Hiroko Ito était le fil rouge
choisi pour le festival des Nuits de Nacre.
Un bien séduisant fil rouge, et
nous ne l’avions jamais entendue en live, même si Michel avait déjà , grâce à Françoise Jallot découvert et acheté deux CD …
En fait, je suis parfois dépassée
par le foisonnement de ses découvertes et je n’avais que peu écouté ces CD avec
lui, pour avoir une idée de cette musique et la partager, mais jamais comme j’aime
à le faire, encore et encore, avec un
ressassement obstiné… !
Ma première rencontre avec Hiroko
ce fut donc à Tulle, au théâtre des sept collines le 12 septembre…
Dans la belle orchestration de
Peyrièras, et remarquablement entourée par le piano de celui-ci, la contrebasse
de Marc Michel Le Bévillon, Christian Lété à la batterie, et trois accordéonistes
talentueux, Thierry Roques, Sébastien Debard, Aurélien Noël , un rien raidie et
solennelle, elle a joué une magique musique , un peu étrange pour moi, dont je
perçois sans savoir l’analyser, que « les modes et les intervalles »
sont de couleur japonaise.
« Rendez-vous sous les
cerisiers », comme son titre le veut, nous embarque vers un autre soleil,comme son titre le veut, nous embarque vers un
autre soleil, mais je suis aussi fascinée par "Place
de la Boca »,
« Le retour du chat », « Histoire nostalgique », « Okuribi »…,
quelque chose de délicieusement ralenti, d’un peu nostalgiquement mineur, de
notes égrenées parfois à la limite de l’acidité, …
Et puis, un autre volet du
programme, un hommage à l’accordéon français et à sa capitale, l’air de Paris,...
... et je n’ajouterai rien à ce qu’en dit Michel tant la pertinence de son texte que je trouve
piquant, me convient..
« Le style d'Hiroko Ito
en effet s'apparente à une relecture des romances et des airs d'un Paris
plein de tendresse et de nostalgie. Relecture qui donne une saveur mi-sucre
mi-citron à ces romances.
Autre particularité de l'album : sa lenteur. On est dans un monde où le temps dure, dure, dure et cette durée est pour moi source d'étonnement. Au bout du compte, cette particularité fait style. Au fur et à mesure que les morceaux se suivent, on se sent de plus en plus en apesanteur et c'est agréable. Entre vigilance et rêve, un état de rêverie s'installe. »
Autre particularité de l'album : sa lenteur. On est dans un monde où le temps dure, dure, dure et cette durée est pour moi source d'étonnement. Au bout du compte, cette particularité fait style. Au fur et à mesure que les morceaux se suivent, on se sent de plus en plus en apesanteur et c'est agréable. Entre vigilance et rêve, un état de rêverie s'installe. »
Michel Rebinguet
Mais la vraie rencontre, fascinante,
celle d’une femme étonnante, ce fut le lendemain à l’espace Galliano, où toujours
accompagnée de son mentor Patrice Peyrièras, elle nous raconta , dans un
français délicieux, à la fois précis, complexe, et savoureux de variations de registres de langue, elle nous raconta ce que
j’appellerai son PROJET de vie : jouer de l’accordéon !
Et je l’ai trouvée passionnante
et superbe…
Son point de départ, l’affirmation
philosophique de sa foi dans l’existence d’un destin. On aurait pu en attendre
fatalisme et résignation. Or en même temps, à première vue contradictoire,
s’affirmait avec force et tranquillité une détermination obstinée à construire
sa vie , à tracer sa route vers un projet choisi … l’accordéon !
Je ne sais d’où lui vient ce
positif mélange…
De ses parents issus de la guerre
(et quelle guerre !!!) et donc désireux que leurs enfants profitent de toutes choses,
la culture en particulier ?
De rencontres , que j’ai
l’habitude d’appeler de « hasard objectif » d’après Breton, des rencontres qui résultent de la
coïncidence entre le désir humain et les forces mystérieuses qui agissent en
vue de sa réalisation …?
Il y eut Azzola puis par lui Joe Rossi, et par lui de Barbara, Gréco,
Moustaki ou Montand, notre ami J. Pellarin et Baïkal duo , aujourd’hui Fabrice
Peyrièras…
D’un volontarisme absolu qui la
pousse à aller à Paris et à s’installer à quelque pas de Joe Rossi pour obtenir
de lui des cours d’accordéon ?
D’une sorte de perfectionnisme
exigeant qui force le respect et amène les profs de musique à l’accepter dans
les cours contre toutes limites d’âge, et malgré des échecs…?
Il y a en Hiroko Ito une surprenante
énergie qui convertit le destin en force positive.
C’est ainsi,- aveu aussi
saisissant que bouleversant-, qu’elle interprète le cataclysme de Fukushima , comme
une chance pour elle, alors que, vaincue par la difficulté à arriver, elle
était décidée à renoncer, à quitter Paris, et à rentrer définitivement dans son
pays !
La peur oriente positivement son
destin …
Les morceaux Délivrance,
impressionnant, et L’espoir –Inori,
encadrent Accordéon 33 !!! pour moi l’un des plus remarquables morceaux…
…Et éclairent un peu à mes yeux
le trajet de vie de cette femme attachante dont le moindre charme n’est pas sa
capacité à s’exprimer dans des visages divers, sourire et accueil chaleureux et
spontané, tristesse profonde et solennelle , gaieté parisienne et musette,
chansons sous les cerisiers…
Et toujours l’accordéon comme fil
d’Ariane obstiné et multiple qui la relie au pays des cerisiers en fleurs, son
pays, à l’air de Paris, le pays du
musette, mais encore au tango et au jazz, qui en jouent …pour un
style bien à elle, tissé de tous ces mélanges…
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