lundi 8 juin 2015

L’école, une question d’acteurs ?



Les débats aussi passionnés que mal informés sur la réforme du  collège nous renvoient à nos petits démons familiers
Je suis allée lire les textes sur le site du « gouvernement », et j’ai pensé, pourquoi tant de hargne de tant de d’analystes divers, dont les derniers ne sont pas les enseignants eux-mêmes…
Ce qui est proposé, il me semble que  c’est déjà ce qui était proposé lorsque que nous étions encore formateurs, ou même encore enseignants. Et  avec quoi nous ne pouvions qu’être absolument en accord…Pire nous en avions été parfois les promoteurs convaincus , et pire encore nous avions l’illusion d’en avoir convaincu des collègues , et ne soyons pas trop défaitistes , des rencontres ultérieures, et même bien ultérieures ,et les discussions qui s’ensuivirent nous l’ont souvent confirmé et nous en avons été  profondément touchés….

 Alors quoi ? Qu'ont de si révolutionnaires ces propositions ?
S’il est bien normal ( et même indispensable à mes yeux ) que mes collègues latinistes s’émeuvent et se manifestent  pour obtenir discussion et amendement, s’il est normal et souhaitable qu’il y ait débat et compromis,  pourquoi cette hargne, ce catastrophisme orchestré, qui permet aux « politiques » de gauche d’affirmer leur indépendance d’esprit !   et  à ceux  de droite de frôler le consensus ? Pourquoi crier  à la mort de la culture, à la destruction de l’école ?
Je me rappelle avec tristesse la « fameuse » Réforme de l’orthographe !
Je pense personnellement que son défaut avait été de tenter de vouloir « décréter » en matière de langue , il eut été sans doute plus pragmatique de se contenter d’établir le constat des évolutions et de conseiller l’application de  «  Tolérances… »
Si modeste et prudente qu’elle fût, elle fut stigmatisée comme l’étendard avéré de la décadence  par les Défenseurs de  La langue française, les adorateurs de l’accent circonflexe, par ceux qui vénéraient l’orthographe comme apanage  des Lettrés. Son universitaire   promotrice subit dans la presse et à la radio des débats orduriers,  stigmatisée comme une redoutable agitatrice…
Bref cette réforme  sommeille tranquillement parmi  les textes de loi tombés  en désuétude et n’est jamais appliquée pas même dans les concours universitaires où l’on pourrait exiger qu’elle fasse loi…

Pourquoi ? pourquoi ?
« Parce que- on vous l’avait toujours dit !!!- les enseignants sont d’incurables conservateurs ! et l’école définitivement irréformable…l’Education Nationale un mammouth « indégraissable » !!! »

 Et nous étions là Michel et moi tout attristés, plaisantant , quoique le cœur n’y fût pas … :
 « Tu vois , nous étions déjà tellement en avance que les propositions qui ne nous apparaissent que banales,  ne pourront être appliquées  que dans …dix ans…au mieux !!! »

Et  Michel, alors de réaffirmer sa conviction fondamentale :
«  Ce n’est pas un problème de structure, c’est une question d’acteurs.. 
C’est d’eux que dépend la qualité du travail, de leur implication, de leur compréhension des rapports sociaux, de leur conception du progrès et des évolutions,  de la vie, de leur éthique !… »
-Oui mais quand même quelquefois, la structure ça peut les soutenir …Tu vois moi…
 Et je pense « aux dix pour cent »..Dix pour cent ça voulait dire qu’on pouvait consacrer si on le voulait 10/100 de son temps à aborder des thèmes et des projets  interdisciplinaires en équipe,  à condition qu’ils soient conformes aux programmes …
-J’ai aimé tellement  ce travail , nous avons fait tant de projets délicieux, et les élèves que je rencontre encore parfois , c’est de ça qu’ils se souviennent ! M…qui m’a écrit récemment, C…la petite libraire …. »
-Oui mais elle est libraire !
-Oui mais ce n’était pas quelqu ‘un de si facile que ça , originale, un peu rétive . Je crois bien un jour lui avoir dit ….passons…
-Oui mais..Et  qui était dans ton équipe ?
-Certes ,des collègues convaincus …
Oui , mais quand même, si on n’en avait pas eu la possibilité par défaut de structure….ça aurait été dommage , du bon travail a été fait , un peu différent  pour le rôle que les élèves y avaient ,(j’ajoute un  peu timidement)assez…culturel…

La question reste ouverte….
On essayera de transiger par un dépassement dialectique HIHIHI :
-C’est une question d’ acteurs ET de structures
Ou :
-Une question de structures ET d’acteurs !

Ne croyez pas, cen’est pas tous les jours ainsi qu’on débat si intelligemment !





Quand nous préparions tous les deux...

Un souvenir de deux  étudiants d'autrefois....

....notre DES( Diplome d'etudes supérieures, appellation ancienne des thèses de 3ème cycle )un des trois professeurs  qui m’encadraient, un redoutable hellénisant, qui maniait férocement l’ironie et l’humour, mais m’avait à la bonne pour  cause d’une certaine  insolence, m’a demandé :

-Vous, vous faites donc votre diplôme  sur Paul Valéry, et votre mari ?
­- Sur Hegel, l’Esthétique ,  le thème de la mort de l’art … 

Et il rit, il rit tant que, d’abord un peu vexée, je finis par rire aussi !


«  Eh bien , cela doit être gai chez vous aux  repas du soir !!! »









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