! et Nous ?
Sommes -nous invités à ce dîner parisien quotidien , y reconnaissons quoique
ce soit de nos goûts de nos préoccupations , dans la soupe servie aux acteurs
politiques les plus porteurs de buzz ! dans la musique qui chante presque toujours en
Anglais …
Si c’est la culture du moment nous y sommes assez étrangers …Dépassés
héhé !
Et c’est finalement Claire Chazal que nous avions au départ accueillie
avec réticence qui nous parle le plus de ce que nous apprécions culturellement,
quoiqu ‘elle nous laisse ressentir de plus en plus que cette culture n’ a son
siège qu’a Paris !!!!
(Molière
toujours actuel ):
Madelon. — Hélas ! qu’en pourrions-nous dire ? Il faudrait
être l’antipode de la raison pour ne pas confesser que Paris est le grand
bureau des merveilles, le centre du bon goût, du bel esprit et de la galanterie.
Mascarille. — Pour moi, je tiens que, hors Paris, il n’y a point de salut
pour les honnêtes gens.
Quand le monde des
médias ne ricane pas sur les sujets les plus divers, il deviennent des Zorros redresseurs de tort , des
Cassandres de l’ analyse de l’avenir politique , des spécialistes attitrés qui
débusquent en chaque interviewé sa vérité cachée …petitesses et manquements !
Quand ils ne se gaussent pas de leurs invités dès qu’ils
ont le dos tourné !
Alors que faire ?
Cultiver l’Embellie, la Bulle, L’Illusion sur les gens et
les choses ?
Lire des polars de Fred Vargas et quelques autres , regarder
Les petits meurtres d’Agatha, et des séries, des séries, des séries, qui ne
parlent du mal que pour mieux le conjurer, relire nos livres de chevets qui
parlent d’espoir et du sens de la vie ,
discuter littérature avec nos enfants , et discuter tout court, et pour partager la
musique que nous aimons, écouter, écouter toujours ce que nous aimons déjà et
ce que découvrons encore ! Avec
Michel, courir les concerts, qu’il ne faut surtout pas penser de plus en plus lointains à mesure que nous vieillissons ?
Mais après tout imaginons, oui ! Imaginons Sysiphe heureux…parfois !
Car parfois, parvenu au haut de son rocher, Sisyphe PEUT être heureux !
…En haut de son rocher, en regardant la mer …Après la pluie ! ou Entre
chien et Loup !
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