dimanche 19 mai 2013

L’écume des jours, faut que je relise !


J’ai tant aimé ce livre déchirant, foutraque, et poétique . Il me semble que la poésie en était due à de subtils et constants décalages par rapport au réel. A des images aussi fantastiques qu’angoissantes comme le nénuphar né dans la poitrine de Chloé…
 Mais il recélait une tendresse violente et joyeuse , l’amour  de Colin et Chloe, l’attachement de la petite souris à son maître…je l’imaginais délicate et soyeuse, avec ses moustaches noires, et un petit œil tout rond et tout vif...
On souriait de la folie - Jean Saul Partre,  nous l’avions connue: je n’aimais pas spécialement Sartre, mais je l’avais  lu consciencieusement comme un maître obligé, je lui préférais Camus, j’osais à peine l’avouer, tant il était obligatoire à l’époque de préférer à son humanisme, « l’existentialisme »  qui est un humanisme…
On aimait la folie de musique… le piano cocktail  …
Mais bien sûr ce que j’adorais, c’était l’amour de Colin et Chloé. Un amour lumineux, comme Chloé, comme les fleurs… les fleurs qui sont parfois tragiquement des nénuphars !
  Ce qui m’angoissait, c’était ce tragique dans le bonheur humain, l’emprise inéluctable de la maladie, la vie qui se rétrécit, le souffle qui s’étouffe, la lumière qui « s’étoupe » et s’obscurcit.. et le déchirement de la mort en soi et pour  l’autre, la perte irréparable de l’amour de Chloé pour Colin, de Colin pour la souris…
Sous un ciel vide voire ricanant, comme un traqique à l’ antique , au pied d’un Christ indifférent voire mercantile…
Ce qui me bouleversait c’était la révolte impuissante de Colin, c’était le suicide déchirant de la souris dans la gueule du chat  …
Ca, c’était la marque durable laissée par ce livre dans mon souvenir.
Rien, je ne retrouve rien de ces émotions dans le film de Michel Gondry…!


Pourtant j’aimais le choix des acteurs pour les personnages
Audrey Tautou , oui , avec ce teint qui capte la lumière et l’éclat de ses yeux,  je lui trouve ce caractère lumineux que j’imagine à Chloé. Romain Duris, séducteur, et fragile, un peu décalé , oui, je trouve qu’il incarne bien Colin, enfant gâté, inconséquent en amitié et fou en amour.
Pourtant je suis une adepte convaincue de la transposition filmique des livres, je ne crie pas au scandale ni au lèse- majesté…toute histoire, tout texte qu’on  publie échappe à son auteur, existe en soi, appartient à son lecteur, et peut courir le risque d’une adaptation, recréation inspirée ou pas …
« Les textes ont le sens qu’on leur prête » telle  est ma philosophie…
Le sens prêté par Michel Gondry  à l’Ecume des jours ne m’a pas plu, c’est tout…
Simplement  j’ai trouvé ce film long , sa fantaisie gadget et sans poésie, surréaliste peut-être, mais plutôt façon Dali ou « parapluie sur table d’opération »  et surtout sans beaucoup d’émotion dans le rapport des personnages ou la composition du récit…
  
Le plus efficace,  ça a été pour moi l’ « angoisse » (au sens étymologique, resserrement qui étreint) de la maladie et de la mort , l’étau étouffant qui étreint  la poitrine , rétrécit l’ espace, étouffe la lumière…
Là j’ai trouvé prenants et angoissants les effets…je suis sortie( il s’était remis à pleuvoir, il faisait froid) fatiguée, écrasée, déprimée …mais au fond moins bouleversée qu’en achevant le livre , parce que le roman m’avait faire sourire et vibrer de tendresse, et de l’amour de ses personnages , alors que Romain Duris et Audrey Tautou, entre tous leurs gadgets, malgré leur beauté, n’ont pas réussi à provoquer en moi l’émotion de l’amour, ni donc à me faire ressentir le tragique embusqué dans le bonheur…
Quant à la petite souris… !

 Bon OK ! Il pleuvait, je n’avais pas le moral et je  vis sur le souvenir lumineux et angoissant d’une lecture d’il y a… 20 ans peut-être…. !


Promis, je vais relire, pour être honnête…Quoique…!
Je ne peux pas promettre d’aller jusqu’à l’enterrement sinistre de Chloé et encore moins au dialogue de  la petite souris et du chat !

1 commentaire:

sister for ever a dit…

Pas vu ce film, pas le temps ces jours-ci...mais moi aussi il faut que je retrouve le bouquin au fond de mes placards...je suis loin d'avoir un souvenir aussi précis que le tien, je me souviens surtout que j'avais adoré et été fascinée!