vendredi 17 mai 2013

Galliano,Fresu, Lundgren : Mare Nostrum à La Halle aux grains




Dimanche soir, c’était à la Halle aux grains, belle salle, du monde, mais pas la foule serrée qu’on a pu y connaître pour Richard.
Une foule qui venait aussi célébrer Claude Nougaro, et soutenir une association d’accueil des handicapés.
Nous, nous venions écouter trois musiciens que nous adorons, Galliano et Paolo Fresu, et aussi Jan Lundgren, qu’en fait nous ne connaissons que dans cette formation, mais dont le son nous enchante, particulièrement quand, comme Goyone,  il chante la Mer, avec un accordéon, celui de Richard .
L’éclairage de scène était une  lumière parcimonieuse qui éclairait en clair obscur les trois interprètes  et évoquait  une atmosphère nocturne…
« Une nuit qu’on entendait la mer sans la voir… » !!!!

Mare Nostrum, comme Love Day, et Parlez-moi d’amour,  appartient pour moi aux œuvres rêveuses de Galliano…
Contrairement à Luz Negra, où nonobstant le titre, la lumière l’emporte sur l’ombre , et l’alegria de vivre sur la méditation, dans ces trois opus  la mélodie se fait grave …
« Et leur chanson se mêle au clair de lune
« Au calme clair de lune triste et beau,
« Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
« Et sangloter d’extase les jets d’eau… »  
Nous retrouvons avec délices la trompette soyeuse de Paolo Fresu, tantôt voilée, tantôt éclatante, toujours mélodique et touchante, voire déchirante, ses postures remarquables, cherchant le son au plus profond de son  souffle.


L’accordéon au son unique de Richard, allègre, nuancé, se jouant de la multiplicité des plans et des registres sonores…
Avec lesquels le piano de Lundgren, qui connote pour moi le plan infini de la mer, se mêle en nappes sonores et « marines ».
Cette mer , particulièrement ce soir dans cette lumière en clair obscur, n’est pas celle, prosaïque , des plages d’été- « composée de feux » avec  bains joyeux, bruits de voix et de cris multiples, d’éclaboussures et de plongeons, ce n’est pas non plus la mer grondeuse et rauque des tempêtes, c’est une mer calme et rêveuse, presque mystérieuse,  un peu onirique, (Sonia’s Nightmare), qui ouvre l’esprit à la méditation (Open your mind). 

C’est la Méditerranée de Paolo Fresu, qui se souvient d’Ulysse et de la « nostalgie » du retour, (« Valzer del Ritorno » pour l’épouse qui attend), des voyages aventureux d’Enée, et de la Lyre d’Orphée…

C’est une mer à mouette (Seagull) qui…
 « Parfois si tristement …crie, qu’  elle alarme au lointain le pilote »…

C’est aussi la mer aux  confins brumeux des mers du pays de Jan.


C’est une mer à la Soulages aux nuances profondes de dégradés de bleus  foncés où surgissent parfois des notes lumineuses intenses.




 Telles les  notes argentines d’une superbe interprétation d’un morceau de Monteverdi dont je ne sais pas le nom.




Si parfois y circulent  des accents d’Amérique Latine à la Jobim (Eu Nao, Existo Sem Voce, Para Jobim…) ceux-ci sont voilés de mélancolie…
La puissante vitalité  de Richard Galliano, si elle s’y  manifeste avec le merveilleux et enlevé Chat Pitre, la tendresse de Principessa, (« Pour ma fille, car toutes les filles sont des princesses ! ») c’est comme retenue, en sourdine, avec seulement la perfection d’un rythme et d’un phrasé allègre et délié (Liberty Waltz).
Des échos du passé l’habitent, contes mélancoliques de l’enfance (Ma mère  l’Oye) amours perdues des musiciens disparus (Que reste-t-il de nos amours ?) et surtout l’ombre magnifiquement fêtée de l’ami et du maître disparu, Claude, ses chansons superbement  revisitées, (Cécile et Toulouse),  et la musique composée pour lui  « Tango pour Claude » qui chante la « Violence de la vie »…


Soirée magique, sorte de rêve dont on peine à s’éveiller.
Heureusement les copains sont là, à la sortie…On partage les impressions et l’envoûtement, on plaisante, du Victoria de Jean-Marc le même (LOL) que celui de Richard, du shetland de Michel le même(LOL)  que celui de Pascal Contet,   on projette de futures rencontres, et l’on se sépare sous l’emprise d’un souvenir prenant et durable…

On se hâte, c’est le dernier métro !

3 commentaires:

Jyl a dit…

Merci pour votre article ainsi que ces quelques vers très appropriés sur "le clair de lune .... qui fait sangloter les jets d'eau" magnifique ! sont-ils issus de votre inspiration ? Vous parlez très bien de ce concert, au cours duquel j'ai eu le plaisir de faire votre connaissance.
à bientôt à vous deux ...

JYL a dit…

J'ai acheté les morceaux de Mare Nostrum, pour le morceau dans lequel j'avais particulièrement aimé l'ambiance, la recherche et les digressions sonores j'hésite entre ma mère l'Oye et Sonia's Nightmare mais je ne les retrouve pas vraiment, il est possible que lors du concert ils aient improvisé des parties.

françou a dit…

Merci Jyl de m'avoir lue...
Il est effectivement possible que les interprétations varient et infléchissent le climat suggéré. j'ai été impressionnée par l'interprétation de Toulouse et même de Tango pour Claude ce soir-là!
Quel dommage , et quel délice à la fois, qu'on ne puisse pas réécouter et revivre un tel concert ..Pour le poème,je l'adore et trouve aussi qu'il est bien approprié , c'est de Verlaine; Je suis contente que vous l'ayez aimé, j'avais peur d'être un peu pédante ...mais il allait si bien à mon sentiment, et je l'aime tant...Merci encore de votre attention à nos écrits et d'avoir pu faire votre connaissance, un vrai plaisir pour nous aussi...A bientôt..