dimanche 5 août 2012

Le « Canal » d’Hossegor, le rendez-vous à la Haute…



Le canal d’Hossegor demeure pour nous depuis mon enfance un lieu constant de baignade. Nos goûts pour les différentes plages ont fluctué suivant les âges. Plage centrale, ou plage sud, où la mer demeure presque toujours plus calme relativement ; à de rares  moments , plage dite Notre Dame dont les vagues nous attirèrent  pendant quelques années, La Gravière que nous appelions les Sauvages, creusée, vite profonde , à la mer vite forte, et pour cette raison parfois peu fréquentée,  Plage du « blockhaus », à la baignade interdite, et  où toutefois je fis baigner dans ses  premières années Nadja, dans mes bras, au bord où j’avais largement pied, plages du  lac qui firent les délices, à midi, quand la marée était haute et l’eau claire, de Nadja enfant, avec ses bateaux gonflables successifs, que nous appelions « Matelot » , Matelots 1 et 2 que nous traînions au bout d’un longue corde , Matelot3 « un adulte et un enfant » que j’appris à manœuvrer à la rame pour des cabotages aventureux sans risques  …
Mais dans ces fluctuations diverses, je ne sais pourquoi, ou parce qu’il m’est toujours apparu comme une énorme piscine d’eau de mer  vivant au rythme du flux et du reflux, notre attachement au Canal est demeuré constant  ,  comme le fil rouge de la baignade  à Hossegor.
Quand j’étais gamine , le port de plaisance n’existait pas, ni le pont de Capbreton. Le canal était barré à son entrée par un enrochement de retenue. Si bien que des alluvions sableuses formaient une étroite plage de sable fin sur sa rive gauche dont  nous adorions profiter jusqu’à l’heure de la marée haute . La rive gauche demeurant en eau profonde constamment. A mes yeux d’enfants, cette rive du canal était réservée aux grands nageurs, (un certain Pierre en particulier , figure locale qui y nageait chaque jour, par tous les temps sous mes yeux admiratifs) et je ne fus pas peu fière quand je pus changer de rive, descendre moi aussi directement l’escalier de béton érodé par les ans et nager sans reprendre pied ma petite brasse obstinée…
Puis se construisirent le port , le pont , et le canal mieux drainé perdit plage et baigneurs. Devint lieu de promenade ou de jogging sur des chemins de halages bien entretenus. S’y baigner devint sinon interdit du moins incongru, rien ne s’y faisant plus pour en faciliter l’accès aux baigneurs, escaliers devenant moussus et de plus en plus délabrés.
Seuls des obstinés dont nous étions, continuèrent d’y guetter la haute dont le courant montant vous emporte sans effort d’un escalier à l’autre…en évitant les lignes des pécheurs désormais maîtres du lieu. Je me souviens de baignades délicieuses dans la fraîcheur du vent qui s’engouffre depuis le fond du lac  et suit la voie largement ouverte du canal, et d’autres bien plus délicieuses encore de la marée du soir par temps caniculaire, où  Nadja et moi, nous ne nous décidions pas à renoncer à remonter puis descendre d’un escalier à l’autre , en évitant  cailloux moussus et  coquilles d’huitres tranchantes comme rasoirs, longeant, traversant , retraversant, dans cette eau à la fraîcheur salée et bienfaisante dans la tiédeur du soir .
Nous rentrions tard, sous la désapprobation générale des autres qui nous attendaient  devant le souper qui refroidissait.
Puis petit à petit il reprit vie...





Ce furent d’abord les gamins qui s’y intéressèrent. Rendez-vous à la haute, ils commencèrent à sauter du pont tous les soirs . Interdictions furent affichées, la police municipale passant à heure fixe pour les avertir du danger. Depuis les panneaux ont disparu. Le rendez-vous est presque aussi couru que l’heure des surfeurs à la plage nord.
Puis, petit à petit, les vieux hossegorois riverains ont recommencé à venir prendre leur bain en voisins…
Puis, symptôme de la tendance  il y a eu la « traversée à la nage" du canal d’hossegor organisé par les « Coureurs d’écume »…
Et depuis un ou deux ans, se retrouvent  au rendez-vous de la marée, des habitués éclectiques : des pécheurs, des familles équipées de bouées, planches, frites, « matelots » gonflables  de toutes tailles, récemment  de paddles, des nageurs  tout temps, de niveau divers, tranquilles et courtois, de gamins bruyants et joyeux, de chiens qui sautent et nagent à la poursuite des pommes de pins qu’on leur lance…
Si nous y avons perdu la tranquillité un peu sauvage et solitaire des années passées, on y a gagné l’animation d’une  vie de gens de tous âges et de classes sociales diverses …
Et je me réjouis, voire m’enorgueillis,  que mon Canal revive et que notre amour pour ce lieu soit désormais si diversement partagé …











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