jeudi 30 août 2012

Vagues à prendre



J’ai toujours su nager ? mais non , ce n’est qu’une impression inspirée par le bonheur total que me procure l’eau quand elle m’enveloppe , me porte, me laisse me glisser en elle pour une longue coulée..
En fait j’ai appris avec ma grande sœur en un temps où on ne prenait pas de « leçons » vers six ans sans doute ?
Je ne nage pas très bien, juste une petite brasse têtue, que j’ai tenté d’améliorer en m’obstinant , en observant, en réajustant…Je ne sais pas le crawl, même pas vraiment plonger,… sauf sous les vagues !!!
Ça c’est ma fille Nad qui m’a appris. Obstinées baigneuses de l’ Océan, il fallait bien savoir plonger  quand il y a des vagues  pour prendre un peu de large . Nadja m’a appris à négocier le vagues ; celle-là on saute, celle-là dessous, celle- là juste la tête sous la crête …
Et de vague en vague, elle m’a aussi appris à les « prendre » !
Attendre la bonne , choisir, se placer, partir à point , donner l’impulsion et se laisser porter, bras bien tendus, jusqu’à la lisière dus sable…en rire de bonheur !!!
J’ai connu ainsi quelquefois  celle qui submerge et vous fait faire le bouchon tandis qu’au-dessus de votre tête se forme uns constellation de bulles bleues, celle qui vous frise les talons …mais j’ai connu aussi le plaisir de réussir à démarrer devant le creux et se laisser glisser sur le petit toboggan crémeux jusqu’au sable qui gratte le ventre…
Petit le toboggan en ce qui me concerne tout petit ! Car je n’ai jamais été assez courageuse pour prendre les grosses vagues ! Les moyennes au mieux, quelques « grosses moyennes » au sommet de ma forme…et maintenant, maintenant  les petites, toutes  petites… !
Par bonheur, il y a ma Camille, qui du haut de sa taille de 9 ans  juge les « grosses petites » suffisantes…et toutes deux nous avons inventé de « prendre les écumes » ! Attendre la vague , une belle qu’on prévoit de loin, bien se placer pour attendre qu’elle ait cassé et formé une épaisse  couche de mousse, impulsion, démarrage… et c’est le grand délice d’être emporté par  l’écume, une chantilly, iodée, salée, le plus loin possible jusqu’ la frange du sable parfois…c’est le bonheur !!! parfois moins loin ! tout retombe ou vous submerge , on cherche l’autre ,on fauche au passage quelques pieds de baigneurs , on s’excuse…, et c’est quand même le bonheur !
Camille du coup s’est « réconciliée » avec son morey, acheté il  a deux ans et qui l’avait « déçue »… Et c’est la fête aux écumes … !
Celle-là !!! oui une autre, une autre encore , encore cette belle…jusqu’à ce que le froid, la fatigue, réussissent  à s’insinuer en nous , et nous obligent à renoncer…

Oh ma Camille, ma petite Elfe  des écumes, quel bonheur de partager ce jeu !!!
Mais ma Camille, tu vas grandir,  et comme ta mère et ta sœur tu iras au delà des écumes tu avanceras résolument vers la crête pour  chercher la vague au point grisant où elle va se briser …
Tant mieux…
Tant pis !


Mais je te promets de ne pas renoncer , de continuer même seule, sans l’alibi que tu m’offres tendrement , à  jouer les Mamous indignes… pour goûter encore …et encore …au bonheur des écumes !!!!


lundi 20 août 2012

La petite Camille nous a fait découvrir le HIP HOP !




Je ne sais comment cette passion lui est venue…cela faisait quelques temps (sinon quelques années !) qu’elle regardait des « chorés » sur internet et qu’elle affirmait au moment de choisir les activités-nombreuses !!! - que nos enfants d’aujourd’hui entreprennent chaque début d’année scolaire : «  Moi, ce que j’aimerais, c’est faire du Hip Hop !!! »
Ces déclarations nous les accueillons habituellement avec une complaisance certaine et un scepticisme qui ne l’est pas moins et tentons à chaque fois le coup (et le coût !!!) de l’inscription, en pensant que la détermination dans le projet durera un trimestre ou deux, le temps que la fatigue de l’école s’installe et la détériore….Deux exceptions jusque là à ce processus ; la chorale de Daniel  et le piano avec Joëlle pour lesquelles toutes deux  font preuve d’une fidélité sans faille …
Je pense que maintenant pour Camille  il y aura aussi le hip hop d ’Ifrah le lundi soir.
Car depuis que sa mère a déniché  ce cours, nous avons presque réussi à être toujours au rendez-vous du lundi : je dis nous, car tout  le monde aura joué un petit rôle dans cette assiduité, les parents, Charlotte la grande sœur, Papou et Mamou  en cas d’indisponibilité des parents.
Car ce cours comble le rêve de Camille .Après le stress des débuts, elle s’y révèle un sacré petit talent…
Et...avant, elle s’entraîne, en rentrant de l’école, elle s’entraîne, le matin, elle s’entraîne !
Elle traque sur internet les vidéos de Hip Hop, les étudie, essaie d’en reproduire les figures…
….A l’école, elle a réussi à constituer un petit groupe pour les entraîner et créer de chorées, des chorées des chorées…. !


La fin de l’année scolaire a été placée  sous le signe du stress des spectacles finaux : celui de l’école et celui du cours d’Amplitude Danse !!!


Et comme toujours sans doute pour les artistes, la réussite a été à la hauteur du stress !!!

Et tous nous nous prenons  à nous intéresser au Hip Hop :
Michel se  met à regarde Dance Street sur France Ô, s’intéresse aux Battle et aux appréciations qui analysent les figures et éduquent le regard…
Moi je découvre une sorte de chorégraphie dont le rythme et la stylisation du geste m’apparaissent ouvrir un avenir excitant pour la danse.
Et du coup je me ré-intéresse à la danse. Je me prends à rêver d’un hip hop sur une autre  musique, parmi celles que j’aime ou sur les musiques que j’aime la création de nouvelles chorégraphies…




Vive le Hip-hop, merci mon Camillou…

mardi 7 août 2012

Mes amis des books aiment les bains de mer




Paul Valéry ( Le cimetière marin )
Une fraîcheur, de la mer exhalée,
Me rend mon âme . . O puissance salée! 
Courons à l'onde en rejaillir vivant.

Oui! grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée, 
De mille et mille idoles du soleil, 
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue, 
Qui te remords l'étincelante queue 
Dans un tumulte au silence pareil …


Albert Camus (La Peste)
Savez-vous ce que nous devrions faire pour l’amitié ?
-Ce que vous voulez, dit Rieux.
-Prendre un bain de mer. Même pour un futur saint, c’est un plaisir digne. »
Rieux souriait .
« Avec nos laissez-passer, nous pouvons aller sur la jetée. A la fin, c’est trop bête de ne vivre que dans la peste. Bien entendu, un homme doit se battre pour les victimes. Mais s’il cesse de rien aimer par ailleurs, à quoi sert qu’il se batte ?
-Oui dit Rieux , allons-y. »
Un moment après, l’auto s’arrêtait près des grilles du port. La lune s’était levée. Un ciel laiteux projetait partout des ombres pales [….] ils prirent la direction de la jetée. Peu avant d’y arriver, l’odeur de l’iode et des algues leur annonça la mer. Puis, ils l’entendirent.
Elle sifflait doucement au pied des grands blocs de la jetée et, comme ils les gravissaient, elle leur apparut, épaisse comme du velours, souple et lisse comme une bête. Ils s'installèrent sur les rochers tournés vers le large. Les eaux se gonflaient et redescendaient lentement. Cette respiration calme de la mer faisait naître et disparaître des reflets huileux à la surface des eaux. Devant eux, la nuit était sans limites. Rieux, qui sentait sous ses doigts le visage grêlé des rochers, était plein d'un étrange bonheur. Tourné vers Tarrou, il devina, sur le visage calme et grave de son ami, ce même bonheur qui n'oubliait rien, pas même l'assassinat.

    Ils se déshabillèrent. Rieux plongea le premier. Froides d'abord, les eaux lui parurent tièdes quand il remonta. Au bout de quelques brasses, il savait que la mer, ce soir-là, était tiède, de la tiédeur des mers d'automne qui reprennent à la terre la chaleur emmagasinée pendant de longs mois. Il nageait régulièrement. Le battement des ses pieds laissait derrière lui un bouillonnement d'écume, l'eau fuyait le long de ses bras pour se collet à ses jambes. Un lourd clapotement lui apprit que Tarrou avait plongé. Rieux se mit sur le dos et se tint immobile, face au ciel renversé, plein de lune et d'étoiles. Il respira longuement. Puis il perçut de plus en plus distinctement un bruit d'eau battue, étrangement clair dans le silence et la solitude de la nuit. tarrou se rapprochait, on entendit bientôt sa respiration. Rieux se retourna, se mit au niveau de son ami, et nagea dans le même rythme. Tarrou avançait avec plus de puissance que lui et il dut précipiter son allure. Pendant quelques minutes, ils avancèrent avec la même cadence et la même vigueur, solitaires, loin du monde, libérés enfin de la ville et de la peste. Rieux s'arrêta le premier et ils revinrent lentement, sauf à un moment où ils entrèrent dans un courant glacé. Sans rien dire, ils précipitèrent tous deux leur mouvement, fouettés par cette surprise de la mer.
    Habillés de nouveau, ils repartirent sans avoir prononcé un mot. Mais ils avaient le même coeur et le souvenir de cette nuit leur était doux. Quand ils aperçurent de loin la sentinelle de la peste, Rieux savait que Tarrou se disait, comme lui, que la maladie venait de les oublier, que cela était bien, et qu'il fallait maintenant recommencer.


L’autre jour au soir d’une rude journée : difficiles papiers à remplir pour régler la succession de mon beau père, visites multiples et vaines à ma belle-mère dont l’état physique est préoccupant mais encore moins angoissant que sa confusion mentale alliée à une animosité généralisée envers tous  ses proches... avec une sorte d’énergie désespérée nous nous arrachons à ce terrible contexte, pour nous précipiter à Hossegor où nous attendent les enfants et …la mer.
C’était  la marée haute , l’eau avait  tiédi depuis notre départ, j'ai couru me baigner et, en nageant, tout à coup, le souvenir de ces textes me sont  revenus…
Jai fouillé dans mes livres de poche, et pour retrouver le passage de La Peste j’ai emporté le livre ce soir sur la plage .Il faisait doux et délicieux, la plage se vidait petit à petit et dans le bruit régulier et complexe de la mer, je me suis laissée entraîner une fois de plus par cette prose précise et sensuelle qui nous  parle de nous... …


dimanche 5 août 2012

Le « Canal » d’Hossegor, le rendez-vous à la Haute…



Le canal d’Hossegor demeure pour nous depuis mon enfance un lieu constant de baignade. Nos goûts pour les différentes plages ont fluctué suivant les âges. Plage centrale, ou plage sud, où la mer demeure presque toujours plus calme relativement ; à de rares  moments , plage dite Notre Dame dont les vagues nous attirèrent  pendant quelques années, La Gravière que nous appelions les Sauvages, creusée, vite profonde , à la mer vite forte, et pour cette raison parfois peu fréquentée,  Plage du « blockhaus », à la baignade interdite, et  où toutefois je fis baigner dans ses  premières années Nadja, dans mes bras, au bord où j’avais largement pied, plages du  lac qui firent les délices, à midi, quand la marée était haute et l’eau claire, de Nadja enfant, avec ses bateaux gonflables successifs, que nous appelions « Matelot » , Matelots 1 et 2 que nous traînions au bout d’un longue corde , Matelot3 « un adulte et un enfant » que j’appris à manœuvrer à la rame pour des cabotages aventureux sans risques  …
Mais dans ces fluctuations diverses, je ne sais pourquoi, ou parce qu’il m’est toujours apparu comme une énorme piscine d’eau de mer  vivant au rythme du flux et du reflux, notre attachement au Canal est demeuré constant  ,  comme le fil rouge de la baignade  à Hossegor.
Quand j’étais gamine , le port de plaisance n’existait pas, ni le pont de Capbreton. Le canal était barré à son entrée par un enrochement de retenue. Si bien que des alluvions sableuses formaient une étroite plage de sable fin sur sa rive gauche dont  nous adorions profiter jusqu’à l’heure de la marée haute . La rive gauche demeurant en eau profonde constamment. A mes yeux d’enfants, cette rive du canal était réservée aux grands nageurs, (un certain Pierre en particulier , figure locale qui y nageait chaque jour, par tous les temps sous mes yeux admiratifs) et je ne fus pas peu fière quand je pus changer de rive, descendre moi aussi directement l’escalier de béton érodé par les ans et nager sans reprendre pied ma petite brasse obstinée…
Puis se construisirent le port , le pont , et le canal mieux drainé perdit plage et baigneurs. Devint lieu de promenade ou de jogging sur des chemins de halages bien entretenus. S’y baigner devint sinon interdit du moins incongru, rien ne s’y faisant plus pour en faciliter l’accès aux baigneurs, escaliers devenant moussus et de plus en plus délabrés.
Seuls des obstinés dont nous étions, continuèrent d’y guetter la haute dont le courant montant vous emporte sans effort d’un escalier à l’autre…en évitant les lignes des pécheurs désormais maîtres du lieu. Je me souviens de baignades délicieuses dans la fraîcheur du vent qui s’engouffre depuis le fond du lac  et suit la voie largement ouverte du canal, et d’autres bien plus délicieuses encore de la marée du soir par temps caniculaire, où  Nadja et moi, nous ne nous décidions pas à renoncer à remonter puis descendre d’un escalier à l’autre , en évitant  cailloux moussus et  coquilles d’huitres tranchantes comme rasoirs, longeant, traversant , retraversant, dans cette eau à la fraîcheur salée et bienfaisante dans la tiédeur du soir .
Nous rentrions tard, sous la désapprobation générale des autres qui nous attendaient  devant le souper qui refroidissait.
Puis petit à petit il reprit vie...





Ce furent d’abord les gamins qui s’y intéressèrent. Rendez-vous à la haute, ils commencèrent à sauter du pont tous les soirs . Interdictions furent affichées, la police municipale passant à heure fixe pour les avertir du danger. Depuis les panneaux ont disparu. Le rendez-vous est presque aussi couru que l’heure des surfeurs à la plage nord.
Puis, petit à petit, les vieux hossegorois riverains ont recommencé à venir prendre leur bain en voisins…
Puis, symptôme de la tendance  il y a eu la « traversée à la nage" du canal d’hossegor organisé par les « Coureurs d’écume »…
Et depuis un ou deux ans, se retrouvent  au rendez-vous de la marée, des habitués éclectiques : des pécheurs, des familles équipées de bouées, planches, frites, « matelots » gonflables  de toutes tailles, récemment  de paddles, des nageurs  tout temps, de niveau divers, tranquilles et courtois, de gamins bruyants et joyeux, de chiens qui sautent et nagent à la poursuite des pommes de pins qu’on leur lance…
Si nous y avons perdu la tranquillité un peu sauvage et solitaire des années passées, on y a gagné l’animation d’une  vie de gens de tous âges et de classes sociales diverses …
Et je me réjouis, voire m’enorgueillis,  que mon Canal revive et que notre amour pour ce lieu soit désormais si diversement partagé …