Les débats aussi passionnés que
mal informés sur la réforme du collège
nous renvoient à nos petits démons familiers
Je suis allée lire les textes sur
le site du « gouvernement », et j’ai pensé, pourquoi tant de hargne
de tant de d’analystes divers, dont les derniers ne sont pas les enseignants eux-mêmes…
Ce qui est proposé, il me semble
que c’est déjà ce qui était proposé
lorsque que nous étions encore formateurs, ou même encore enseignants. Et avec quoi nous ne pouvions qu’être absolument
en accord…Pire nous en avions été parfois les promoteurs convaincus , et pire
encore nous avions l’illusion d’en avoir convaincu des collègues , et ne soyons
pas trop défaitistes , des rencontres ultérieures, et même bien ultérieures ,et
les discussions qui s’ensuivirent nous l’ont souvent confirmé et nous en avons
été profondément touchés….
Alors quoi ? Qu'ont de si révolutionnaires ces
propositions ?
S’il est bien normal ( et même
indispensable à mes yeux ) que mes collègues latinistes s’émeuvent et se
manifestent pour obtenir discussion et amendement,
s’il est normal et souhaitable qu’il y ait débat et compromis, pourquoi cette hargne, ce catastrophisme
orchestré, qui permet aux « politiques » de gauche d’affirmer leur
indépendance d’esprit ! et à ceux de droite de frôler le consensus ?
Pourquoi crier à la mort de la culture,
à la destruction de l’école ?
Je me rappelle avec tristesse la
« fameuse » Réforme de l’orthographe !
Je pense personnellement que son
défaut avait été de tenter de vouloir « décréter » en matière de
langue , il eut été sans doute plus pragmatique de se contenter d’établir le
constat des évolutions et de conseiller l’application de «
Tolérances… »
Si modeste et prudente qu’elle
fût, elle fut stigmatisée comme l’étendard avéré de la décadence par les Défenseurs de La langue française, les adorateurs de
l’accent circonflexe, par ceux qui vénéraient l’orthographe comme apanage des Lettrés. Son universitaire promotrice subit dans la presse et à la
radio des débats orduriers, stigmatisée
comme une redoutable agitatrice…
Bref cette réforme sommeille tranquillement parmi les textes de loi tombés en désuétude et n’est jamais appliquée pas même
dans les concours universitaires où l’on pourrait exiger qu’elle fasse loi…
Pourquoi ? pourquoi ?
« Parce que- on vous l’avait
toujours dit !!!- les enseignants sont d’incurables conservateurs !
et l’école définitivement irréformable…l’Education Nationale un
mammouth « indégraissable » !!! »
Et nous étions là Michel et moi tout
attristés, plaisantant , quoique le cœur n’y fût pas … :
« Tu vois , nous étions déjà tellement en
avance que les propositions qui ne nous apparaissent que banales, ne pourront être appliquées que dans …dix ans…au mieux !!! »
Et Michel, alors de réaffirmer sa conviction fondamentale :
« Ce n’est pas un problème
de structure, c’est une question d’acteurs..
C’est d’eux que dépend la qualité
du travail, de leur implication, de leur compréhension des rapports sociaux, de
leur conception du progrès et des évolutions, de la vie, de leur éthique !… »
-Oui mais quand même quelquefois,
la structure ça peut les soutenir …Tu vois moi…
Et je pense « aux dix pour cent »..Dix
pour cent ça voulait dire qu’on pouvait consacrer si on le voulait
10/100 de son temps à aborder des thèmes et des projets interdisciplinaires en équipe, à condition qu’ils soient conformes aux
programmes …
-J’ai aimé tellement ce travail , nous avons fait tant de projets
délicieux, et les élèves que je rencontre encore parfois , c’est de ça qu’ils
se souviennent ! M…qui m’a écrit récemment, C…la petite libraire …. »
-Oui mais elle est
libraire !
-Oui mais ce n’était pas quelqu ‘un
de si facile que ça , originale, un peu rétive . Je crois bien un jour lui
avoir dit ….passons…
-Oui mais..Et qui était dans ton équipe ?
-Certes ,des collègues convaincus
…
Oui , mais quand même, si on n’en
avait pas eu la possibilité par défaut de structure….ça aurait été dommage , du
bon travail a été fait , un peu différent
pour le rôle que les élèves y avaient ,(j’ajoute un peu timidement)assez…culturel…
La question reste ouverte….
On essayera de transiger par un
dépassement dialectique HIHIHI :
-C’est une question d’ acteurs ET
de structures
Ou :
-Une question de structures ET
d’acteurs !
Ne croyez pas, cen’est pas tous
les jours ainsi qu’on débat si intelligemment !
Quand nous préparions tous les
deux...
Un souvenir de deux étudiants d'autrefois.... |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire